Titre: you're my oppa
Genre: G
Auteur: Hell F.
Crédit: Les EXO ne m'appartiennent pas, ni aucun idole d'ailleurs, le reste oui DON'T TOUCH MY GUYS

Oui je sais encore une nouvelle fiction... Je suis irrécupérable que voulez-vous, mais ça va me donner l'envie pour BROTHERS. Et puis vous n'allez pas vous plaindre si? SI??? Allez première partie du prologue (oui pour une fois j'ai un long prologue)

You’re my oppa

Prologue

Partie 1

- Na Yung, mange au moins quelque chose avant de partir.

La jeune fille interpellée se contenta de regarder sa montre et de secouer doucement sa tête de gauche à droite. Elle n’avait pas le temps de petit-déjeuner, elle allait louper son bus. Elle s’efforça de sourire légèrement à sa mère afin de ne pas l’inquiéter plus que nécessaire puis, sac sur l’épaule, elle se dirigea vers la porte d’entrée. Sa mère la rattrapa rapidement pour lui donner son déjeuner et déposer une bise sur la joue afin de lui souhaiter une bonne journée. Cependant, comme d’habitude, Na Yung se décala légèrement pour ne pas recevoir ce geste d’affection. Sa mère la regarda un instant attristée puis la laissa partir, résignée. Na Yung n’était proche de personne autant physiquement qu’émotionnellement parlant. Elle était distante avec les autres et parlait peu. Pendant un temps, sa mère avait mis cela sur le compte de la timidité, cependant elle voyait bien que cela allait un peu plus loin qu’un simple manque de confiance en soi. Un jour, elle avait essayé de convaincre la jeune fille de voir un psychologue mais cette dernière avait refusé catégoriquement et il fallait savoir que, bien que la jeune fille ne parle peu, elle pouvait avoir un sacré caractère quand on la cherchait. La jeune maman avait bien senti qu’après ce jour-là, Na Yung avait mis encore plus de distance entre elles.

La jeune fille avait dû courir pour attraper le véhicule scolaire. Elle rentra légèrement essoufflée mais n’oublia cependant pas d’incliner de quelques degrés sa tête en direction du chauffeur. Il lui répondit par un sourire, sachant qu’il n’aurait pas plus de réponse de la part de l’élève. Cette dernière constata d’un seul coup d’œil que la place qu’elle occupait quotidiennement était prise. Loin d’elle l’idée de faire un scandale pour une place publique, elle partit s’asseoir plus loin. Elle détestait pourtant les places de derrière du fait des jeunes gens qui s’y trouvaient. La bande la plus populaire de son lycée, menée par un certain jeune homme répondant au nom de Park Jung Hee. Devant, au moins, elle ne risquait pas d’être dérangée. A peine fut-elle assise que les remarques commencèrent à fuser.

- Yi NaYung s’aventure plus loin que deux rangées de siège, mais que lui arrive-t-il ? T’avais une envie d’aventure Na Yuuuung ?

Le jeune homme avait bien appuyé sur la dernière syllabe de son prénom pour marquer l’ironie au cas où elle ne se remarquerait pas déjà assez. Elle choisit pourtant de ne rien répondre et prit ses écouteurs pour les mettre sur ses oreilles. La musique qui s’en échappa la tranquillisa pour un temps. Pourtant, le répit fut court. On lui retira les écouteurs des oreilles de manière assez violente. Elle regarda la jeune fille qui venait d’effectuer ce geste d’un air noir, pourtant elle ne dit rien et se contenta de récupérer ce qui lui appartenait. D’un coup d’œil, elle remarqua Jung Hee assis plus loin qui, lui, ne semblait pas du tout faire attention à la scène. Il ne l’avait jamais embêté et apparemment il ne comptait pas commencer aujourd’hui. Elle soupira légèrement et tenta de retourner à ses occupations initiales, en vain. Même la voix de D.O. ne parvenait pas à calmer l’énervement qui l’habitait alors. En sortant du bus, elle tremblait même de colère. En passant à côté d’elle, Jung Hee qui était resté en retrait de ses amis lui glissa doucement.

- Si tu as froid, pense à t’habiller plus chaudement.

Elle le regarda interdite. Venait-il bien de lui parler ou avait-elle rêvée ? Il continua pourtant son chemin comme si de rien n’était. Elle secoua sa tête dans tous les sens pour reprendre ses esprits, il devait se foutre d’elle. En plus de cela, elle ne tremblait pas de froid mais de colère. Dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu’elle était déjà arrivée devant le seuil de sa classe de cours. Elle baissa alors la tête pour ne pas faire face à ses camarades de classe et se dirigea vers sa place. Elle garda la tête baissée jusqu’à ce que le professeur rentre, où elle fut bien obligée de se lever. Ensuite, elle se concentra sur les dires de ce dernier pour prendre soigneusement des notes. Elle ne prêta donc pas garde aux chuchotements des filles du dernier rang qui discutait sûrement mode et vêtements, comme d’habitude.

A sa grande surprise, la journée passa rapidement. Elle avait mangé en dehors du self le déjeuner préparé par sa mère afin de ne pas être dérangé par les autres élèves et elle avait eu mathématiques l’après-midi, sa matière favorite. Na Yung travaillait convenablement sans pour autant se tuer à la tâche, pourtant elle était bonne élève. C’était d’ailleurs le fait qu’elle le soit et ce mutisme volontaire qui lui valaient les murmures de ses camarades qui ne comprenaient pas très bien son comportement. Cela faisait à présent cinq ans qu’elle était arrivée dans cette école et étonnamment, elle ne s’était liée à personne. Elle se contentait de venir en cours, de prendre des notes et d’écouter sagement les professeurs, puis de repartir. Les seuls moments où elle n’était pas en classe, elle les passait, écouteurs placés dans les oreilles. Personne ne savait très bien ce qu’elle écoutait à longueur de journée, et franchement, tout le monde s’en fichait.

Elle rentra chez elle comme elle était arrivée, en bus. Et cela tombait plutôt bien, car il pleuvait à torrent dehors. Avant de sortir, elle mit sa capuche, musique dans les oreilles et se dirigea vers la porte d’entrée. Elle prit ses clefs et entreprit d’ouvrir la porte. Mais quand elle voulut abaisser la poignée, elle s’aperçut qu’elle venait de fermer à clef la porte d’entrée. Elle ne comprit pas tout de suite et mit donc du temps avant de remettre les clefs dans la serrure pour finalement ouvrir la porte. Elle entra la peur au ventre. La maison n’était pas censée être ouverte, sa mère n’arrivait que bien après elle du travail. Na Yung n’était pas vraiment du genre paranoïaque mais il fallait bien avouer que là elle ne faisait pas la fière. Quel soulagement ce fut de voir sa mère débarquée devant elle. Cependant, la peur revint à nouveau dans ses entrailles. Que faisait sa mère si tôt à la maison ? Cette dernière ne tarda pas à lui donner plus de détails, enfin pensa-t-elle.

- Na Yung, va prendre ta douche et prépare ta valise.

Non finalement, cela ne rassura pas la jeune fille. Pourquoi devait-elle préparer sa valise et surtout pourquoi sa mère paraissait aussi calme à cette idée. Elle aurait dû être affolée ou au contraire bondir de joie. Mais non elle était neutre. On était en pleine année scolaire, Na Yung avait cours le lendemain matin et elle devait préparer sa valise. Il y avait quelque chose qui clochait. Cependant, elle n’eut pas la force de répliquer quoique ce soit et partit dans la salle de bains. Après tout, après la pluie qu’elle venait de se prendre, se doucher aussi tôt n’était pas une si mauvaise idée que ça. Elle se surprit à penser à Park Jung Hee. Elle ne comprenait pas son attitude. Il ne lui parlait jamais, il ne s’occupait même jamais d’elle. Il laissait ses amis se moquer et il ne participait jamais. Quand elle sortit de la salle d’eau, elle aperçut sa mère dans sa chambre. Elle s’en approcha, curieuse de sa présence là-bas. Elle avait posé une valise sur le lit de la jeune fille et commençait à préparer les affaires de cette dernière. Na Yung n’y fit pas attention et prit son pyjama pour s’habiller. Sa mère la voyant faire, l’arrêta immédiatement.

- Ne te mets pas en pyjama. Habille-toi.

Là, Na Yung devait avouer que la curiosité était trop forte pour laisser passer. Elle devait préparer sa valise, prendre sa douche plus tôt et elle ne se mettait pas en pyjama ? Elle regarda d’un air interrogatif sa mère pour avoir des explications.

- Tu vas partir quelques temps de la maison pour…

La jeune femme semblait chercher ses mots pour expliquer la situation à sa fille. Et vu son air perplexe, elle ne savait pas comment lui annoncer ce qu’elle avait à dire. Les explications ne semblaient pas être pour maintenant.

- C’est une surprise. Dépêche-toi de t’habiller et aide moi à finir ta valise.

La jeune fille ne répliqua rien et s’exécuta. Sa mère avait sûrement de bonnes raisons d’agir ainsi et elle lui faisait confiance. Elle n’oublia pas de glisser son mp3 dans son sac et entreprit de mettre elle-même sa valise dans le coffre de la voiture. De nouveau les écouteurs sur les oreilles, elle posa sa tête contre la fenêtre, sentant l’humidité fraiche de la vitre due à la pluie sur son visage. Elle était fatiguée mais ne se plaignit pourtant pas de la route. Elle se contenta de fermer les yeux et d’écouter la musique emplir son esprit. Elle ne réouvrit les yeux qu’à leur arrivée. Elle sortit de la voiture sans conviction jusqu’à relever la tête vers le bâtiment où elle se trouvait. Un immeuble, un simple immeuble. Une adresse qu’elle ne connaissait pas.

Chapitre 31

Alors que la plupart des garçons somnolait dans la voiture, Jun Myeon se retourna vers Kris avec la ferme intention de lui parler.

- Non Jun Myeon, je ne vais pas appeler les TVXQ pour savoir comment NaYung va, ils doivent dormir à cette heure-ci. Répondit seulement Kris, légèrement exaspéré, avant qu'il ne prononce ne serait-ce qu'un seul mot.
- Je n'allais pas dire ça.

Jun Myeon se retourna alors vers la fenêtre, vexé. Kris sourit légèrement et finit par reprendre la parole.

- Dis-moi ce que tu voulais alors.
- Non.
- Fais pas ton gamin Jun Myeon.
- Je ne fais pas mon gamin, je. RAAAAAA.
- Bah alors prouve-le moi au lieu de tous les réveiller et dis-moi ce que tu voulais me dire.
- Je voulais te dire que c'était à toi d'annoncer à NaYung qu'elle n'allait pas venir avec nous en tournée, et que tu devrais lui expliquer pourquoi.
- Très bien.
- Ça ne te dérange pas ?
- C'est moi qui vous ai fait changer d'avis, alors je suppose que je dois assumer.

Jun Myeon souffla légèrement, il s'inquiétait réellement de devoir annoncer à la jeune fille qu'elle n'allait pas venir avec eux mais surtout il s'inquiétait de la réaction que cette dernière pourrait avoir à cette annonce. Il replaça sa tête contre la fenêtre le temps du reste du trajet. Il était fatigué et il ne voulait pas que cela se voit pendant le show du lendemain. Il avait besoin de se reposer, ils avaient tous besoin de se reposer.

Bien que la jeune fille avait réussi à éviter plusieurs chansons, elle avait bien sûr dû mettre un peu du sien et s'était donc levée du canapé pour aller prendre le micro. Au début, elle avait chanté assez faiblement, puis finalement, avec un peu d'assurance, elle s'était prise au jeu et elle avait réellement chanté la chanson qui lui avait été attribué, une chanson coréenne qu'elle connaissait assez bien pour ne pas avoir à fixer l'écran pendant toute la chanson. Les garçons l'applaudirent chaleureusement, contents qu'elle prenne un peu de plaisir à être ici avec eux. Ils se doutaient que ce ne devait pas forcément être facile d'être ainsi traîné d'endroits en endroits, sans qu'elle ne connaisse réellement personne. Elle était tellement à l'aise qu'elle avait même pris les devants à la fin de la chanson et avait regardé la liste des chansons étrangères pour voir s'il n'y avait pas une qu'elle connaissait bien. C'est ainsi qu'elle était tombé sur « Hey there Delilah » (here pour ce qui ne connaisse pas: https://www.youtube.com/watch?v=KOnSLuLNJEQ), une de ses chansons préférées. Notamment pour le morceau de piano qu'elle avait toujours adoré jouer. En soi le morceau n'était pas vraiment compliqué, il était basé sur une répétition d'accords et la main gauche jouait parfaitement son rôle d'accompagnatrice.

Sauf que cette fois-ci elle ne devait pas jouer mais chanter, ce qui était une autre paire de manche. Elle ferma les yeux en se rappelant ses doigts sur l'instrument et commença à chanter. Elle n'allait jamais trop haut, elle gardait même la même tonalité de voix mais il y avait quelque chose de touchant dans sa façon de la chanter. Les garçons s'accordaient à dire qu'elle n'avait pas une voix extraordinaire, qu'elle chantait juste et que c'était là où s'arrêtait ses compétences en chant, cependant ils ne purent s'empêcher d'être touchés sans vraiment comprendre pourquoi par ce petit être qui leur chantait une telle chanson. Ce ne fut qu'à la fin de la chanson qu'ils comprirent pourquoi ce moment était si beau, si touchant. Il l'était parce qu'il était sincère. Il n'était pas forcé, elle ne cherchait pas à faire des effets avec sa voix, elle n'essayait pas de les épater, elle chantait juste. Non, elle ne chantait plus, elle disait les paroles, elle les vivait. Elle était habitée par quelque chose qui s'appelait sincérité et passion. Elle n'était à ce moment-là que ça. Et c'est peut-être pour cela qu'elle parut un peu chamboulée à la fin de la chanson. Elle eut du mal à se retourner à nouveau devant eux, à leur faire face. C'était comme si elle avait à ce moment-là enlevé toutes les barrières, et qu'elle s'était mise à nue. Elle était vulnérable, beaucoup trop vulnérable. Si vulnérable qu'elle finit par s'enfuir s'enfermer dans la salle de bains qu'ils lui avaient montré au préalable.

Ils eurent un temps de retard, ce qui ne leur permit pas d'arriver assez rapidement pour l'empêcher de s'enfermer dans la pièce. Ils ne savaient pas vraiment comment la soirée avait virée ainsi. Ils ne savaient même pas quoi en penser. Ils ne comprenaient tout simplement pas. Ils avaient l'impression que la chanson avait rappelé des mauvais souvenirs à la jeune fille, mais ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'ils se trompaient sur toute la ligne. Ce n'étaient pas les souvenirs la cause des larmes de la jeune fille, mais les sentiments. Elle n'avait jamais ressenti autant d'émotions que pendant l'instant présent. Elle avait eu l'impression d'être elle, juste elle, avec ses qualités et ses défauts, mais elle. Une fille qui vivait. Et non une fille qui se contentait de subir sa vie. Elle venait en quelque sorte de passer du stade de spectatrice à actrice, et qu'est-ce que ce pas à faire avait été dur. Elle avait paniquée en ressentant toutes ses émotions qui l'avaient alors habitées, qui s'étaient emparées d'elle. Elle avait eu l'impression qu'elle ne s'appartenait plus. C'était cette vulnérabilité, cette façon de s'être montrée aux autres qui l'avait poussé à aller se cacher. Elle en avait juste ressentie le besoin. Elle essayait de faire un point avec elle-même et elle ne pensait même pas qu'elle était en train d'inquiéter le duo qui se trouvait juste derrière la porte et qui essayait de percevoir ce qui se passait dans leur salle de bain. Yunho finit par toquer légèrement à la porte et à lui parler.

- NaYung ? Quelque chose ne va pas ? Tu veux en parler ?

En entendant la voix du leader, ce fut comme si tout lui réapparaissait d'un seul coup, comme si elle reprenait enfin conscience des objets qui l'entouraient, de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle se rendit alors compte qu'elle avait tout simplement réussi à se construire une bulle assez opaque pour ne plus voir qu'elle-même. Cela lui fit légèrement peur, de pouvoir ainsi se renfermer et oublier jusqu'à l'existence de l'extérieur. Elle se releva difficilement, fit face au miroir, fit couler un peu d'eau et taponna ses yeux. Elle n'avait finalement pas beaucoup pleurée, mais ses yeux étaient tout de même marqués de rouge. Et pour une fois, elle sourit. Elle sourit à son reflet, alors qu'il n'y avait pas vraiment de quoi. Elle ne comprenait pas elle-même pourquoi elle était en train de sourire, ce n'était pas dans ses habitudes, pourtant ses lèvres s'étiraient bien en direction de ses oreilles. Elle souriait car elle comprenait enfin ce que cela voulait dire « vivre ». Et bien qu'elle avait encore du mal à assimiler les sentiments que cela impliquait, elle ressentait une joie intérieure, quelque chose qu'elle n'avait jamais connu avant. Elle comprenait alors que vivre c'était en effet prendre le risque de souffrir, mais c'était surtout prendre le risque de sourire.

Elle sortit et fut presque assaillie par les deux jeunes hommes qui avaient réellement eu peur, sans vraiment savoir pourquoi. Elle sourit encore légèrement, comme si à présent elle avait du mal à garder une attitude neutre. Ils lui demandèrent évidemment si tout allait bien, ce à quoi elle hocha légèrement de la tête.

- Je peux vous poser une question ?
- Bien sûr !
- Pourquoi vous êtes devenus idoles ?

ChangMin jugea bon d'aller s'asseoir pour parler, histoire d'être plus à l'aise et peut-être aussi parce qu'ils avaient besoin de poser leurs idées avant de répondre. Le maknae fut le premier à répondre.

- J'aimais chanter, j'ai toujours aimé chanter depuis que j'étais petit. Je m'entraînais tous les jours, et je me suis décidé à participer à une compétition qui recherchait des jeunes talents et qui était organisée par la SM Entertainment. J'y ai gagné l'award du meilleur chanteur et du meilleur artiste, ce qui m'a permit d'intégrer l'agence. J'ai été trainee et j'ai enfin pu débuter.
- J'ai un peu connu la même chose que Chang, mais moi c'était un concours de danse.

Elle hocha légèrement de la tête, elle essayait de comprendre comment les passions pouvaient devenir aussi concrètes que les leurs. Peut-être essayait-elle de voir plus clair dans ses envies.

- Mais en fait, je pense que ce n'est pas pourquoi on est devenu idoles qui est important mais pourquoi on continue à l'être.
- Pourquoi ?
- Parce que quand tu te retrouves sur scène avec devant toi des personnes qui ont peut-être fait des milliers de kilomètres juste pour te voir, toi, tu te sens important, tu as vraiment l'impression de vivre.
- Et en même temps il y a une sorte de revers de la médaille. Parce que parfois, les choses vont trop loin ou alors parce que des fois tu as l'impression de prendre trop d'importance dans la vie de certaines personnes. C'est parfois dur de ne pas être capable de répondre avec autant de ferveur aux preuves d'affection des fans. On se sent nul, on a l'impression qu'on ne les mérite pas. C'est dur aussi de devoir être un modèle, tout le temps, d'être dans une sorte de perfection figée.
- Mais il faut vivre avec ce côté pour connaître l'autre, et c'est aussi ça qui en fait le charme. Si on ne connaissait pas cette frustration, ce vide, cette douleur, alors on ne saurait pas capable d'apprécier autant ce que la vie d'idole nous apporte. On deviendrait juste satisfait, et on irait pas chercher plus loin. On essaierait pas de faire toujours mieux, on ne se dépasserait pas. Cela ferait longtemps qu'on aurait atteint nos limites.

Elle les écoutait attentivement et elle commençait enfin à comprendre pourquoi la douleur était aussi importante que le bonheur. C'était l'une qui permettait l'existence de l'autre. Et c'est d'ailleurs ce qui faisait la beauté du dernier. Elle était toujours en train d'essayer de comprendre, de faire des liens logiques et c'est ainsi qu'elle ne prit pas de précautions en posant la question suivante.

- La séparation n'a pas remis en question vos rêves ?

Les garçons accusèrent le coup, ils ne s'étaient pas vraiment attendus à ce qu'elle leur pose cette question. A vrai dire, pas beaucoup de monde osait leur parler de ce qui s'était passé. C'était comme devenu un taboo, quelque chose dont on ne devait pas parler. Yunho finit par sourire à la jeune fille.

- Non. Parce que ce n'était pas nos rêves qui étaient en cause, c'était d'autres facteurs. D'ailleurs ils continuent à se produire sur scène, donc ce n'était pas leur passion qui était en cause.
- Ce n'est pas dur de vivre ici à deux ?
- Bien sûr que si. Même si on s'adore l'un l'autre, c'est vide et parfois c'est dur de ne pas penser aux derniers événements alors que l'appartement est si calme. C'est pour cela aussi que ça nous fait plaisir que tu sois là, avec nous, ce soir ça nous change un peu. Les autres groupes, et particulièrement les Super Junior et les EXO, sont des groupes nombreux, et nous sommes à présent un duo. Alors oui il y a un temps d'adaptation c'est normal.
- Vous leur en voulez ?
- Non. Ce n'est pas comme si on n'avait pas pu en parler entre nous. Le plus dur a sans doute été la réaction des fans, qui ont été choqué d'apprendre notre séparation. Je sais que c'est encore dur pour certains. Ca peut se comprendre.

Ils continuèrent ainsi à parler pendant plusieurs heures avant que le leader décrète qu'il était temps d'aller se coucher et qu'il ne voulait pas que SuHo voire Kris leur reproche la fatigue de la jeune fille. C'est ainsi qu'elle partit rejoindre les bras de Morphée, avec peut-être l'impression d'avoir enfin vécu un jour comme les autres le vivaient.

Chapitre 32

C'est de légers toquements à la porte de sa chambre qui réveillèrent la jeune fille. Elle eut d'ailleurs du mal à sortir de son sommeil et répondit donc par un oui fortement teinté de sommeil. Elle poussa sans grande conviction la couverture qui la couvrait et finit par se mettre en position assise, tout en gardant les yeux fermés. Elle étira ses bras puis finit par frotter légèrement ses yeux avant de se lever. Il faudrait qu'elle pense à avoir un rythme normal, ce n'était pas que rester tard le soir à discuter avec des idoles la dérangeait plus que ça mais elle n'allait pas tenir à ce rythme jusqu'à la fin de l'émission. Elle avait tout de même besoin d'un minimum de sommeil. Elle s'habilla rapidement, avant de sortir enfin de la chambre. Elle gratifia ChangMin d'un sourire.

- Le petit déjeuner est prêt. Les EXO ne devraient pas tarder, je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'ils vont venir très tôt pour venir te chercher.

Elle sourit légèrement en se disant qu'il n'avait pas tort. Cette pensée, et surtout le fait que ce ne soit pas elle qui l'ait formulée à voix haute, lui réchauffa le coeur. Elle ne se faisait donc peut-être pas des films. Peut-être étaient-ils réellement attentionnés envers elle ? La journée commençait bien. Elle rejoignit donc les garçons dans la cuisine et ne fit même pas attention qu'elle prenait par réflexe un bol et qu'elle commençait déjà à se servir à manger, chose qu'elle n'aurait jamais fait avant l'émission, étant donné qu'elle n'était pas vraiment le genre à manger le matin. Kyungsoo et ses manies avaient réussi à gagner.Cependant, elle avait à peine commencer à manger que la sonnette de l'appartement retentissait déjà. Changmin sourit de manière entendue à la jeune fille avant d'aller ouvrir.

- Oh les garçons, on ne vous attendait pas aussi tôt ! leur dit faussement le jeune homme
- C'est parce qu'on doit partir en répétition.... alors on était obligée de venir la chercher plus tôt...
- Oh mais vous savez on peut l'amener à l'agence un peu plus tard, ça ne nous dérange pas.
- Vraiment ? Parce que fin.... vu qu'on y va... fin...
- Elle est en train de petit-déjeuner. Laissez-lui le temps de se réveiller, et je vous assure qu'on ne va pas tarder. On va vous la rendre votre NaYung chérie.

NaYung qui entendait la conversation de là où elle était et qui pour l'instant riait intérieurement, rougit violemment aux dernières paroles du maknae des TVXQ. Yunho qui observait la jeune fille silencieusement depuis tout à l'heure ne put s'empêcher de sourire. Elle était tout simplement adorable quand elle ne contrôlait pas ses émotions.

- Tu vois je te l'avais dit SuHo, allez on y va on va être en retard pour la répétition.
- Et elle mange assez hein ? Intervint soudainement Kyungsoo.

ChangMin ne put s'empêcher de rire devant la scène que lui offrait les EXO. Il ne les avait jamais vu ainsi, ils étaient même plutôt des personnes assez détachées du monde extérieur habituellement mais là ils semblaient vraiment s'être attachés à la jeune fille, ce qu'il comprenait tout à fait.

- En tout cas avant que vous ne sonniez elle allait manger son petit-déjeuner, oui, pourquoi ?
- Ha non, comme ça.

Après encore quelques mots, ils finirent par se résoudre à partir, non sans espérer voir la jeune fille débarquer pour leur dire bonjour. Ils soupçonnaient ChangMin de leur avoir menti et imaginaient NaYung encore endormie. Cependant, ils durent se résoudre à partir et à faire confiance à leur sunbae. C'est tout sourire que ce dernier rejoint la cuisine. En voyant le sourire de son hyung, il comprit que la jeune fille avait entendue toute leur conversation.

- J'ai l'impression que tu leur manques. Même pas un jour, et ils sont déjà en manque. Va falloir que tu me donnes ta recette pour te mettre autant de garçons dans la poche en si peu de temps, t'as la même mais version filles ?
- Chang !

YunHo avait essayé d'adresser un reproche à son dongsaeng mais ce reproche avait étouffé par son rire. Il avait même failli recracher sa boisson. NaYung les regarda posément, mais d'un regard qui se voulait noir. Elle reposa calmement son bol, et se leva. Avant de rejoindre sa chambre pour aller réunir ses quelques affaires, elle se retourna vers eux et leur sortit tout simplement.

- Vous n'êtes vraiment pas drôles.

Cela ne calma pas pour autant le fou rire de YunHo qui ne put s'empêcher de répondre à la jeune fille entre deux rires.

- Oh que si on est drôles ! C'est toi qui n'a aucun humour NaYung~ah !
- Si j'ai de l'humour !
- Ah vraiment ?
- Oui !

Elle partit, sans être réellement fâchée, dans la chambre. Si YunHo avait continué, c'était parce qu'il avait senti que la jeune fille n'était pas en colère, mais qu'elle tenait à faire semblant qu'elle l'était, pour leur faire comprendre qu'elle n'appréciait pas, bien qu'elle devait à présent sourire toute seule dans la chambre. Et c'était en effet ce qu'elle était en train de faire. Elle souriait de ce lien privilégié qu'elle avait avec des gens admirés par des milliers d'autres personnes mais qui finalement était comme eux et elle. De simples êtres humains qui vivaient leurs rêves un peu plus intensément que d'autres peut-être. YunHo apparut quelques dizaines de minutes plus tard à l'encadrement de la porte.

- Tu es prête ?

Elle sursauta légèrement du fait qu'elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un lui parle à ce moment précis. Elle plia rapidement son pyjama qu'elle se dépêcha de ranger dans son sac et hocha de la tête. YunHo s'approcha alors pour prendre le sac de la jeune fille, et elle essaya de l'empêcher mais c'était sans compter l'insistance du jeune homme.

- Ca ne va pas te tuer si je porte ton sac, si ?
- Si. Répliqua la jeune fille d'une mine légèrement boudeuse.
- Et ben dis donc, on est foutu maintenant que t'exprimes tes sentiments.
- Hey !
- Je rigolais.
- C'est bien ce que je disais, tu n'es pas drôle.
- Si je le suis.
- Non.

Elle affirma son dernier non en agrippant son sac et en prenant les devants. YunHo leva les yeux au ciel en souriant. Ses dongsaengs allaient avoir du boulot avec une NaYung qui commençait à se découvrir elle-même. Il finit même par prédire une crise d'adolescence, ce qui le fit rire. Finalement, lui et les autres groupes de sunbaes allaient peut-être être appelés à la rescousse par les EXO mêmes, si NaYung s'affirmait plus. Enfin, il y avait encore un long chemin avant que NaYung fasse des aegyos pour qu'on réponde à tous ses désirs, et ce n'était pas plus mal. Il prit finalement la suite de la jeune fille et descendit les escaliers en même temps que son ami et que la jeune fille. Étonnamment, le trajet en voiture fut plutôt silencieux. Il faut dire que NaYung n'avait toujours pas complètement récupéré de sa courte nuit. Elle profita donc de ce moment de calme pour appuyer sa tête contre la vitre et pour se laisser bercer par les mouvements du véhicule. En sortant de la voiture, YunHo se pencha vers elle pour lui remettre ses cheveux en ordre.

- Ils vont croire qu'on t'a maltraité sinon.
- Ce n'est pas complètement faux en même temps....
- Petite ingrate !

NaYung sourit doucement. Cette soirée n'avait finalement pas été si difficile qu'elle l'avait pensé, cela lui avait même fait du bien. Elle avait encore peur du fait qu'elle s'apercevait qu'elle s'accrochait de plus en plus à pas mal de personnes différentes, qu'elle ne reverrait sûrement plus mais pour une fois, elle voulait vivre le moment présent, et apprécier tous ces instants privilégiés. Arrivés dans le bâtiment, et étant sûr d'être ainsi protégé des possibles fans qui n'aimeraient pas forcément la voir en compagnie de leurs idoles, la jeune fille se retourna vers les jeunes hommes, arrêtant ainsi leur marche. Elle cherchait quelque chose dans son sac alors que les deux idoles commençaient à se demander pourquoi elle s'était si soudainement arrêtée.

- Tu as oublié quelque chose à l'appartement ? Tu pourras venir le chercher plus tard, tu s...

Le maknae n'eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune fille sortait son téléphone portable de son sac. Elle leva alors la tête vers eux, avec comme une demande dans les yeux. Ils commencèrent à prendre peur.

- Je peux prendre une photo avec vous ?
- Et moi qui était heureux de savoir que tu n'étais pas le genre à demander des photos et des autographes aux idoles....
- Oh c'est une bonne idée l'autographe !
- NaYung~ah !

Elle baissa légèrement la tête en répondant faiblement.

- C'est parce qu'on m'a dit de me comporter un peu plus comme une fan... alors même si je ne suis pas vraiment fan de vous... je me disais que...
- T'es pas fan de nous... Aigo ! NaYung~ah t'as intérêt de courir très vite si tu ne veux pas passer un sale quart d'heure.
- Vous n'avez vraiment aucun humour !
- 1. 2.

La jeune fille comprenant qu'il était sérieux, ne prit même pas le temps de ranger son téléphone dans son sac et courut dans l'agence. Elle ne fit pas attention aux regards des gens qui commençaient à se demander si le service de sécurité n'avait pas laissé passer une fan hystérique par mégarde, mais elle s'inclinait tout de même rapidement devant les personnes qu'elle menaçait de bousculer. Elle arriva enfin à la salle de répétitions des EXO. Elle s'arrêta alors, histoire de reprendre son souffle avant d'entrer dans la pièce. Elle n'eut pas le temps de dire bonjour que ChangMin était déjà dans son dos.

- Yi Nayung ! Viens ici tout de suite.

Elle sursauta légèrement et par réflexe se mit derrière l'EXO qui était le plus proche d'elle, c'est-à-dire JongIn, qui ne comprenait pas bien la situation, pas plus que les autres d'ailleurs.

- JongIn, pousse toi, c'est une affaire entre moi, YunHo, et la jeune fille derrière toi.
- Il se passe quoi ? Demanda JunMyeon qui commençait réellement à se demander ce qu'avait bien pu faire NaYung pour mettre leur sunbae dans cet état, il n'était pas vraiment du genre à s'énerver pourtant.

Entre temps, YunHo était également arrivé et regardait JongIn d'un air des plus sérieux, histoire de le faire craquer et qu'il laisse NaYung à leur portée, vulnérable. Cependant, ce dernier ne se laissait pas vraiment impressionner, surtout qu'ils sentaient les petites mains crispées de NaYung contre son dos, et qu'il ne pouvait définitivement pas la laisser toute seule.

- NaYung, il me semble que tu es une grande fille maintenant. Alors au lieu de te cacher, viens me répéter ce que tu viens de dire !
- J'ai dit que je voulais prendre une photo avec vous. Répondit-elle tout en tentant une petite sortie du côté gauche de JongIn en restant pourtant assez protégée.
- Pas ça idiote ! L'autre chose.
- D'où vous...
- Les garçons, ce n'est pas que je ne vous aime pas hein mais comme je le disais c'est une affaire entre elle et nous.
- Ha ! Le fait que je ne sois pas fan de vous?

Elle avait dit cela très rapidement, tout en se remettant sous la protection de JongIn qui avait, comme ses camarades, éclaté de rire en comprenant la situation.

- C'est ça ! Donc maintenant, tu viens ici, et tu vas prendre ses écouteurs et ce MP3 et tu vas écouter nos chansons, ok ? Et après, je pense que tu n'oseras plus dire que tu n'es pas fan de nous. Je suis sûr que tu n'as même pas pris le temps de nous écouter, faux ?
- Faux.
- Insolente ! Viens ici.

Elle finit par sortir de sa cachette et se planta devant le leader d'un des groupes les plus réputés d'Asie. Il mit le casque qu'il avait dans ses mains sur les oreilles de la jeune fille et lui ordonna de s'asseoir dans un coin. Avant de démarrer la playlist, il lui glissa quand même deux-trois paroles.

- Ca t'évitera de t'ennuyer pendant leur répétition, et si tu t'ennuies quand même on n'est pas très loin. Ho et... ChangMin vient là !

Le jeune homme rejoint son hyung en se demandant pourquoi il lui demander de venir. YunHo s'assit à côté de la jeune fille et fit signe à son dongsaeng de faire la même chose de l'autre côté. Il fit un V de la victoire, tandis que ChangMin ayant compris où il voulait en venir faisait une sorte de puing puing. Il prit enfin son portable et prit une photo d'eux trois. Il la regarda et remarqua satisfait que la photo était plutôt réussie.

- Donne-moi ton numéro, histoire que je te l'envoie.
- C'est juste un prétexte pour avoir mon numéro.
- Désolé NaYung~ah mais pour le coup je suis trop vieux pour toi, cherche une autre cible.
- Aucun humour.

Elle finit cependant par lui donner son numéro et les deux jeunes hommes purent partir satisfait, après avoir bien entendu mis la playlist en route. Elle regarda enfin les EXO qui étaient tout de même légèrement abasourdis de la scène qui venait de se passer. NaYung allait donc faire craquer tous les groupes de la SM ?

Chapitre 33

Cela faisait deux jours que la jeune fille avait dormi chez les TVXQ, ils avaient d'ailleurs toujours une petite attention à son égard quand ils la croisaient dans les couloirs. Elle avait même droit à quelques sms des garçons pour lui demander si ça allait bien quand ils avaient un peu de temps entre leurs répétitions qui tombaient généralement bien, par exemple, lorsque les EXO étaient un peu trop pris par leurs propres entraînements. Cela permettait à NaYung de ne pas trop s'ennuyer. D'ailleurs, en parlant de ces derniers, Kris avait pris la décision de ne pas le dire tout de suite à NaYung pour leur départ à l'étranger, ce n'était pas vraiment qu'il appréhendait mais plutôt qu'il jugeait cela trop tôt après tout ils avaient encore une semaine devant eux quand ils avaient eu la réunion. Cependant, il ne pouvait remettre cette discussion à plus tard, il ne restait à présent que cinq jours et il ne voulait pas lui dire la veille, il voulait qu'elle se fasse à l'idée afin de mieux appréhender son retour en cours.

C'est la raison pour laquelle il frappa doucement à la porte de la jeune fille, tout en sachant pertinemment qu'il allait la déranger pendant qu'elle faisait ses devoirs, mais il n'avait que ce temps là pour être seule avec elle. Elle lui dit d'entrer et s'étonna de le trouver derrière la porte. Pour le coup, même si ce n'était pas vraiment son genre de frapper avant d'entrer, elle se serait plus attendu à voir Sehun. Elle le regarda d'un air interrogatif alors qu'il prenait une chaise pour s'asseoir à côté d'elle. Elle ne se serait pas inquiétée outre mesure s'il n'avait pas cet air si sérieux peint sur le visage. C'est vrai qu'il n'était pas du genre à sourire à tout bout de champ mais elle avait appris à faire la différence entre les moments où il était “normal” et ceux où il était un peu plus sérieux que d'habitude. Et là c'était le cas. Sans qu'elle ne puisse y faire grand choses, une boule se forma dans son ventre et elle se demandait à présent s'il s'était passé quelque chose de grave, si sa mère allait bien. Il semblait chercher ses mots et cela commençait à la faire stresser encore plus. Elle allait lui demander de lâcher le morceau quand il prit lui-même la parole.

- Il faut que je te parle de quelque chose NaYung.
- Hum?

Elle essayait de ne pas transmettre son angoisse par le son de sa voix mais elle devait avouer que c'était plutôt dur, ses mains tremblaient déjà et elle se demandait même pourquoi ses yeux la piquaient ainsi. Elle craignait le pire.

- Les garçons et moi, on va devoir partir en promo en Chine.

JunMyeon en voyant Kris lui adresser un regard avant de partir vers la chambre de leur protégée avait tout de suite compris ce qu'il allait faire. Il aurait voulu ne pas satisfaire la curiosité qui grandissait en lui mais il ne pouvait s'en empêcher, il avait besoin de savoir comment elle allait réagir. Il avait besoin de se rassurer, de se dire qu'ils avaient fait le bon choix. Alors pourquoi stressait-il ainsi ? Pourquoi avait-il l'impression d'avoir fait quelque chose de mal ? Il se tenait donc debout, le dos contre la porte, à écouter la conversation. A peine avait-il entendu la phrase de Kris que son coeur avait commencé à se briser. Pourquoi fallait-il que son co-leader soit si direct ? Il ne pouvait pas amener les choses avec plus de douceur ?

- On écoute aux portes maintenant ?

Le leader sursauta, puis sourit mal à l'aise à JongIn qui venait d'apparaître sur sa droite. Il lui intima de se taire en mettant un doigt sur sa bouche, il ne voulait pas vraiment se faire repérer. Il tenta de lui expliquer en langage des signes ce qui se passait à l'intérieur de la chambre mais il ne devait pas être très doué. JongIn finit par le rejoindre, ce qui en soi facilita grandement la compréhension. Quand il comprit enfin la situation, il choisit de rester écouter également. Il n'était pas d'accord avec la décision de laisser NaYung ici toute seule et il appréhendait encore plus la réaction de la jeune fille.

- Ha mais c'est super ça ! Le public chinois doit vous manquer ! Vous partez quand ?
- Mercredi.

La jeune fille accusa le coup. Dans cinq jours, l'émission ne serait pas terminée, cela ne faisait que cinq petits jours. Moins d'une semaine. Elle essaya pourtant de garder la face devant Kris en lui souriant.

- Vous devez avoir hâte ! Va falloir que vous commenciez à préparer vos valises, et puis...
NaYung, je n'ai pas l'impression que tu comprennes la situation. On va partir en promo. Sans toi.
- J'avais compris. Répondit-elle sincèrement, toujours un sourire aux lèvres.
- Ca ne te pose pas de problèmes ?
- Pourquoi ça m'en poserait ? C'est votre promotion, je ne ferais que vous gêner de toute façon.

Kris ne s'attendait pas à ce qu'elle réagisse aussi bien, même s'il avait conscience qu'au fond elle ne voulait pas forcément les suivre pendant leurs promotions par peur des foules de fans. C'était aussi pour cela qu'il avait pris cette décision, même si bien sûr ce n'était pas la principale raison. Cependant, il y avait quelque chose qui clochait. Elle le prenait trop bien, et son sourire paraissait trop faux. C'est peut-être pour cela qu'il continua la discussion. Il ne voulait pas forcément la faire craquer mais il ne supportait pas la voir agir ainsi, et si elle n'était pas d'accord avec cette décision, il préférait être au courant avant qu'ils partent.

- En fait, les garçons voulaient que tu viennes avec nous. Le manager ne savait pas très bien quelle décision prendre et a préféré nous laisser le choix. J'ai été le seul à être contre le fait que tu viennes, et j'ai su les convaincre de ne pas te laisser venir avec nous.

C'était brutal, il en avait conscience mais s'il avait été plus tendre, elle n'aurait pas réagit.

- Je pense aussi que c'est mieux.

Sa voix était posée, trop posée. Son sourire aux lèvres restait comme figé, comme s'il n'existait pas réellement mais il était tout de même présent. Il soupira légèrement. Elle était beaucoup plus tenace qu'il ne l'avait pensé. Il regrettait presque son choix à présent mais il savait pourtant que c'était le bon. Pas seulement pour lui, ni même pour le groupe mais aussi pour elle. Elle ne supporterait pas d'être exposé aux yeux des fans, elle ne supporterait pas cette soudaine notoriété. Elle était en train de s'ouvrir aux autres, ce n'était pas franchement le moment de tout gâcher. Comprenant que la discussion ne mènerait à rien d'autre, il la laissa finir ses devoirs. En ouvrant la porte, il fit sursauter JunMyeon et JongIn.

- Je lui ai dis, mais je suppose que vous le savez déjà.
- T'avais besoin d'être aussi brusque ?
- Je pensais qu'elle allait réagir.
- Tu ne la connais toujours pas ? NaYung ne réagit pas sur ce qu'elle ressent. Ce n'est pas nouveau.
- C'est pour ça que j'ai été brusque. Je pensais que ça suffirait.
- Et si on a pris la mauvaise décision ?
- On en assumera les conséquences.

Quand elle se retrouva seule, les lèvres de la jeune fille se mirent à trembler et elle perdit son sourire. Ce fut là le seul changement, elle continua ses devoirs comme si de rien n'était, comme si elle ne pensait déjà plus à ce que Kris venait de lui dire. Elle s'était de nouveau refermée sur elle-même, sauf que maintenant sa carapace était celle d'une jeune fille ouverte et souriante. Une jeune fille prête à aider et prête à faire les activités que lui proposaient les idoles.

C'est ainsi que la semaine se passa, elle les regarda s'entraîner pour leur prochaine promotion, elle participa aux discussions et même aux différents jeux. En réalité, elle ne laissa rien paraître. Elle avait pris le rôle de la jeune fille qui avait réellement progressé en relations sociales. Ce rôle l'aidait à ne pas penser à ce qui allait arriver. Pourtant le soir, quand elle se retrouvait seule dans son lit, elle appréhendait son retour à l'école et elle avait revécu plusieurs fois son agression en cauchemar. Cependant, elle arrivait toujours à ne pas inquiéter les garçons, elle ne pleurait pas, ou alors elle faisait attention à bien étouffer ses sanglots dans son oreiller, allongée sous sa couette. Aucun signe ne pouvait montrer son malaise aux EXO pourtant ils n'étaient pas non plus complètement dupes, ou ils espéraient ne pas l'être. Cela les blessait, d'un côté, qu'elle ne s'en fasse pas plus que cela. Elle ne paraissait même pas un minimum touchée par leur départ, s'en était presque inquiétant. A chaque fois que Kris croisait son regard il s'en mordait les doigts mais il se persuadait qu'il faisait les choses comme il le fallait. Cependant, plus les jours passaient et plus il était dur de s'en convaincre totalement.

Le jour du départ arriva toutefois rapidement. Trop rapidement. Il avait été décidé que la mère de la jeune fille viendrait chercher cette dernière en début de matinée pour laisser les garçons se rendre tranquillement à l'aéroport, NaYung ne souhaitant pas s'y rendre, ce qui était dans un sens la décision la plus sage. Alors que NaYung préparait quelques affaires pour repartir chez sa mère, tout en laissant certaines ici comme les garçons lui avaient dit de faire, Kyungsoo lui donnait quelques recommandations.

- Et tu n'oublies pas de prendre un petit-déjeuner. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas là que tu dois reprendre tes mauvaises habitudes. Ho, et tu sais tu peux nous appeler quand tu veux hein, tu as nos numéros. Non on t'appellera, comme ça tu ne paieras pas. Ho, et.
- Kyungsoo je crois que c'est bon, elle a compris, ce n'est pas non plus comme si on partait un mois. Cependant il a raison NaYung, même si on ne part que deux semaines, si tu as le moindre souci, ou même si tu veux juste nous parler, tu peux nous appeler, tu nous dérangeras pas, ok ?

JunMyeon avait un regard bienveillant à l'égard de la jeune fille mais il n'eut pas le temps de lui dire encore qu'elle pouvait compter sur eux car la mère de la jeune fille venait justement de sonner à la porte. Alors que les garçons allaient lui ouvrir, NaYung en profita pour boucler sa valise, elle avait pris ses dernières affaires et avait glissé un morceau de papier au fond du sac du leader des M. Elle s'avança tout sourire vers sa mère qui ne put s'empêcher de la prendre dans ses bras. Elle s'étonna un instant que sa fille ne la repousse pas mais elle n'allait pas s'en plaindre alors que cela faisait deux semaines qu'elle ne l'avait pas vu. Deux semaines de séparation qui avait été difficile. Les retrouvailles furent cependant écourtées par NaYung elle-même. Elle s'était peut-être améliorée mais elle aurait toujours du mal à montrer ses sentiments, surtout en publique et elle savait qu'elle devait partir. Elle embrassa sur la joue chacun des EXO, en s'attardant légèrement sur chacun d'entre eux. Elle leur souriait pour les rassurer avant qu'ils partent, elle ne voulait pas qu'ils s'inquiètent pour elle et elle savait que c'était le cas. Ce fut donc d'un petit signe de main qu'elle finit par leur dire au-revoir et qu'elle partit valise à la main. Quand la porte de l'appartement se referma, l'endroit sembla tout d'un coup vide, et pourtant ils étaient douze.

Chapitre 34

Dans la voiture de sa mère, NaYung regardait le paysage défiler devant ses yeux. Elle ne se sentait pas fatiguée, pour autant elle ressentait ce besoin de poser sa tête contre la vitre, comme lassée. Sa mère tourna la tête un moment vers elle, en se demandant ce qu’elle devait faire, si elle devait lui demander de lui raconter l’émission, ou non. Alors qu’elle allait se décider à le faire, ce fut NaYung qui prit la parole, surprenant une fois de plus sa mère.

- On mange quoi ce midi ?

Même si c’était sans doute le quotidien de chaque mère en Corée, ce n’était pas celui de la mère de NaYung. Cette dernière n’avait jamais été très amie avec la nourriture et n’était donc jamais réellement pressée de passer à table ni de savoir ce qu’il y avait à manger. La femme se dit qu’elle pouvait bien remettre son interrogatoire à plus tard et préféra répondre à sa fille. Le silence se réinstalla par la suite et bien vite, elles arrivèrent à leur destination. NaYung fila dans les escaliers, prétextant avoir besoin de ranger ses affaires rapidement. Mais une fois arrivée dans sa chambre, les larmes ne tardèrent pas à couler. Cela faisait presque une semaine qu’elle s’empêchait de pleurer. Ses lèvres tremblaient comme si elle avait froid, les larmes lui piquaient les joues comme si elle avait chaud. A ce rythme, elle allait finir par être malade. Elle avait envie de jeter toutes ses affaires au sol, de refaire la décoration de sa chambre à l’aide de projectiles. Elle avait besoin d’exprimer sa colère, sa rancœur et surtout, oui surtout, sa solitude. Cette putain de solitude qui lui prenait à présent le cœur comme elle ne l’avait jamais pris. Elle ne savait pas pourquoi elle réagissait ainsi, ou plutôt si, elle le savait. Elle avait craqué. Elle avait fini par craquer pour eux. Elle s’était attachée. Beaucoup trop. C’était pour cela qu’elle était en colère, c’était contre elle. Pour avoir craquer, pour n’avoir pas su tenir. Elle finit par se calmer tout doucement, à force d’inspirations et d’expirations successives. Elle se décida à s’allonger sur son lit, prit son écouteur et enclencha la musique. Elle crut avoir un arrêt cardiaque lorsqu’elle reconnut la voix de Kyungsoo. Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi fan au point que son MP3 lui mette leurs chansons en mode aléatoire ? Elle arrêta l’appareil et s’allongea sous la couette. Elle s’endormit finalement rapidement, alors qu’il était onze heures du matin.

Les garçons avaient eu du mal à atteindre l’aéroport à cause des fans. C’était toujours la même histoire, les fans ne pensaient pas vraiment à leur confort ni à leur sécurité, ils avaient fini par s’habituer mais cela ne rendait pas pour autant les choses plus faciles. Toujours est-il qu’il n’y avait plus beaucoup de temps avant le départ prévu de leur avion et il leur restait encore à affronter la foule. Quoiqu’on puisse en penser, prendre un bain de foule n’était pas toujours ce qu’il y avait de plus agréable surtout après avoir quitté NaYung comme ils venaient de le faire. Ils se sentaient tous légèrement coupables de la laisser ici alors qu’ils partaient en promotion et ils avaient peur aussi. Peur d’avoir pris une mauvaise décision, peur qu’il lui arrive quelque chose. Kris n’essayait même plus de se convaincre que c’était une bonne chose, il était à présent convaincu du contraire tellement il se sentait mal. En fait, la lucidité l’avait perdu. Car oui c’était une bonne chose, il faudrait après tout bien qu’un jour ils soient séparés d’elle et puis le voyage l’aurait sans doute plus traumatisé qu’autre chose. Alors pourquoi il sentait ce poids sur ses épaules qui ne l’avaient pas quitté depuis qu’elle était entrée dans la voiture de sa mère ? Et pourquoi son ventre était ainsi noué ? JunMyeon sentant son mal-être vint l’épauler, ce qui fit élever les voix des fans qui pensaient à un simple fanservice de la part des deux jeunes hommes. Ils n’y firent pas attention et tentèrent de se diriger vers la salle d’embarquement où ils pourraient souffler un peu plus librement.

En réalité, ils ne trouvèrent le repos qu’une fois installés dans l’avion. Ils savaient qu’on allait sûrement prendre des photos d’eux ici aussi mais déjà l’effet de foule avait disparu et ils pouvaient enfin ressentir l’oxygène qui circulait tout autour d’eux. Ce qui en soi était assez essentiel pour n’importe quel être humain, idole ou pas. Les co-leaders s’assirent à côté, pour autant ils ne parlèrent pas plus. Kris, comme à son habitude, prit un livre et commença à lire sans même faire attention à ce que faisait JunMyeon. En fait, il ne voulait pas sentir la culpabilité qui rongeait également un de ses meilleurs amis et qui allait sûrement finir par l’achever. Il aurait aimé être capable de tout lâcher, même ses convictions, et d’aller la chercher pour qu’elle parte avec eux mais déjà l’avion s’engageait sur la piste de décollage. Il se renfrogna plus qu’à l’habitude et ne quitta pas son livre des yeux pendant tout le trajet. Arrivé en Chine, il prit simplement son bagage, se fraya rapidement un chemin dans la foule, tout en essayant de ne pas paraître trop bizarre, avec un sourire ou deux et quelques gestes de mains envoyés à l’intention des fans, rentra dans la voiture qui les mènerait à l’hôtel. Les garçons sentirent qu’il allait être exécrable les prochaines semaines, mais tous savaient déjà que ce n’était que l’inquiétude envers la jeune fille qui parlait pour lui à travers ses réactions. Les deux prochaines semaines n’allaient pas être faciles. Cependant, ChanYeol décida de ne pas se laisser abattre, et avec un grand sourire flanqué au visage il se tourna vers ses camarades.

- Et si on appelait NaYung pour lui dire qu’on est arrivé ?

Il réussit à faire sourire chacun des dix membres qui restaient en prenant son portable et en composant le numéro que la jeune fille leur avait laissé. Une sonnerie, deux sonneries. C’était normal qu’elle prenne son temps pour attraper son portable et pour décrocher. Trois sonneries, quatre sonneries. Elle n’était peut-être pas dans la pièce après tout. Cinq sonneries, messagerie.

- Vous êtes bien sur la messagerie de Yi NaYung, veuillez laisser un me…..

ChanYeol ne laissa pas la voix de la jeune fille continuait ses instructions pour laisser un message sur son répondeur et raccrocha pour retenter. Après tout, elle n’avait peut-être pas eu le temps de décrocher. Il recommença l’opération deux fois, pour finalement abandonner et écouter en entier le répondeur.

- Vous êtes bien sur la messagerie de Yi NaYung, veuillez laisser un message après le « bip » sonore.
- NaYung-aaaah, c’est ChanYeol ! Tu ne dois pas avoir ton portable sur toi ! C’était juste pour te dire qu’on était bien arrivé et qu’on est même à l’hôtel à l’instant ! On pense fort à toi et…
- N’hésite pas à nous rappeler quand tu entendras ce message !
- Et n’oublies pas de manger !
- Et bonne chance pour le lycée demain. Aïe ! Quoi ? Mais non ce n’est pas pour qu’elle ait encore plus peur, c’est juste pour la soutenir !
- Vous savez les gars que le répondeur est toujours en marche là ?
- Ha oui, euh, donc, rappelle-nous quand tu pourras !
- Bonne journée ! crièrent-ils tous en cœur, légèrement déçus tout de même qu’elle ne leur ait pas répondu.

Le manager vint alors leur dire qu’ils devaient se dépêcher de ranger leurs affaires pour aller découvrir la scène sur laquelle le show du soir allait avoir lieu. Ils s’exécutèrent donc rapidement pour ne pas faire attendre les autres artistes lors des répétitions. Ils se dirent que finalement c’était peut-être une bonne chose qu’elle n’ait pas répondue, car de toute façon ils auraient dû rapidement raccrocher et cela aurait été dur de la quitter après seulement quelques minutes. Oui, ils s’étaient définitivement bien trop attachés à elle.

- Hâte de retourner au lycée ?

A peine avait-elle posée la question que la mère de NaYung se rendit compte de son erreur. Non, NaYung ne devait pas spécialement avoir hâte de revenir au lycée surtout quand on savait dans quelle aventure elle était embarquée depuis maintenant deux semaines. Oui, le lycée devait lui paraître encore moins désirable qu’avant. Elle n’était pas aveugle, même si elle n’était pas présente au lycée, sa mère savait que tout ne se passait pas forcément comme il le faudrait, elle connaissait sa fille après tout. NaYung se contenta d’hocher légèrement de la tête, elle ne voulait pas vraiment inquiéter sa mère et elle ne comptait réellement pas lui raconter l’agression qu’elle avait subie. C’était sans doute quelque chose que les enfants faisaient habituellement, mais la jeune fille ne voulait pas l’inquiéter plus que nécessaire. Elle savait, au fond, que la disparition de son père avait été quelque chose de très dur à surmonter pour sa mère et qu’elle surprotégeait sa fille depuis, bien que cette dernière ne lui en donne pas vraiment la permission.

- Alors tu as fait quoi pendant ces deux semaines ?

Sa mère essayait tout de même de faire la conversation, elle voulait savoir si ces deux dernières semaines avaient profité à la jeune fille et si elle était un peu plus ouverte comme elle le pensait de ce qu’elle avait vu. La jeune fille paraissait en effet moins renfermée sur elle-même.

- J’ai assisté à leurs répétitions, la plupart du temps, j’ai même vu un de leurs spectacles et j’ai rencontré d’autres groupes.
- Tu ne m’en veux pas trop alors ?
- De quoi ?
- De t’avoir inscrite à cette émission.
- Non, pas du tout.

En même temps qu’elle avait répondu à la question, NaYung avait légèrement tourné la tête vers le côté avant de se reprendre et de sourire à sa mère mais cette dernière n’était pas dupe, elle laissa pour autant couler. Avoir une discussion avec sa fille, à table, était déjà quelque chose d’extraordinaire, elle ne voulait pas tout gâcher.

- Si tu veux je t’emmène au lycée demain matin.
- Non c’est bon je prendrais le bus, comme d’habitude.
- Ok.

La jeune fille aida sa mère à débarrasser la table, puis partit de nouveau s’enfermer dans sa chambre. Elle ne prit même pas la peine de regarder son portable et préféra finir les quelques devoirs qu’il lui restait, après tout demain elle serait au lycée et les professeurs n’allaient pas lui faire de cadeaux si elle avait un quelconque retard alors qu’elle avait droit à un traitement de faveur. Elle essaya cependant de ne pas trop penser à comment aller se dérouler la journée du lendemain, elle ne voulait pas que son ventre se noue à nouveau à l’évocation de l’agression d’il y a plus d’une semaine et demie à présent. Le coréen avait au moins cette capacité de lui faire oublier ce qu’il se passait autour étant donné la difficulté que cette matière représentait pour la jeune fille. Elle y passa toute l’après-midi et même une bonne partie de la soirée avant de manger, d’aller prendre sa douche et d’enfin, se coucher. La nuit allait sûrement être courte, elle ne doutait pas que ses cauchemars allaient prendre le dessus sur elle pendant quelques heures, elle essaya pourtant de s’apaiser en chantonnant quelques chansons que son père avait l’habitude de lui chanter avant de se coucher et partit assez rapidement rejoindre les bras de Morphée.

Les garçons, eux, rejoignirent leurs lits beaucoup plus tard. Le show s’était bien passé malgré qu’ils aient tous dans un coin de la tête l’absence de NaYung bien présente. Il allait falloir s’y faire, se dit Kris avant de dormir, pourtant il n’arrivait plus à ne pas se sentir coupable et c’est comme s’il pressentait que quelque chose allait arriver, ce qui ne l’aidait pas vraiment à se sentir mieux.

Chapitre 35

Cela faisait bientôt une semaine que les garçons étaient partis en promotion. Presque une semaine également que NaYung était retournée au lycée, la peur au ventre. Contrairement à ce qu’elle pensait, les professeurs ne lui tinrent pas rigueur de son absence prolongée. Au contraire, étant donné les tensions apparentes entre les autres élèves et la jeune fille, ils essayèrent plutôt de la protéger du mieux qu’ils purent. Mais, malheureusement, ils ne pouvaient pas faire grande chose contre la diffusion de rumeurs et, en quelques jours, NaYung put en entendre des rumeurs à son sujet, comme celle selon laquelle elle aurait séduite tous les garçons du groupe et qu’elle sortirait même avec plusieurs, créant ainsi des conflits chez les EXO et expliquant pourquoi ce jour-là, untel n’avait pas souri à untel. On aurait pu en rire si ce n’était pas la majorité des élèves du lycée qui s’occupait de la faire circuler.

Cependant, NaYung préférait supportait cela plutôt que subir une nouvelle agression. Plusieurs fois, elle avait cru se retrouver de nouveau coincée contre un mur, seule et piégée, mais, à chaque fois, elle devait finir par s’avouer qu’elle devenait paranoïaque. Elle n’arrivait toutefois pas à oublier les images de son agression qui lui restaient sans cesse en mémoire et cela expliquait pourquoi elle n’arrivait plus à se sentir autrement que mal lorsqu’elle se trouvait dans l’enceinte du lycée. Elle essayait pourtant de se calmer mais elle faisait souvent des crises d’angoisse et elle avait même parfois l’impression d’étouffer.

Elle devait également avouer que les garçons lui manquaient, leur présence autour d’elle en tout cas, c’était indéniable. Pourtant, elle devait rester forte et réussir à s’en détacher, elle savait que bientôt ce ne serait plus une simple promotion qui les séparerait. Elle pensait à cela tout en se dirigeant vers son coin habituel pour manger son déjeuner et ne s’aperçut pas qu’on l’encerclait. Quand, enfin, elle leva les yeux, elle vit la bande de Park Jung Hee, le regard sérieux et le sourire aux lèvres, tout autour d’elle.

- Et si tu partageais ton déjeuner avec nous Yi NaYuuuuuuuung ?

La jeune fille baissa légèrement la tête. Elle tendit alors son bras qui tenait son déjeuner, elle voulait à tout prix éviter une nouvelle agression quitte à ne pas manger ce midi. Elle n’avait de toute façon pas très faim et ne voulait pas se créer plus de problèmes qu’elle n’en avait déjà.

- Mais c’est qu’elle est docile la petite première de la classe.

Pour la première fois, NaYung ressentit de la colère, l’envie de réagir, de les envoyer aller voir ailleurs, mais la peur surpassait ce sentiment et elle les laissa prendre son sac. Cependant, alors que le jeune homme qui lui faisait face avait pratiquement mis la main sur son déjeuner, un bras s’interposa entre les deux jeunes gens. Etonnées, NaYung n’eut pas le temps de chercher à comprendre ce qui se passait car une voix qu’elle connaissait avait pris la parole :

- Idiote ! Tu les laisses te prendre ton déjeuner sans même chercher à te défendre ?
- Jung Hee, qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu la défends ? défia l’autre jeune homme.

Park Jung Hee adressa un regard noir à son meilleur ami. Il l’avait pourtant prévenu, ce n’était pas faute d’en avoir parlé plusieurs fois avec lui.

- Il me semblait pourtant vous avoir dit de ne pas l’approcher, n’importe qui mais pas elle. Je n’étais pas clair peut-être ?

Les autres baissèrent la tête et JungHee conduisit NaYung dans un endroit plus isolé afin d’éviter d’augmenter les tensions naissantes entre lui et son meilleur ami. Cela aurait en effet rapidement pu en venir aux mains et ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Au fond, il était plutôt quelqu’un de pacifiste. Alors qu’il la faisait s’asseoir tranquillement sur un banc, la jeune fille se remettait de ses émotions, puis, elle ancra son regard dans celui du jeune homme qui en fut déstabilisé et avant même qu’il puisse dire quoique ce soit, elle prit la parole :

- Pourquoi moi ? Ou plutôt pourquoi les autres et pas moi ?
- Je…

Le jeune homme était plus que déstabilisé pour le coup. Il pensait qu’elle ne réagirait pas, et surtout qu’elle ne poserait pas une telle question. Il n’était pas vraiment habitué à la voir agir ainsi. Il choisit tout de même de prendre le parti de la rigolade.

- J’entends ta voix, il y a du progrès on dirait.
- Je ne plaisant pas.
- Mais c’est qu’elle est en colère en plus. Yi NaYung est capable de se mettre en colère, une première.

Déjà des larmes venaient piquer le coin des yeux de la jeune fille, des larmes d’énervement, des larmes d’épuisement.

- Voilà pourquoi je ne te parle pas, parce qu’on ne peut pas parler.

Elle se releva, bien décidée à abandonner cette discussion et s’apprêtait à partir. Mais le jeune homme fut plus rapide et la retint. Dans la précipitation, il l’avait amené contre son torse et elle se sentait rougir. Cependant, son sentiment de mal-être masquait sa gêne et elle ne sut pourquoi, elle craqua dans ses bras. Elle déversa toute la tension qui l’habitait et qui ne l’avait jamais réellement quittée depuis l’agression. Elle le remercia en silence de ne rien dire et de ne rien faire, à part caresser tranquillement ses cheveux. Cependant, elle finit par se retirer de ses bras et tout en séchant ses larmes, elle prit son sac pour partir.

- Pourquoi tu fuis toujours Yi NaYung ? Pourquoi tu ne dis jamais ce que tu penses ? Je suis sûr que tu penses plein de choses, mais tu te retiens toujours pour les dire. Pourquoi ?

Elle se retourna, les joues creusées par les larmes, mais le regard redevenu dur, en aucun cas compatissant pour le jeune homme qui se trouvait en face d’elle.

- Tu veux vraiment que je te dise ce que je pense ? Je pense que tu es un petit con égocentrique qui aime bien avoir sa cour qui se pavane autour de lui.

JungHee encaissa le coup, après tout c’était lui qui l’avait poussé à parler et à, enfin, déverser la colère qu’elle avait en elle. C’était presque inhumain de garder tout cela.

- Je pense que tu veux faire comme si t’étais un mec bien, alors qu’au fond tu ne l’es pas. Je ne sais pas pourquoi tu me protèges et en réalité je ne veux même pas le savoir. Ce que je sais, c’est que tu permets que les autres subissent leurs conneries. Tu jubiles quand ils se font maltraités ? Ça te fait plaisir ? Pour une fois dans ta vie, tu prends ton pied dans toute la frustration qui t’habite ?
- Je.
- Je n’ai pas fini. Je ne sais pas pourquoi tu viens me parler. Je ne sais pas pourquoi tu les as arrêtés. Mais arrête. Laisse-moi régler ça toute seule.
- Parce que t’appelle ça régler toi ? Juste leur donner ce qu’ils veulent ?
- C’EST PEUT-ÊTRE TOI QUI T’ES FAIT ETRANGLEE IL Y A DIX JOURS POUR CE PUTAIN DE DEJEUNER A LA NOIX ? NON ! Non ce n’est pas toi ! Toi, tu es de l’autre côté ! Tu ne sais pas ce que c’est de te réveiller chaque nuit, les mains autour du cou pour s’assurer qu’on n’est pas encore en train d’écraser ta gorge. Alors ne me dis pas ce que je dois faire. Ce n’est pas toi qui fais des crises d’angoisse juste parce que tu te trouves au lycée. Toi tu es le petit roi ici. Personne ne touche à l’altesse Park Jung Hee.
- C’est comme ça que tu me vois ?
- Et comment je pourrais te voir autrement ?
- Je me suis brouillé avec mon meilleur ami pour toi.
- Et alors ? Je dois te remercier ? Faire la révérence ? Me mettre à genoux ?
- Non, je…
- Tu ?
- Je suis idiot.
- Je ne te le fais pas dire.
- Pourquoi tu ne réagis jamais alors qu’a priori tu en as toutes les capacités ?
- A quoi ça me servirait de réagir ?
- A les faire arrêter ?
- Ils n’arrêteront pas, ils trouveront quelqu’un de plus faible que moi, quelqu’un qui pour le coup ne sait réellement pas réagir, et ils détruiront cette personne. Alors je dois être lâche et les laisser faire ?
- Non.
- Et puis il y a longtemps que j’ai décidé de ne plus faire attention aux idiots finis.
- Ça veut dire que je n’en suis pas un ?
- Ça veut dire que tu es tellement devenu désespérant qu’il faille peut-être essayer de sauver ton cas.
- Désespérant ? je suis désespérant, ce n’est pas moi qui…
- Mais c’est toi qui baisse la tête et qui les laisse faire, alors que t’as plein pouvoir. Alors oui. T’es le plus désespérant d’entre eux.
- Qu’est-ce que je dois faire alors pour que tu ne me voies plus comme cela ?
- Ce que tu dois faire ? Mais rien. Ou plutôt si. Mais tu devrais le savoir.
- Ils te manquent ?
- Hein ?
- Les EXO, ils te manquent ?
- Ce ne sont pas tes affaires.
- Mange avec moi.
- Tu changes tout le temps de sujet comme ça ?
- Je croyais que ce n’était pas mes affaires, mais on peut continuer à en parler.
- Non, je préfère partir.
- Je croyais que j’étais le plus désespérant et qu’il fallait peut-être essayer de sauver mon cas ?

La jeune fille roula des yeux, mais finit par se rasseoir et ouvrit son sac sans regarder JungHee. Elle voulait l’ignorer. Elle se sentait déjà assez mal d’avoir ainsi réagi. Ce n’était vraiment pas son genre. A croire que son malaise lui faisait faire n’importe quoi.

- Je suis désolé.
- Pourquoi ?
- Pour n’avoir pas réagi ce jour-là.
- Quel jour ?
- Le jour où tu t’es fait agressée. Je n’étais pas dans les parages et.
- C’est bon.
- Non ce n’est pas bon, regarde comment tu es. Je vois bien que ça t’a traumatisé.
- Ca ne t’a pas empêché d’en traumatiser d’autres.
- Je n’ai pas attaqué une seule personne depuis ce jour-là.
- Mais tu ne les as pas empêchés.
- J’ai essayé !
- Quoi, le badboy devient gentil ?
- Ne m’appelle pas comme ça.
- Pourquoi ça ne te plaît pas ? Généralement, ça plaît pourtant.
- Je ne suis pas ce genre de gars.
- Vraiment ? Alors prouve-le-moi.
- Je…
- Pas par des mots, par des actes.
- Très bien. Alors garde un œil sur moi Yi NaYung, parce que je vais te montrer que je peux être un gars bien.

Il rajouta tout doucement pour qu’elle n’entende pas ce qu’il disait :

- Que tu verras peut-être enfin.
- Quoi ?
- Rien.
- Tu commences déjà à tricher.
- Je disais juste que tu pourrais être surprise.

A plusieurs milliers de kilomètres de là, Kris, comme ses camarades, rentrait dans sa chambre d’hôtel pour se reposer un peu. Il décida de prendre une douche mais s’aperçut que le flacon de son savon était vide. Heureusement, il était prévoyant et en avait amené un autre, au cas où. Il partit donc le chercher dans son sac, mais il avait eu la bonne idée de le mettre tout au fond du sac. Légèrement fatigué, et ayant envie de rapidement se reposer, il balança le contenu du sac sur son lit, un papier virevolta alors dans les airs, et il reconnut l’écriture de NaYung, qu’est-ce que ce papier faisait dans ses affaires, et pourquoi ne l’avait-il pas vu avant ?

Chapitre 36

Le papier était plié en quatre et il y avait juste écrit son nom sur une des faces. Surpris, Kris s’assit sur son lit pour lire le morceau de papier, il avait à e moment-là complètement oublié sa fatigue et son envie de prendre une douche. Il était partagé entre la curiosité et la peur de ce qu’il allait découvrir sur ce bout de papier. En plus de cela, il avait peur que le mauvais pressentiment qui l’habitait depuis qu’ils étaient partis de Corée ne se confirme avec cette lettre. En réalité, il y avait deux feuilles A4 pliées ensemble, une remplie recto-verso, et quelques mots sur une autre. Il était étonné de la longueur de la lettre. Ce n’était pas vraiment le genre de NaYung, et se dépêcha donc d’en lire le contenu.

« Kris,

Je ne sais pas vraiment comment commencer cette lettre. Je me trouve un peu ridicule à être assise à ce bureau à écrire ces mots alors que vous êtes dans le salon en train de rire et de parler mais il faut tout de même que je le fasse. Normalement quand tu découvriras ce papier, vous serez déjà partis en promotion, tu ne le verras peut-être même pas tout de suite. En réalité, j’espère que tu le découvriras le plus tard possible, mais peut-être avant que vous rentriez quand même. Je ne veux pas vous gêner dans votre promotion. En réalité, j’y réfléchis depuis plusieurs jours, je crois que j’y réfléchissais même avant que vous m’annonciez votre départ pour la Chine et le Japon. Je sens bien que même si j’arrive à faire des efforts et à mieux m’intégrer, je ne suis pas vraiment à ma place dans cette émission. Et ne pense pas que je dise ça à la légère. Je sais très bien que tu dois te dire actuellement que je délire, et que je ne devrais pas dire des choses comme ça. Mais c’est vrai. Ce n’est pas tellement que je ne me sente pas bien avec vous. En réalité, je me sens peut-être trop bien. Et il est là le problème. Je m’aperçois bien que je m’attache de plus en plus à vous chaque jour, et en soi ce pourrait être une bonne chose, que je m’attache enfin à des personnes mais. Mais l’émission ne durera pas éternellement. J’en suis consciente. Je ne dis pas que vous allez m’abandonner, je sais que ce ne sont pas vos intentions, mais au fond, c’est ce qui va se passer. Je ne veux pas que vous me fassiez des promesses que vous ne tiendrez pas. Ce n’est pas de votre faute, ce n’est même pas de la mienne, c’est de la faute au contexte, à cette situation. Et en même temps, sans cette situation, on ne se connaîtrait pas, il est vrai. Est-ce que je préfèrerais ? Je dois avouer que je me pose la question. Je ne sais pas. Je me dis parfois le soir que je n’aurais jamais dû accepter de participer à cette émission, puis je m’aperçois de tout ce que cela m’a apporté en quelques semaines et je souris. Parce que oui vous m’avez apporté tellement. J’ai l’impression de pouvoir à présent faire face à tout, sans aucun souci. Avant je pouvais aussi mais en subissant le quotidien, en restant passive. Aujourd’hui, j’ai envie de faire comme vous, de poursuivre mes rêves, d’aller jusqu’au bout, de passer de spectatrice à actrice. Vous m’avez donné cette force et cette envie, et je vous en remercie, vraiment, profondément. Vous en avez déjà fait tellement pour moi, que je ne saurais comment vous dire merci.

J’écris, j’écris mais au final je ne dis pas le plus important, mais au fond je pense que tu t’en doutes. Ça ne m’étonnerait même pas que tu ne le saches pas déjà. Finalement, même si tu ne parles pas beaucoup, même si tu ne parais pas forcément être le plus chaleureux, je crois que t’es celui qui comprend le mieux ce qui se passe autour de toi, et en quelque sorte je t’admire. Oui, je t’admire. Enfin bref, revenons-en au sujet. J’ai adoré les moments passés avec vous, vraiment. Je voudrais que ça continue, encore et encore. Je voudrais peut-être aussi apprendre à vous connaître, à être plus proches de vous. Mais là en écrivant ces mots, je m’aperçois bien que je n’ai pas droit de demander cela. Je vis déjà une aventure extraordinaire, et je ne peux me montrer plus avide, je devrais me contenter de ce que j’ai. Alors pourquoi je n’y arrive plus ? Pourquoi le mot « ami » me vient instantanément quand je pense à vous ? Alors si je m’éloigne volontairement, si je mets aujourd’hui cette distance entre vous et moi, oui, c’est par égoïsme. Je ne veux pas m’attacher plus, je ne veux pas être déçue et surtout, oui, surtout, je ne veux pas que vous vous sentiez coupable de la fin que ça prendra, car fin il y aura. Je voudrais être forte et être capable de rester auprès de vous tout en étant consciente de comment cela se passera, mais en réalité je ne peux pas.

Je ne dis pas que je quitte l’émission, même si l’idée première était d’écrire cela. J’avais même prévu d’aller à votre agence pendant votre absence histoire de régler cette histoire mais je crois que ce ne serait pas très honnête de ma part, légèrement hypocrite. Je ne veux pas vous faire de mal. Vous êtes réellement devenus importants pour moi et je ne voudrais pas que mes actes vous causent du tort, ou quelque chose de ce genre-là, même si je ne prétends pas avoir une telle influence sur vos vies. En réalité, je crois que j’ai besoin de prendre du recul, et peut-être que votre départ tombe à pic. Alors je ne dis pas que je quitte cette émission définitivement, disons juste que je me donne le temps de réfléchir. Je ne répondrais pas à vos appels, et je ne vous appellerais pas non plus. Je m’en excuse déjà. Je suis désolé de vous faire subir ça. Je sais qu’on a déjà pas beaucoup de temps et que je le gâche ainsi, de manière stupide mais j’ai besoin de me retrouver, de retrouver mon ancienne vie, de préparer « l’après ». Toutefois, je n’exclue pas l’abandon de l’émission. Si je m’aperçois après mure réflexion que l’émission est plus un mal qu’un bien pour moi, alors je la quitterais, mais j’attendrais votre retour pour cela. J’essaierais de passer vous dire au revoir, mais honnêtement, je ne sais pas si j’en aurais le courage. Dites-vous plutôt que si je ne suis pas au dortoir à votre retour, c’est qu’il y a une raison.

Je le répète, ce n’est pas contre vous. Ne le prenez pas personnellement. Vous êtes réellement mes idoles, depuis vos débuts. J’étais engagée dans une routine qui marchait bien et vous avez tout chamboulé. Vous êtes à un moment devenu une telle obsession que cela m’a même fait peur et puis, je vous ai rencontré et en plus d’aimer les idoles que vous êtes, j’ai commencé à vous aimer vous, les personnes derrière les stars que vous êtes. Je ne supporte même pas de formuler cette idée. Je ne supporte pas l’idée que je devrais dans quelques semaines abandonner les seuls amis que je me suis faite depuis des années maintenant. Je ne veux pas que la séparation soit plus dure, je ne veux pas encore plus m’attacher à vous, alors si je ne me juge pas assez forte pour en supporter plus, j’abandonnerais l’émission et je ne veux pas que vous me reteniez, pas cette fois. Je sais que je suis égoïste, je sais que je parais sans doute capricieuse, et je sais aussi que cela ne se fait pas, surtout que ce n’est pas la première fois mais cette fois-ci je ne partirais pas à chaud, j’aurais réfléchi, j’aurais pris ma décision. En réalité, je n’aurais jamais dû m’engager dans cette émission, elle était là mon erreur. Et pourtant, je sais que c’en n’était pas une.

Tu te demandes sans doute pourquoi j’ai écrit ce mot pour toi, et non pour tout le groupe entier. Je sais qu’au fond tu as déjà réfléchi à cette situation, c’est d’ailleurs pour cela que tu les as convaincu que je ne vienne pas n’est-ce pas ? Au-delà d’une histoire de sécurité, je sais que tu voulais que je prenne du recul et que le groupe aussi. Alors faisons cela comme ça. Prenons du recul.

Si on ne se revoit pas, je voulais que vous sachiez que j’ai passé de bons moments auprès de vous. Je ne veux pas que vous cherchiez à me revoir, je me contenterais des vidéos, de vos sourires et de mes souvenirs. Je serais pour toujours votre fan, et je vous serais éternellement reconnaissante.

Merci. Merci pour tout.

Yi NaYung. »

L’encre avait coulé par endroit, des tâches d’eau apparaissaient ci et là, signe que la jeune fille avait pleuré en écrivant cette lettre. Ces mots eurent l’effet d’un coup de poignard dans le torse de Kris. Pourquoi ne s’y était-il pas attendu ? Ou plutôt pourquoi avait-il pensé qu’elle ne le ferait pas ? Elle était pourtant bizarre ces derniers temps à sourire à tout le monde, à participer aux conversations, à ne pas réagir à leur départ. En fait, elle préparait le sien. Elle n’avait sans doute rien laissé au dortoir, et ils n’y avaient même pas fait gaffe. Elle avait tout bien préparé et elle les abandonnait. Car il n’avait pas de doutes, elle ne reviendrait pas. Elle se rendrait compte qu’elle ne le supporterait pas, et le pire, c’est qu’il la comprenait. Il comprenait le mal-être de la jeune fille, il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu qu’elle ne se sentait pas bien, et qu’elle redoutait de la fin que cette aventure allait prendre. Bien sûr, elle était plus à l’aise avec eux et ce n’était même pas là la question. La question était l’après. Il en avait bien conscience qu’ils ne pourraient pas réellement la revoir. Tout serait réellement différent après. Pourquoi avait-il fallu que les idoles doivent faire des émissions comme celle-ci ? Les fans n’imaginaient sans doute pas que leurs oppas pouvaient également avoir des sentiments. Oubliant sa fatigue et le repos promis, il déboula en furie dans la chambre de Jun Myeon pour lui montrer la lettre. Il ne tenait pas en place tandis que le co-leader la lisait, il n’avait d’ailleurs pas voulu s’asseoir. Il faisait d’ailleurs stresser JunMyeon à agir ainsi. Déjà qu’il n’arrivait pas à bien lire cette lettre, Kris ne l’aidait pas beaucoup. Il écarquillait les yeux au fur et à mesure de sa lecture, puis se leva d’un bond.

- Non. Elle ne peut pas. Elle ne peut tout simplement pas.
- Bien sûr qu’elle peut.
- NON !
- Jun Myeon, calme-toi.
- Tu voudrais que je me calme ?
- Ce n’est pas en s’énervant que le problème va être réglé. On doit d’abord réunir les gars et leur en parler.
- Non.
- Si, ils ont droit de savoir.
- On a encore plein de scènes et…
- Ils ont le droit de savoir, Jun.

Le ton de Kris était tranchant et ne laissait pas d’autres alternatives et Jun Myeon dut céder devant le regard noir de son ami. Il savait qu’il n’avait pas tort, pourtant il voulait sauvegarder le groupe et la promotion mais après tout, cela les concernait tout autant et Kris lui avait fait confiance en lui faisant lire la lettre, alors qu’elle lui était adressée personnellement. Il devait donc lui faire confiance à son tour. Kris entreprit donc de réunir les garçons dans la chambre de Jun Myeon. Ces derniers s’inquiétaient au vu de la mine un peu trop sérieuse du leader des M. Il s’était passé quelque chose.

- Les gars, on a un problème.

Chapitre 37

Le silence avait pris place dans la salle. Les membres, qui n'étaient pas encore au courant de la situation, regardaient attentivement Kris, puis JunMyeon, et encore Kris, et de nouveau JunMyeon, et ainsi de suite. Ce manège durait depuis que le leader des M leur avait annoncé qu'ils avaient un problème. Mais quel problème ? Qu'est-ce qui pouvait être aussi sérieux pour que leurs leaders cherchent autant leurs mots ? Finalement, agacé de l'attente et de cette explication qui ne venait pas, JongIn choisit de rompre le silence.

- Il est arrivé quelque chose à NaYung ? Je savais que ce n'était pas une bonne idée de la laisser retourner aussi rapidement dans son lycée....

Le jeune homme avait parlé rapidement, il n'avait pas repris sa respiration tout au long de sa phrase. Il s'inquiétait vraiment de ce qu'il pouvait arriver à la jeune fille maintenant qu'ils faisaient leur promotion à l'étranger et qu'elle avait dû, par conséquent, retourner dans son lycée. Ok, il n'était pas vraiment du genre à montrer ses sentiments, et sa façon d'agir avec les autres pouvait parfois paraître blessante mais il s'était réellement attaché à la jeune fille, ce n'était pas une blague.

- C'est... C'est en effet à propos de NaYung qu'on a un problème. Mais avant que vous vous agitiez, ce n'est pas parce qu'il lui est arrivé quelque chose. Enfin ce que je veux dire c'est que s'il lui est arrivé quelque chose, on n'est pas au courant. Pour la simple et bonne raison qu'elle ne veut plus donner de ses nouvelles, au moins durant notre promotion à l'étranger et... enfin.... En fait, si je sais cela c'est parce qu'elle m'a laissé un mot dans mon sac que je n'ai vu qu'aujourd'hui... Elle pense quitter l'émission.

Les garçons auraient voulu réagir, au moins dire un mot, une exclamation mais ils étaient tout simplement trop surpris, ne serait-ce que pour montrer leurs interrogations. Oui, elle ne répondait pas à leurs appels mais jusqu'ici ils lui avaient toujours trouvé des excuses. C'est vrai, vu son caractère, elle n'aimait sûrement pas parler au téléphone, elle était si timide, qu'il fallait déjà lui arracher les mots de la bouche quand elle était en leur présence. Et puis elle avait repris les cours, donc déjà toute la journée, elle n'était pas disponible, et vu son sérieux, elle devait se concentrer sur ses devoirs pendant la soirée. Elle devait aussi essayer de profiter de la présence de sa mère maintenant qu'elle avait compris qu'elle en avait besoin. Oui, il y avait vraiment tout un tas de raisons pour expliquer pourquoi elle n'avait pas une seule fois décroché le téléphone depuis qu'ils étaient partis, et ce n'était pas faute d'avoir essayé de l'appeler. Ils avaient même pensé à un moment qu'elle avait perdu son téléphone, qu'il s'était cassé ou qu'on le lui avait volé. Mais pas ça. Ils n'avaient pas pensé au fait qu'elle ne voulait peut-être tout simplement pas leur parler, qu'elle coupait réellement les ponts. Il pensait que c'était bon, qu'elle s'était faite au concept de l'émission, qu'elle aimait ça même. Ils avaient dû se faire des illusions, et dans un sens, ça leur faisait mal. Beaucoup plus mal qu'ils ne l'auraient pensé. Et pourtant, ils ne réagissaient pas, ils restaient sans voix. Comme s'ils attendaient que le leader des M leur crie que c'était un poisson d'avril et que leurs têtes étaient absolument à filmer. Mais il ne le fit pas. Bien au contraire.

- Je... Je sais que c'est soudain et que cela vous choque, mais. Mais on doit continuer à performer comme si de rien n'était, comme si nous n'étions pas au courant de la situation. Je sais que cela va être dur et que vous voulez tous retourner en Corée pour la convaincre de faire chemin arrière mais on ne doit pas oublier qu'on est ici pour travailler et qu'on a un public qui nous attend. On ne peut pas faire selon ce que notre cœur veut. Pensez au groupe avant tout. On en parlera plus tard avec le manager, on essaiera de voir ce qu'on peut faire, quelles solutions on peut trouver.

Les garçons finirent par hocher de la tête sans rien rajouter. Ils savaient que cela ne servait à rien. Ils ressentaient pourtant de la colère en eux, elle était là, et elle ne s'arrêtait pas de grandir telle une flamme qui consume peu à peu le bois pour se faire grande. NaYung n'avait pas eu le courage de leur dire tout cela en face, elle aurait dû. Elle n'aurait jamais dû dire quelque chose de ce genre sur un petit bout de papier, ils avaient besoin de comprendre. Elle ne pouvait tout simplement pas choisir toute seule comme si cela n'impactait pas sur leurs vies. Ok, ils étaient des idoles mais elle avait bien vu qu'ils s'étaient attachés à elle, que ce n'était plus de l'émission qu'on parlait. Elle devait bien savoir qu'en faisant un truc du genre, elle allait les blesser, elle devait bien commencer à les connaître un peu, non ? Ils étaient énervés qu'elle ne se soit pas montrée honnête envers eux. Ils auraient pu en parler, elle savait qu'ils étaient là pour cela, ils le lui avaient répétés que si elle avait le moindre problème avec eux ou avec l'émission, ils étaient là. Mais elle ne leur avait pas fait confiance. Leur avait-elle déjà ne serait-ce qu'une seule fois fait confiance ?

En réalité, ils étaient surtout en colère contre eux-mêmes, de n'avoir rien vu. Tout d'un coup, le dernier baiser sur la joue de la part de la jeune fille leur paraissait anormalement long, comme des adieux plutôt que de réels au-revoir. Il y avait eu des signes, comme son soudain intérêt pour leurs activités, sa soudaine présence à côté d'eux pendant la dernière semaine. Elle avait profité du temps qu'il lui restait dans l'émission, ils en étaient certains à présent. Ils auraient dû le voir. Ils avaient préféré se dire qu'elle agissait ainsi car elle n'allait pas les voir pendant deux semaines et qu'elle voulait un peu plus s'ouvrir à eux. Mais non, elle enregistrait juste des moments avec eux pour ne pas avoir trop de regrets plus tard, pour ne pas être restée jusqu'ici en vain. Et ils lui en voulaient, qu'est-ce qu'ils lui en voulaient. Mais ils n'arrivaient pourtant pas à s'énerver contre elle. Parce qu'elle était devenue une petite sœur au fil des jours, quelqu'un qu'on a envie de protéger et non pas quelqu'un contre qui on a envie de s'énerver. Pourquoi fallait-il qu'elle soit aussi mignonne ? Ne pouvait-elle pas être hystérique, comme les autres fans ? Ne pouvait-elle pas les saouler, au point qu'ils auraient tous été très contents de partir en promotion à l'étranger tout en la laissant en Corée ? Apparemment non, elle ne pouvait pas.

Depuis que les garçons savaient que la jeune fille allait sûrement quitter l'émission, ils ne pouvaient s'empêcher d'essayer de l'appeler, même si cela leur faisait encore plus mal quand cela restait sonner dans le vide. Ils essayaient de comprendre, ils savaient pourtant pourquoi elle agissait ainsi, c'était la peur qui la guidait. La peur de se découvrir elle-même, et de ne pas supporter cela. Ils cherchaient également des solutions mais ils n'en trouvaient jamais aucune. Ils étaient coincés à l'étranger et ne pouvaient donc pas agir. Ils n'avaient jamais autant souhaités se trouver en Corée pour pouvoir lui parler, même si a priori, ce n'était vraiment pas ce qu'elle souhaitait. Il ne se passait pas un jour sans qu'ils y pensent et même s'ils faisaient en sorte de bien faire leur travail malgré tout, leurs performances étaient quelque peu affectées par cette réalité qui les touchait. Ils auraient voulu à ce moment-là ne jamais faire cette émission et ne jamais connaître tous ces sentiments contradictoires qui se battaient en duel en eux.

Quant à NaYung, elle continuait à aller au lycée comme si de rien n'était. Elle ne voulait pas penser à l'émission, ni aux garçons, même si c'était inévitable qu'elle le fasse tout de même. Ils lui manquaient, chaque jour. Le matin, elle se levait avec le ventre qui grondait, et cela la désespérait de se retrouver devant un bol de riz, tout ça parce que Kyungsoo l'avait habitué à prendre un petit déjeuner. Elle avait même réussi à tomber sur le dessin animé préféré de ChanYeol alors qu'elle prenait son goûter un jour. Les leçons de coréen lui faisaient immédiatement penser à Sehun, et à son aide précieuse. Kris était dans ses pensées quand elle entendait parler anglais, et la langue de Shakespeare semblait avoir soudainement envahi son quotidien. Le fait de prendre son manteau avant de partir de chez elle lui rappelait que JunMyeon n'était pas là pour le lui tendre. Quand elle se faisait une coupure, JongIn n'accourait pas pour lui faire un bandage. Même les « Troooop mignooooone » de BaekHyun lui manquaient. Ce n'était pas rare qu'elle entende leurs chansons, pourtant elle agissait comme si elle ne les avait jamais rencontrés, comme si elle n'avait jamais participé à cette émission, à une exception près, elle n'écoutait plus leur musique comme elle le faisait avant. C'était bien trop dur.

Elle faisait tellement attention à tout faire comme avant, comme s'ils n'avaient en aucun cas impacté sur sa vie, qu'elle ne se rappelait même plus ce que lui avait dit Jung Hee durant leur dernier échange. Des faits inhabituels vinrent pourtant lui rafraîchir la mémoire. Elle ne remarqua en effet qu'au bout de quelques jours seulement qu'elle n'assistait plus aux lynchages quotidiens de la part du groupe d'amis du jeune homme que ce soit sur elle, ou sur d'autres élèves. Le lycée semblait étonnamment tranquille. Elle commençait à y réfléchir profondément, se demandant bien pourquoi cela arrivait tout d'un coup, si c'était elle qui avait loupé quelque chose, quand Jung Hee vint en personne lui demander, durant un midi, ce qu'elle en pensait.

- Et alors, ils se cachent dans les buissons pour le faire ?

Elle venait soudainement de comprendre qu'il leur avait sûrement demandé d'arrêter pour lui prouver qu'il pouvait être quelqu'un de bien, quelqu'un qui mérite son attention.

- Tu ne peux pas juste être contente ?
- Pourquoi je serais contente ? Ils ont vraiment arrêté leurs conneries ou ils ne le font juste plus devant moi ? Ce n'est pas la même chose, tu sais. Je me haïrais encore plus. Je ne veux pas fermer les yeux sur cela, moi. Et puis si tu fais ça juste pour me prouver quelque chose, ce n'est pas la peine. Ça ne me prouve rien, sinon que tu es plus stupide que je ne pensais. Ce genre de choses doit venir de toi, de ta volonté profonde, pas d'une simple volonté de me prouver que tu peux être quelqu'un de bien. Ce n'est pas ça être quelqu'un de bien. Ce n'est pas comme ça que je le vois, en tout cas.

Jung Hee, comprenant bien où elle voulait en venir, ne rajouta rien. Cela n'aurait pas été nécessaire de toute façon et il le savait. Elle était encore fâchée et il était clair qu'elle ne l'aimait pas. Tant qu'il ne changerait pas cet état de fait, elle trouverait toujours des arguments pour contrecarrer ses actes qui lui donneraient à coup sûr raison. Cela fit néanmoins sourire le jeune homme, est-ce que c'était cette résistance à son égard qui la rendait si visible à ses yeux ? C'est vrai, ce n'était pas comme si les propositions manquaient, sans avoir à se vanter, il avait une tonne de filles à ses pieds, sinon la quasi-totalité des filles de ce lycée. Pourtant, depuis deux ans, il n'avait qu'elle en tête, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, c'était toujours son visage qui revenait à son esprit.

Voilà j'ai posté le 37 et le 38 en même temps.

Chapitre 38 – Flashback – Première Partie

Quand NaYung était arrivée dans ce lycée, tous les garçons l’avaient eu en tête, du fait qu’elle soit nouvelle mais aussi, qu’elle était loin d’être laide. Mais très vite, quand ils comprirent qu’elle ne répondrait pas à leurs avances, ils s’en désintéressèrent. Finalement, elle ne paraissait pas si intéressante que cela quand ils prenaient un peu de recul. Elle ne parlait à personne, elle était sérieuse en cours, les professeurs l’adoraient et elle avait des bonnes notes. Non, vraiment, elle était peut-être jolie mais cela ne suffisait pas. Ils étaient peut-être aussi tout simplement vexés qu’elle ne les regarde même pas. Un seul, à l’époque de son arrivée, ne l’avait même pas calculé. Jung Hee. Il en avait marre que tout tourne toujours autour des nouvelles, à celui qui se la taperait en premier le plus rapidement. Il était populaire, certes, mais il était loin d’être idiot et les histoires d’un soir ou paris entre potes n’étaient pas vraiment son genre, contrairement à ce qu’on aurait pu croire.

En réalité, Jung Hee n’était pas ce qu’on pouvait appeler quelqu’un de très sociable. Quand on ne le connaissait pas, il pouvait même paraître froid au premier abord. Alors que ses amis n’hésitaient pas à rire, à s’amuser en public, il restait toujours assis dans un coin à observer. Il avait toujours été très observateur, c’était son truc. Il n’était pas timide, il n’avait même pas peur des autres, mais il ne ressentait pas ce besoin d’aller vers, en fait, il s’était lassé. Lassé de ce jeu de popularité, lassé de devoir montrer un faux visage pour se faire aimer par des gens qui n’avaient finalement aucune importance pour lui.

Paradoxalement, c’était ainsi qu’il avait atteint le sommet de sa popularité lycéenne. Chacun ici savait qu’il ne valait mieux pas se mettre à dos Park Jung Hee si on ne voulait pas de graves ennuis, il savait se montrer redoutable quand les circonstances le demandaient. Il y avait d’ailleurs eu un tas de folles rumeurs qui avaient circulés sur lui à une époque. On avait même prétendu que son père faisait partie de la mafia, puis c’était lui qui était devenu un membre de gang, et ainsi de suite. Le jeune homme n’y avait même pas prêté attention. Il n’aimait pas les ragots, il ne les avait jamais aimés et ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer.

Cela faisait un certain temps que ses amis connaissaient son caractère et surtout comment s’y prendre avec lui, ils n’avaient donc jamais eu de gros problèmes avec. Jamais personne ne le contestait, ce qui lui donnait une autorité et une aura absolues sur cette école. Il n’avait pourtant rien demandé, mais il devait avouer qu’il ne s’en plaignait pas. C’était toujours agréable que les gens se décalent pour le laisser passer dans les couloirs. Le seul truc qu’il regrettait vraiment était toutes ces filles hystériques qui lui couraient constamment après. Il se demandait même parfois s’il n’était pas un cliché à lui tout seul, le gars populaire, froid, qui rejette toutes les filles alors qu’elles se jettent d’elles-mêmes à ses pieds. Il y avait de quoi se le demander. Ses amis avaient même mis en place une sorte de jeu de paris à qui serait la prochaine fille qui se ferait recaler par le jeune homme, de quelle manière, si elle allait pleurer, ou vouloir se suicider, etc. Jung Hee n’y prenait jamais part mais il n’était pas rare qu’il s’arrête en souriant devant le tableau noir qui récapitulait les paris de la petite équipe dans leur repère préféré. Une sorte de café où ils avaient leurs habitudes depuis toujours après le lycée. Ils avaient commencé au collège et ils y allaient toujours, tous les jours, après les cours. La patronne les connaissait très bien et riait avec eux de leurs histoires, elle participait même parfois aux paris.

Les autres n’étaient pourtant pas dupes, ils le connaissaient, au fond. Même si à un moment, la rumeur comme quoi il était en fait homosexuel et sortait avec son meilleur ami de toujours, Kang Dwa, avait circulé, ses amis savaient qu’il s’agissait d’autre chose. Plusieurs fois, il leur avait expliqué qu’il avait beau ne pas être le gars le plus romantique qui soit, il pensait qu’il ne pourrait construire autre chose que des relations sérieuses. Il ne voulait pas des autres. Il avait déjà eu du mal à intégrer certaines personnes dans son groupe d’amis, ce n’était pas pour faire n’importe quoi avec des filles de passage qui ne feraient que se coller encore plus à lui. Pour autant, il sortait tout de même toutes les semaines avec la bande, et il n’était pas rare qu’il soit spectateur de cette chasse mutuelle entre ses amis les plus proches et les plus belles – mais sûrement pas les plus intelligentes – jeunes filles de la soirée. Oui, il était lassé de tout cela, de ce jeu perpétuel et, finalement, pas si profond que cela. Ce n’était en aucun cas la séduction qui lui plaisait mais bien le fait qu’en quelques temps une personne pouvait prendre une telle place dans son existence qu’il ne se voyait plus vivre sans. Il en avait même peur de cela mais en même temps il ne pouvait s’empêcher de trouver cela fascinant.

Et puis, elle était arrivée. Il avait tellement entendu parler de son arrivée qu’il avait décidé d’en faire le boycott. Après tout, elle avait déjà assez de gars à sa poursuite, et lui avait déjà trop de propositions, il n’avait en aucun cas besoin de s’y rajouter. Mais sans le savoir, et surtout sans le vouloir, c’était tout le contraire de ce qu’il avait prévu qui s’était déroulé, car plus elle rejetait les autres en silence, et plus elle l’intéressait. Le paradoxe, voilà bien ce qui l’avait attiré, et peut-être aussi qu’à ce moment-là, il s’était dit qu’elle pouvait être différente. Il avait alors commencé à l’observer : ses faits, ses gestes, ses habitudes. Et elle en avait des habitudes, elle en avait même peut-être trop. On aurait presque pu la confondre à un robot tellement tout ce qu’elle faisait été millimétré. Mais ce qui lui manquait le plus était de pouvoir entendre sa voix. Elle ne parlait que trop peu, elle était là, silencieuse. Elle aurait même pu être muette, finalement. Et puis, un jour, Kang Dwa l’avait finalement grillé. Ce n’était pas bien difficile en même temps, quand on y pensait, pour quelqu’un qui connaissait aussi bien Jung Hee, de voir qui il observait, à qui il faisait attention.

- Qu’est-ce qu’elle a de si spéciale la nouvelle pour mériter toute ton attention, Junghi ?
- Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ?
- Ne joue pas à ce jeu avec moi. T’as presque des étincelles dans les yeux quand tu l’observes. Je croyais que tu ne voulais même pas en entendre parler. Tu nous as même dit de lâcher l’affaire il y a quelques semaines.
- C’est le cas. Je m’en fous d’elle. Je ne veux pas en entendre parler.

Et c’est ce jour-là que le jeu avait commencé pour Kang Dwa. Le but ? Faire craquer Jung Hee pour qu’il lui avoue enfin qu’il avait un faible pour la jeune fille. C’est ce jour-là que toute la bande commença à l’embêter. Et un jour, le nom de la jeune fille finit par apparaître sur leur tableau noir. Mais la question n’était pas la même que pour les autres. Aurait-elle une chance ? La question n’était pas visible, et les autres pensaient que c’était la prochaine victime du jeune homme alors que son meilleur ami ne faisait que lui posait une question silencieuse : et si c’était elle ?

Les autres suivaient Kang Dwa parce qu’ils trouvaient cela marrant et puis une nouvelle victime n’était jamais de refus mais pour le jeune homme c’était une autre histoire. Il espérait une réaction de la part de son meilleur ami, alors il testait les limites de la patience du jeune homme. Etait-il prêt à se dévoiler pour elle ? C’était la question que Kang se posait chaque jour. Pourquoi elle ? Il finit pourtant par comprendre que la réponse était évidente. Parce que elle. Tout simplement. Il n’en avait jamais été autrement avec Jung Hee. Il aimait les choses qui se remarquent de manière différente que les autres, pas celles qu’on voit de prime abord, pas celles qui faisaient tout pour être sur le devant de la scène. Il aimait dénicher les trésors, ces choses qui font qu’on se senti privilégié quand on les remarque enfin, comme si personne d’autre ne pouvait les voir comme nous on les voit. Et elle était ce trésor qu’on ne remarque qu’au bout d’un certain temps. Discrète mais qui rayonne quand enfin on en prend conscience. Même Kang Dwa l’avait remarqué, à force de jouer avec elle pour ce jeu stupide qu’il avait entrepris pour son meilleur ami.

Il avait vu qu’elle n’était pas idiote, mais aussi qu’elle n’était pas du tout comme tous ces premiers de la classe qui veulent à tout prix se faire bien voir par les professeurs. Ce n’était pas son genre, ce n’était pas son souhait. Elle n’était pas la chouchou des professeurs, sinon contre sa volonté. Elle ne faisait que subir sa vie au lycée, c’était tout. Mais ce que Kang Dwa adorait surtout chez elle, c’était quand, tout d’un coup, elle se mettait à regarder dehors par la fenêtre de la salle de cours comme si l’extérieur avait la clé de son existence. Cela lui arriverait en effet parfois et le jeune homme ne pouvait s’empêcher de la trouver belle à ce moment-là. Et inévitablement, Kang Dwa était tombé amoureux d’elle. Il n’avait d’abord pas voulu se l’avouer, c’était bien trop compliqué, lui qui disait toujours qu’il ne vivait que pour des relations d’un soir. L’amour ? Il ne connaissait pas et, surtout, il ne voulait pas connaître. Pourtant, il s’était pris à son propre piège et embêter la jeune fille ne faisait plus vraiment partie d’un jeu pour faire craquer son meilleur ami, c’était plutôt une façon pour lui de se rapprocher d’elle. Drôle de façon, il fallait l’avouer. Et plus il tombait pour elle, et plus il voulait le lui faire payer. L’amour se transformait en une rage invisible. Il n’était pourtant jamais violent avec elle, mais il ne supportait pas les sentiments qu’elle lui faisait ressentir.

C’était ainsi que le jeu avait pris une tournure beaucoup plus sérieuse, il avait complètement oublié Jung Hee. Il n’y avait plus qu’elle, plus que sa façon de ne jamais répondre, de ne jamais montrer à quel point elle pouvait être touchée par ses actes. On disait souvent que l’indifférence était le pire des mépris, et Kang Dwa était en train d’en prendre conscience. Il aurait voulu qu’elle s’énerve, qu’elle pleure ou qu’elle montre qu’elle avait mal, n’importe quoi qui lui aurait prouvé qu’elle savait qu’il existait. Mais ce n’était pas le cas, elle ne faisait que continuer sa route après avoir subi diverses moqueries. C’était comme si rien ne pouvait la toucher, et dans un sens, cela faisait qu’il l’admirait encore plus. Ce n’était plus les limites de son meilleur ami qu’il testait mais bien celles de la jeune fille. Et elle était sacrément forte à ce jeu-là. Jamais elle ne faiblissait, toujours il persévérait.

Un jour, pourtant, Jung Hee le prit à part, entre deux yeux. Il avait le regard fou, sauvage, comme s’il lui en voulait, comme si d’un seul coup, il voulait le frapper. Kang Dwa, pourtant habitué aux regards noirs du jeune homme, prit légèrement peur. Il n’y avait jamais eu de disputes, ou de mots plus hauts que les autres entre eux. Cette amitié était une relation toute naturelle pour lui.

- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Arrête.
- Hein ?
- Arrête.
- Mais arrêter quoi ?
- Arrête de la harceler, arrête de lui faire du mal, arrête de la chercher. Laisse-la tranquille. Ne pose même plus ton regard sur elle.

Kang Dwa n’eut pas besoin de demander de qui il parlait, il le savait déjà. Il avait enfin la réaction qu’il attendait tant de la part de son meilleur ami alors pourquoi cela lui faisait l’effet d’un coup de poignard dans le cœur ? Pourquoi aurait-il voulu qu’il ne réagisse jamais pour continuer le jeu ? Et surtout, pourquoi il ne voulait surtout pas arrêter ? Kang Dwa s’avouait vaincu, pourtant cela ne l’empêcha pas de provoquer son ami.

- Et sinon ?
- Quoi sinon ?
- Si je n’arrête pas, qu’est-ce que tu fais ?

Chapitre 39 – FlashBack – Deuxième partie

La question avait étonné Jung Hee. Il ne comprenait pas, rapidement il avait saisi le petit jeu de son meilleur ami, mais ce qu’il n’avait pas compris c’est que ce dernier était tombé dans son propre piège. Son regard était dur, noir. Jung Hee ne l’avait jamais vu aussi sûr de lui. Il était campé sur ses positions et il semblait se défendre, mais contre qui ? Contre quoi ?

- Je… Parce que. Elle ne mérite pas ça.
- Parce que les autres le méritent ?
- Non mais.
- Je n’ai pas d’ordres à recevoir de toi, Jung Hee.

Le fait qu’il n’utilise pas son surnom lui glaça le dos. Il avait l’impression d’avoir un étranger devant lui, comment avait-il pu passer à côté de toute cette évolution ? Occupait-elle autant ses pensées au point de ne pas voir ce qui arrivait à son meilleur ami ? Parce que maintenant c’était évident, Kang Dwa était tombé amoureux. Ils en avaient longtemps ri tous les deux, Jung Hee avait lui-même effectué plusieurs paris sur quand ce beau jour arriverait, et il était passé à côté de tout cela. Il s’en voulait. Il connaissait si bien Kang Dwa qu’il savait qu’il devait être mal, il n’avait jamais été à l’aise avec ses sentiments, il trouvait cela tellement plus simple de n’être jamais sérieux dans ses actions. Il ne devait même pas savoir comment réagir face à elle, et Jung Hee n’avait pas été là pour l’épauler. Il s’en voulait, tellement.

- Je suis désolé Kangah.
- De quoi ?
- Je suis désolé de n’avoir rien vu.
- De quoi tu parles enfin ?
- De n’avoir pas vu que tu étais tombé amoureux d’elle.

Kang Dwa s’était préparé à lui sortir une réplique cinglante, il était prêt mais la réponse du jeune homme le laissa scotché. Comment son meilleur ami pouvait-il aussi bien lire en lui, alors même qu’il n’avait rien laissé entrevoir ces dernières semaines ? Cela faisait si longtemps qu’il n’avait plus parlé entre eux deux ainsi, depuis elle en fait.

- Je ne suis pas…
- Ne dis pas ça, ça crève les yeux, je ne sais même pas comment je ne l’ai pas vu.
- Peut-être que tu étais occupé à regarder autre chose.

Il ne l’avait pas voulu mais il y avait comme un ton de reproche dans sa voix. C’est vrai qu’il avait eu l’impression d’avoir perdu son meilleur ami ces derniers temps. Il n’était plus lui. Bien sûr il n’avait jamais beaucoup participé dans leurs discussions mais il était un peu plus présent que ces dernières semaines.

- Je suis vraiment désolé, Kangah, je… Peut-être bien que je suis tombé dans le piège moi aussi.
- On est vraiment deux idiots, non ?
- Je… Oui.
- Je ne tenterais rien.
- Hein ?
- Ce n’est pas moi qui l’ai vu le premier.
- Arrête.
- Non, je ne rigole pas. Tu as ta chance. Mais sache que si elle te rejette, amitié ou pas, je tenterais le coup.
Jung Hee le regarda d’un air surpris, il avait très bien compris ce que cela impliquait mais il ne pensait pas un jour qu’une telle chose arriverait. Kang Dwa finit par sourire à son ami et lui dit qu’il n’arrêterait pour autant pas d’embêter la jeune fille tant que Jung Hee ne se déclarerait pas à elle et qu’il savait donc ce qui lui restait à faire. Jung Hee rit alors comme peu souvent. Son meilleur ami était vraiment son meilleur allié. Il savait pourquoi c’était lui qu’il avait choisi et cela depuis tout petit. Jung Hee n’avait jamais été sans Kang Dwa et on n’avait jamais vu Kang Dwa sans Jung Hee. Les deux petites terreurs depuis l’école maternelle. Le pitre et le mystérieux. Ils étaient complémentaires et en même temps avaient des goûts similaires. Cela ne faisait que le prouver une nouvelle fois.

Et c’était vrai qu’il était peut-être temps pour lui d’agir. Cela faisait deux ans maintenant, deux ans qu’elle ne le calculait que pour le regarder avec froideur. Elle ne l’aimait pas, il le savait, ce n’était même plus une histoire de certitude, c’était connu. Elle n’approuvait pas ses actes, et encore moins ceux de ses amis. Il n’avait pas vraiment eu besoin de lui parler pour le savoir, cela se lisait sur son visage. D’ailleurs Kang Dwa s’était souvent demandé d’où venait cette haine de la jeune fille envers son meilleur ami. Enfin, les raisons il les connaissait mais, il avait l’impression que seul Jung Hee faisait les frais de cette sorte de colère. Faisait-elle ne serait-ce qu’un peu attention à lui ? C’est vrai que d’habitude elle était plutôt du genre indifférente avec ce qui se passait à l’extérieur, pourquoi elle le remarquait lui ?

Jung Hee ne savait pourtant pas comment aborder la jeune fille sans se faire rejeter, et cette question tournait sans cesse dans son esprit, au point qu’il en rêvait même la nuit. La réponse ne vint que la veille de l’émission. Comme chaque matin, Jung Hee était assis au fond du bus avec ses amis. Il n’aimait pas forcément cette place mais Kang Dwa insistait toujours et il finissait par céder, il se mettait alors contre la vitre et il regardait le paysage tout en écoutant d’une oreille discrète ce que disaient les autres. Au bout de quelques arrêts, il avait cependant relevé la tête, il avait comme senti sa présence. Il avait bien sûr remarqué qu’il n’était pas loin de sa rue, et par conséquent que le bus venait de s’arrêter à son arrêt mais c’était étonnant qu’il la sente si proche de lui. C’est là qu’il vit qu’elle ne se trouvait qu’à quelques sièges de lui. Elle ne venait jamais dans le fond, elle avait comme sa place attitrée devant. Par un léger coup d’œil, le jeune homme remarqua que celle-ci était déjà prise. Kang Dwa qui avait remarqué les observations de son meilleur ami décida d’agir.

- Yi NaYung s’aventure plus loin que deux rangées de siège, mais que lui arrive-t-il ? T’avais une envie d’aventure NaYuuuung ?

Bien que le ton soit ironique, Kang Dwa n’en menait pas vraiment large. Il aurait aimé pouvoir l’appeler d’un autre petit nom affectueux que cette sorte de moquerie. Il aurait aimé que ce soit à côté de lui qu’elle s’assoit. Pourtant il essaya d’évacuer tout cela de ses pensées quand il sentit de nouveau la présence de son meilleur ami qui le regardait d’un air noir. Une de leurs amies choisit de continuer la moquerie en arrachant littéralement les écouteurs des oreilles de la jeune fille. NaYung se contenta pourtant de récupérer ses affaires, sans un mot de plus, bien que son regard semblait dur. Pourquoi ne répondait-elle tout simplement pas pour la remettre en place ? Elle en était capable, il en était sûr. Quand le regard de la jeune fille s’arrêta plus loin, Kang Dwa sentit une boule se former dans son ventre. Elle avait regardé un instant Jung Hee, comme si elle espérait quelque chose de sa part. C’est à ce moment-là que ce dernier avait tourné la tête pour ne pas avoir à lui faire face et maintenant il semblait pensif. Il resta dans ses pensées tout le reste du trajet et il traîna même quand il fut temps de descendre. Kang Dwa était parti plus en avant et s’arrêta soudainement en remarquant son absence. Quand il se retourna, il vit le jeune homme s’approchait légèrement de la jeune fille comme il ne l’avait jamais fait encore. Il sembla à Kang Dwa que Jung Hee lui avait glissé quelques mots mais il ne pouvait pas en être sûr. Quand le jeune homme revint vers lui, il lui lança un regard interrogatif, il voulait savoir.

- Si tu as froid, pense à t’habiller plus chaudement.

Il avait seulement soufflé ces quelques mots, comme s’il ne lui avait rien dit. Il était parti aussi tôt, il ne voulait pas avoir à faire face à un quelconque rejet. Bien sûr, il aurait préféré lui dire de venir dans ses bras plutôt que de s’habiller plus chaudement, mais il se savait lui-même pas aussi lourd. Il fit juste un hochement de tête à l’égard de son meilleur ami pour lui faire comprendre que ce n’était rien. Il ne lui avait pas reparlé de la journée, et peu à peu il s’était refermé. Ce n’était pas une si grande avancée que cela finalement. Elle ne l’avait même pas regardé depuis. Mais le pire fut le lendemain quand elle arriva entourée des EXO. Jung Hee n’était pas fan d’eux, mais il connaissait le groupe. Au moment où le maknae mit son bras sur les épaules de la jeune fille, les deux meilleurs amis crurent qu’ils allaient exploser. Comment ce jeune homme pouvait-il se permettre une si grande proximité avec elle. Les rumeurs avaient commencé à circuler, et les filles du groupe n’arrêtaient pas d’en parler pendant l’heure du déjeuner, ce qui exaspéra le jeune homme qui se leva d’un bond en colère prétextant qu’il avait besoin d’aller faire un tour.

- Qu’est-ce qu’il a Jung Hee ? On a dit quelque chose de mal ?
- Rien, soupira Kang Dwa, comprenant bien que les choses n’allaient pas aller en s’arrangeant.

Pourquoi avait-il fallu que la situation tourne ainsi alors que son meilleur ami avait enfin décidé à s’approcher d’elle ? Jung Hee marchait sans vraiment savoir où il allait quand il se retrouva alors à côté d’elle, il ne la vit pas tout de suite, pourtant il se calma instantanément. Il s’assit à côté d’elle, comme si cela était naturel, comme s’ils étaient amis depuis toujours. Il regardait la cour au loin, cherchant les mots. Il ne savait même pas s’il voulait lui dire quelque chose. En réalité, il ne savait plus rien, il était perdu.

- Alors tu es fan des EXO ?

C’était tout ce qu’il avait réussi à sortir mais apparemment elle ne semblait pas du tout encline à lui répondre. Comprenant au bout de quelques minutes qu’elle ne lui répondrait pas, il soupira et demanda en se levant s’il pourrait espérer entendre sa voix un jour. Actuellement il en avait marre de tout, ce qu’il ne savait pas c’est qu’il était jaloux. Mais maintenant ce qui était sûr c’est qu’il allait faire encore plus attention à elle. Il retourna pourtant en cours, mais il regarda par la fenêtre pendant tout le cours tandis que Kang Dwa tentait de le faire sourire.

- Hey JungHi ! Tu te souviens que tu viens manger chez moi ce soir !
- Si j’avais le malheur de l’oublier, tu me le ferais payer pendant des millions d’années, n’est-ce pas ?

C’était une tradition depuis qu’ils étaient petits. Aujourd’hui, il y avait exactement 100 jours entre leurs deux anniversaires. Ils mangeaient toujours chez l’un ou l’autre ce jour-là. Ce n’était peut-être pas un évènement important mais c’était une date clé de leur amitié. Ils partirent donc en direction du domicile du jeune homme mais cette année, Jung Hee était encore moins bavard que d’habitude.

- JungHi, JungHi ! Tu ne vas pas faire la tête toute la soirée quand même.

Après cette phrase, le jeune homme avait décidé de ne plus être égoïste, il savait tous les efforts que faisait son meilleur ami pour lui alors il décida d’oublier tout cela le temps d’une soirée, de leur soirée. Ils avaient évidemment veillé tard après avoir joué aux jeux vidéo un certain temps et bien évidemment le réveil du lendemain fut bien plus difficile que prévu. A vrai dire, ils ne l’entendirent même pas et c’est un livreur qui finit par les réveiller en sonnant à la porte d’entrée. Ils se levèrent d’abord affolés puis quand ils comprirent qu’ils étaient réellement en retard, ils ne se pressèrent plus. De toute façon, c’était trop tard. Enfin arrivés à l’école, des bruits de couloir courraient tout autour d’eux.

- Oh vous avez vu ce qui s’est passé ce matin ?
- Ah oui, les filles qui ont encerclé NaYung ?
- Elle n’a eu que ce qu’elle méritait ! Depuis quand elle aurait droit de fréquenter les EXO ?

Chapitre 40 – Flashback – Troisième Partie

Rappel :
- Oh vous avez vu ce qui s’est passé ce matin ?
- Ah oui, les filles qui ont encerclé NaYung ?
- Elle n’a eu que ce qu’elle méritait ! Depuis quand elle aurait droit de fréquenter les EXO ?

Contrairement à son habitude, Jung Hee réagit au quart de tour et ce n’était pas Kang Dwa qui allait l’arrêter. Il voyait également rouge et se sentait soudainement coupable d’être arrivé en retard. Ils auraient sans doute pu faire quelque chose s’ils étaient arrivés à l’heure.

- C’est quoi l’histoire avec NaYung ?

Les jeunes filles s’arrêtèrent soudainement de parler, elles gloussaient légèrement et leurs joues s’étaient presque instantanément teintées de rouge mais Jung Hee n’avait pas le temps qu’elles se remettent du choc qu’il leur parle. Il voulait savoir ce qui s’était exactement passé le matin même.

- J’ai posé une question.

Les filles reculèrent d’un pas comme si elles avaient peur qu’il les frappe. Ce n’était pas non plus pour rien qu’il avait acquis sa réputation et que toutes ses rumeurs étranges tournaient sur lui. On ne savait pas réellement de quoi il était capable et là avec son regard noir, on aurait pu croire qu’il était capable de tout justement.

- Elle… Elle, tenta une des filles.
- Elle ? Je n’ai pas toute la matinée.
- Vous n’avez pas entendu ce que mon pote demande ? intervint alors Kang Dwa, il vous demande ce qui s’est passé avec NaYung ce matin, vous aviez l’air d’être contentes de jacasser dessus il y a quelques minutes alors pourquoi semblez-vous tout d’un coup aussi timide à en parler. C’est Jung Hee qui vous fait peur ? Alors dites-le moi et oubliez mon pote un moment.

Les jeunes filles hochèrent rapidement de la tête puis se concentrèrent sur le jeune homme en essayant au possible d’oublier Jung Hee qui avait tout de même une présence indéniable.

- Quand NaYung est arrivée à l’école ce matin, elle s’est faite coincée par la bande de Jwon Hae. Elles l’ont bloqué contre le mur et de ce qu’on sait elles l’auraient légèrement bousculée, peut-être même un peu étranglée, enfin elles ont serré leurs mains autour de son cou et elles lui ont pris son petit-déjeuner et….

Avant même que la jeune fille n’ait pu finir sa phrase, Jung Hee était déjà parti telle une furie à travers les couloirs. Kang Dwa l’appela mais c’était un geste vain et il le savait. Il ne pouvait rien faire à ce moment-là pour calmer Jung Hee et au fond, il en n’avait même pas envie. Il était tout aussi en colère mais comme il l’avait dit il y a quelques jours, il laissait l’honneur à son meilleur ami. Il le suivit juste pour être sûr de pouvoir le retenir s’il allait vraiment trop loin. Enfin c’était sans doute plus pour l’aider que pour le retenir qu’il le suivait réellement. Alors que Jung Hee marchait, ou plutôt courait, dans les couloirs, les autres élèves s’écartaient pour le laisser passer et déjà des murmures commençaient à s’élever. Tout le monde se demandait ce qui avait bien pu se passer pour que le jeune homme ait l’air de vouloir tuer quelqu’un. Il était plutôt du genre à rester en dehors des histoires, ou à ne pas réagir habituellement. Alors pourquoi avait-il à ce moment-là un regard aussi froid qui aurait fait trembler n’importe quelle personne qui aurait osé le confronter à ce moment-là. Il avançait sans même demander d’informations, on aurait dit qu’il savait exactement où il devait aller chercher et apparemment il ne se trompait pas car il fut bientôt devant les trois agresseurs de la jeune fille. Il ne prit même pas la peine de leur demander si c’était vrai ce qu’on racontait, il savait déjà que ça s’était réellement passé, au moins une partie et rien que le fait qu’elles aient pensé à élever la voix contre NaYung était un crime à ses yeux. Jwon Hae, d’abord contente de voir que Jung Hee lui adresser enfin un peu d’attention, prit peur devant le regard fou du jeune homme. Avant même qu’il ne puisse prononcer un seul mot, elle prit la parole.

- Jung Hee mais qu’est-ce….

Mais bien vite elle se retrouva plaquée contre le mur. Elle en avait rêvée d’un tel moment, depuis longtemps, des mois, des années mêmes mais elle ne s’était jamais imaginé que ce serait aussi violent et apparemment ce n’était pas exactement pour les mêmes raisons. Elle ne voyait pourtant pas pourquoi le jeune homme avait l’air aussi en colère contre elle. Elle n’avait rien fait de mal, tout du moins pas plus que d’habitude. Il serrait fort ses mains contre le cou de la jeune fille et déjà elle avait l’impression de ne plus pouvoir respirer. Il était pourtant loin de l’étrangler aussi fort qu’il l’aurait voulu, peut-être un semblant de raison lui restait à l’esprit. Les deux amies de la jeune fille étaient affolées mais avaient trop peur pour faire quoi que ce soit. Elles ne comprenaient pas non plus comment la situation avait pu tourner aussi dramatiquement et elles adressaient un regard noir à Kang Dwa qui ne faisait rien pour stopper son meilleur ami. Ce dernier ne manqua pas de leur rendre ce regard noir.

- A votre place, je n’essaierais pas de m’énerver, parce que pour l’instant je laisse à Jung Hee l’exclusivité de régler cette histoire mais cela ne me dérangerait pas de vous en faire voir de toutes les couleurs.

Déjà des exclamations s’élevaient tout autour d’eux. Personne n’avait pu résister à l’envie de voir pourquoi Jung Hee était aussi énervé et déjà les surveillants accouraient pour séparer le jeune homme de la jeune fille.

- Jung Hee ! PARK JUNG HEE ! Mais tu ne vas pas bien ! Tu es complètement malade !

Le jeune homme ne faisait pas attention à eux, il ne regardait que Jwon Hae, dans les yeux. Pour la première fois de sa vie, la jeune fille aurait voulu que Jung Hee ne fasse pas attention à elle. Ils s’y prirent à plusieurs fois pour séparer les deux jeunes gens et Jung Hee n’hésita pas à se débattre.

- Jung Hee mais tu es devenu complètement fou ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

Il ne voulait pas leur répondre, les entendait-il seulement. Il n’avait pas quitté des yeux la jeune fille et il se mit alors à déverser son venin sur elle.

- Alors ça fait quoi de se faire étrangler ? T’as eu peur de ne plus pouvoir être capable de respirer un jour ? T’as cru en finir ? T’as eu peur que j’aille plus loin ?
- Jung Hee ! Mais il t’arrive quoi là !
- REPONDS.

La jeune fille avait du mal à reprendre ses esprits, elle n’avait même pas remarquée que les mains du jeune homme n’enserrait plus son cou tellement elle sentait encore sa force autour de cette partie de son corps. Déjà des larmes piquaient le coin de ses yeux, elle ne s’était jamais sentie aussi faible et aussi humiliée. Bien qu’elle ne fasse pas partie de la bande de Jung Hee, elle n’avait jamais eu de problèmes avec eux. Elle ne comprenait plus rien. Elle choisit pourtant de s’emporter, d’aller contre lui et elle savait qu’elle avait les surveillants avec elle. C’est avec cette idée qu’elle releva la tête et qu’elle sentit la force reprendre peu à peu place dans son corps et son esprit.

- T’es complètement taré Jung Hee ! Je me demande encore comment j’ai pu vouloir être avec toi ! Les gens comme toi devraient être enfermés !

C’est à ce moment-là précisément que le jeune homme réussit à se libérer de l’emprise des surveillants qui ne s’étaient pas vraiment attendus à cette réponse de la jeune fille. Cette fois-ci, il s’approcha calmement de la jeune fille avec un sourire narquois au visage qui n’augurait rien de bon.

- Alors pourquoi n’es-tu pas enfermée Jwon ? Je n’ai fait que répéter ce que tu as fait subir à Yi Nayung ce matin. Tu ne t’en rappelles pas ?
- Ce n’est pas moi qui…
- Je m’en fous de savoir laquelle de vous trois a osé l’étrangler. Ce que je sais c’est que tu n’as rien fait pour l’en empêcher.
- Tu crois que tes amis sont des enfants de cœur ?
- Je n’ai jamais dit le contraire, mais alors ne le prends pas aussi mal si je t’étrangle, c’est quelque chose de… banal non ?

Ce fut alors à cet instant qu’il sembla remarquer la présence des surveillants, il se retourna en effet vers eux, avec toujours le même sourire malsain qui, malgré eux, leur fit froid dans le dos. Jung Hee était un garçon intelligent qui savait ne pas s’attirer plus d’ennuis que nécessaires. Il l’avait prouvé maintes et maintes fois. Bien que sa bande soit connue pour des actes plus ou moins répréhensibles, lui n’était jamais coupable. L’innocent et froid Park Jung Hee.

- Et vous ? Vous étiez où ce matin quand NaYung s’est faite agressée ? C’est marrant comme vous avez accouru rapidement lorsque j’ai attaqué Jwon Hae.
- Ce n’est pas comme si tu avais été discret non plus Jung Hee. Tu as traversé les couloirs en furie, c’était compliqué de te louper. Maintenant tu nous suis, tu vas avoir droit à une petite visite personnelle du bureau du proviseur !
- Je vous suis dans trente petites secondes. J’ai d’abord quelque chose à récupérer.

Il s’avança alors de nouveau vers la jeune fille mais ne lui lança même plus un seul regard, elle n’avait jamais mérité son attention, ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. Il prit avec violence le sac de cette dernière, l’ouvrit et prit le déjeuner de NaYung qu’elle lui avait volée le matin même. Et alors qu’il partait à la suite des surveillants, Jwon Hae osa répliquer en pleurs et en cris.

- POURQUOI ? POURQUOI CA TE TOUCHE TELLEMENT ? QU’EST-CE QU’ELLE T’A FAIT ? ELLE T’A ENVOUTEE C’EST CA ? QU’ELLE AIT LES EXO NE SUFFIT PAS, IL FAUT AUSSI QU’ELLE T’AIT TOI ?

Le jeune homme ne prit pas la peine de répondre, mais il savait à présent que ses sentiments étaient dévoilés au grand jour, il ne pouvait plus les nier. Il était tombé incommensurablement amoureux d’elle. Il ne l’avait pas prévu, c’était arrivé comme ça. Il voulait la protéger, qu’elle n’ait plus jamais à vivre une telle scène. Il avait à présent mal au ventre, coupable d’être arrivé en retard ce matin, de ne pas avoir prévu ce revirement des choses. Il aurait voulu être là pour se mettre entre elle et Jwon Hae, la prendre dans ses bras et s’éloigner. Il ne savait pas pourquoi mais c’était ainsi qu’il se sentait à présent, mal. Il n’avait jamais véritablement expérimenté cela : avoir peur pour quelqu’un d’autre, vouloir faire le bonheur de quelqu’un d’autre. C’était réellement quelque chose de nouveau pour lui.

L’entretien avec le proviseur ne dura pas bien longtemps, il n’avait pas d’antécédents malgré ses relations. Il ne parla pas pendant tout le rendez-vous, il se contentait de regarder la porte, il avait hâte d’aller voir NaYung. Il voulait la rassurer, la prendre dans ses bras, lui chuchoter des mots réconfortants à l’oreille. Il ne s’était jamais senti aussi mielleux et si attentionné envers une personne qu’à cet instant. Le proviseur ne fit même pas attention au fait que le jeune homme soit complètement ailleurs et finit par le laisser partir sans autre chose qu’une réprimande et une promesse qu’il ne recommencerait pas à porter atteinte à la vie de Jwon Hae. Le jeune homme sortit rapidement de la salle, ne prit même pas le temps de raconter comme cela s’était passé à Kang Dwa et parcourut les couloirs à la recherche de la jeune fille. Evidemment, il ne la trouva pas et il dut repartir avec l’esprit embrumé à l’endroit où sa bande se retrouvait habituellement. Les autres ne comprenaient pas, ils n’avaient pas vu l’évolution des sentiments du jeune homme. Il n’y avait que Kang Dwa qui était au courant après tout. Le déjeuner se passa en silence, chacun craignant un nouveau débordement de colère de sa part.

D’ailleurs le jeune homme les quitta rapidement pour aller s’asseoir dans un coin, un peu plus tranquille, le coin de la jeune fille, au fond de la cour. Il avait espéré un instant l’y trouver mais il se doutait bien que c’était bien trop exposé pour elle. Il se demanda si elle n’était tout simplement pas rentrée chez elle, ce qui aurait été tout à fait compréhensible mais il avait du mal à croire à cette hypothèse, ce n’était pas le genre de la jeune fille. Il ouvrit alors la boîte du déjeuner et il y découvrit un mot. Il n’aurait pas dû mais il le lit quand même.

« Essaie de passer un bon déjeuner NaYung-shi ! Kyungsoo Oppa. »

Il ne put s’empêcher de ressentir un petit pincement de jalousie au cœur, tel un pic de glace. Les aliments étaient soigneusement disposés et on voyait que le jeune homme avait mis tout son cœur pour que le rendu soit harmonieux. Jung Hee referma la boîte, il devait la lui rendre. Il savait qu’il ne voulait pas qu’elle se rapproche encore plus des EXO, mais il savait aussi qu’il se sentirait coupable de lui voler ce déjeuner. Il repartit vers les couloirs juste avant que les cours commencent, les autres élèves n’avaient d’ailleurs pas encore retrouvé le chemin des couloirs, trop obnubilé par le beau temps à l’extérieur et par le sentiment de fainéantise qui devait alors les habiter. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit au loin la silhouette de celle qui le faisait réagir aussi vivement. Il essaya de calmer sa respiration et les battements de son cœur. Il se trouvait à cet instant complètement ridicule d’avoir aussi peur de l’approcher, aussi peur d’un rejet. Il serrait le déjeuner comme si cela lui donnait un peu plus de courage dans ses actes et il avança pas après pas jusqu’à arriver à hauteur de NaYung.

- NaYung ! On peut parler ?