Titre: you're my oppa
Genre: G
Auteur: Hell F.
Crédit: Les EXO ne m'appartiennent pas, ni aucun idole d'ailleurs, le reste oui DON'T TOUCH MY GUYS

Oui je sais encore une nouvelle fiction... Je suis irrécupérable que voulez-vous, mais ça va me donner l'envie pour BROTHERS. Et puis vous n'allez pas vous plaindre si? SI??? Allez première partie du prologue (oui pour une fois j'ai un long prologue)

You’re my oppa

Prologue

Partie 1

- Na Yung, mange au moins quelque chose avant de partir.

La jeune fille interpellée se contenta de regarder sa montre et de secouer doucement sa tête de gauche à droite. Elle n’avait pas le temps de petit-déjeuner, elle allait louper son bus. Elle s’efforça de sourire légèrement à sa mère afin de ne pas l’inquiéter plus que nécessaire puis, sac sur l’épaule, elle se dirigea vers la porte d’entrée. Sa mère la rattrapa rapidement pour lui donner son déjeuner et déposer une bise sur la joue afin de lui souhaiter une bonne journée. Cependant, comme d’habitude, Na Yung se décala légèrement pour ne pas recevoir ce geste d’affection. Sa mère la regarda un instant attristée puis la laissa partir, résignée. Na Yung n’était proche de personne autant physiquement qu’émotionnellement parlant. Elle était distante avec les autres et parlait peu. Pendant un temps, sa mère avait mis cela sur le compte de la timidité, cependant elle voyait bien que cela allait un peu plus loin qu’un simple manque de confiance en soi. Un jour, elle avait essayé de convaincre la jeune fille de voir un psychologue mais cette dernière avait refusé catégoriquement et il fallait savoir que, bien que la jeune fille ne parle peu, elle pouvait avoir un sacré caractère quand on la cherchait. La jeune maman avait bien senti qu’après ce jour-là, Na Yung avait mis encore plus de distance entre elles.

La jeune fille avait dû courir pour attraper le véhicule scolaire. Elle rentra légèrement essoufflée mais n’oublia cependant pas d’incliner de quelques degrés sa tête en direction du chauffeur. Il lui répondit par un sourire, sachant qu’il n’aurait pas plus de réponse de la part de l’élève. Cette dernière constata d’un seul coup d’œil que la place qu’elle occupait quotidiennement était prise. Loin d’elle l’idée de faire un scandale pour une place publique, elle partit s’asseoir plus loin. Elle détestait pourtant les places de derrière du fait des jeunes gens qui s’y trouvaient. La bande la plus populaire de son lycée, menée par un certain jeune homme répondant au nom de Park Jung Hee. Devant, au moins, elle ne risquait pas d’être dérangée. A peine fut-elle assise que les remarques commencèrent à fuser.

- Yi NaYung s’aventure plus loin que deux rangées de siège, mais que lui arrive-t-il ? T’avais une envie d’aventure Na Yuuuung ?

Le jeune homme avait bien appuyé sur la dernière syllabe de son prénom pour marquer l’ironie au cas où elle ne se remarquerait pas déjà assez. Elle choisit pourtant de ne rien répondre et prit ses écouteurs pour les mettre sur ses oreilles. La musique qui s’en échappa la tranquillisa pour un temps. Pourtant, le répit fut court. On lui retira les écouteurs des oreilles de manière assez violente. Elle regarda la jeune fille qui venait d’effectuer ce geste d’un air noir, pourtant elle ne dit rien et se contenta de récupérer ce qui lui appartenait. D’un coup d’œil, elle remarqua Jung Hee assis plus loin qui, lui, ne semblait pas du tout faire attention à la scène. Il ne l’avait jamais embêté et apparemment il ne comptait pas commencer aujourd’hui. Elle soupira légèrement et tenta de retourner à ses occupations initiales, en vain. Même la voix de D.O. ne parvenait pas à calmer l’énervement qui l’habitait alors. En sortant du bus, elle tremblait même de colère. En passant à côté d’elle, Jung Hee qui était resté en retrait de ses amis lui glissa doucement.

- Si tu as froid, pense à t’habiller plus chaudement.

Elle le regarda interdite. Venait-il bien de lui parler ou avait-elle rêvée ? Il continua pourtant son chemin comme si de rien n’était. Elle secoua sa tête dans tous les sens pour reprendre ses esprits, il devait se foutre d’elle. En plus de cela, elle ne tremblait pas de froid mais de colère. Dans ses pensées, elle ne remarqua pas qu’elle était déjà arrivée devant le seuil de sa classe de cours. Elle baissa alors la tête pour ne pas faire face à ses camarades de classe et se dirigea vers sa place. Elle garda la tête baissée jusqu’à ce que le professeur rentre, où elle fut bien obligée de se lever. Ensuite, elle se concentra sur les dires de ce dernier pour prendre soigneusement des notes. Elle ne prêta donc pas garde aux chuchotements des filles du dernier rang qui discutait sûrement mode et vêtements, comme d’habitude.

A sa grande surprise, la journée passa rapidement. Elle avait mangé en dehors du self le déjeuner préparé par sa mère afin de ne pas être dérangé par les autres élèves et elle avait eu mathématiques l’après-midi, sa matière favorite. Na Yung travaillait convenablement sans pour autant se tuer à la tâche, pourtant elle était bonne élève. C’était d’ailleurs le fait qu’elle le soit et ce mutisme volontaire qui lui valaient les murmures de ses camarades qui ne comprenaient pas très bien son comportement. Cela faisait à présent cinq ans qu’elle était arrivée dans cette école et étonnamment, elle ne s’était liée à personne. Elle se contentait de venir en cours, de prendre des notes et d’écouter sagement les professeurs, puis de repartir. Les seuls moments où elle n’était pas en classe, elle les passait, écouteurs placés dans les oreilles. Personne ne savait très bien ce qu’elle écoutait à longueur de journée, et franchement, tout le monde s’en fichait.

Elle rentra chez elle comme elle était arrivée, en bus. Et cela tombait plutôt bien, car il pleuvait à torrent dehors. Avant de sortir, elle mit sa capuche, musique dans les oreilles et se dirigea vers la porte d’entrée. Elle prit ses clefs et entreprit d’ouvrir la porte. Mais quand elle voulut abaisser la poignée, elle s’aperçut qu’elle venait de fermer à clef la porte d’entrée. Elle ne comprit pas tout de suite et mit donc du temps avant de remettre les clefs dans la serrure pour finalement ouvrir la porte. Elle entra la peur au ventre. La maison n’était pas censée être ouverte, sa mère n’arrivait que bien après elle du travail. Na Yung n’était pas vraiment du genre paranoïaque mais il fallait bien avouer que là elle ne faisait pas la fière. Quel soulagement ce fut de voir sa mère débarquée devant elle. Cependant, la peur revint à nouveau dans ses entrailles. Que faisait sa mère si tôt à la maison ? Cette dernière ne tarda pas à lui donner plus de détails, enfin pensa-t-elle.

- Na Yung, va prendre ta douche et prépare ta valise.

Non finalement, cela ne rassura pas la jeune fille. Pourquoi devait-elle préparer sa valise et surtout pourquoi sa mère paraissait aussi calme à cette idée. Elle aurait dû être affolée ou au contraire bondir de joie. Mais non elle était neutre. On était en pleine année scolaire, Na Yung avait cours le lendemain matin et elle devait préparer sa valise. Il y avait quelque chose qui clochait. Cependant, elle n’eut pas la force de répliquer quoique ce soit et partit dans la salle de bains. Après tout, après la pluie qu’elle venait de se prendre, se doucher aussi tôt n’était pas une si mauvaise idée que ça. Elle se surprit à penser à Park Jung Hee. Elle ne comprenait pas son attitude. Il ne lui parlait jamais, il ne s’occupait même jamais d’elle. Il laissait ses amis se moquer et il ne participait jamais. Quand elle sortit de la salle d’eau, elle aperçut sa mère dans sa chambre. Elle s’en approcha, curieuse de sa présence là-bas. Elle avait posé une valise sur le lit de la jeune fille et commençait à préparer les affaires de cette dernière. Na Yung n’y fit pas attention et prit son pyjama pour s’habiller. Sa mère la voyant faire, l’arrêta immédiatement.

- Ne te mets pas en pyjama. Habille-toi.

Là, Na Yung devait avouer que la curiosité était trop forte pour laisser passer. Elle devait préparer sa valise, prendre sa douche plus tôt et elle ne se mettait pas en pyjama ? Elle regarda d’un air interrogatif sa mère pour avoir des explications.

- Tu vas partir quelques temps de la maison pour…

La jeune femme semblait chercher ses mots pour expliquer la situation à sa fille. Et vu son air perplexe, elle ne savait pas comment lui annoncer ce qu’elle avait à dire. Les explications ne semblaient pas être pour maintenant.

- C’est une surprise. Dépêche-toi de t’habiller et aide moi à finir ta valise.

La jeune fille ne répliqua rien et s’exécuta. Sa mère avait sûrement de bonnes raisons d’agir ainsi et elle lui faisait confiance. Elle n’oublia pas de glisser son mp3 dans son sac et entreprit de mettre elle-même sa valise dans le coffre de la voiture. De nouveau les écouteurs sur les oreilles, elle posa sa tête contre la fenêtre, sentant l’humidité fraiche de la vitre due à la pluie sur son visage. Elle était fatiguée mais ne se plaignit pourtant pas de la route. Elle se contenta de fermer les yeux et d’écouter la musique emplir son esprit. Elle ne réouvrit les yeux qu’à leur arrivée. Elle sortit de la voiture sans conviction jusqu’à relever la tête vers le bâtiment où elle se trouvait. Un immeuble, un simple immeuble. Une adresse qu’elle ne connaissait pas.

Chapitre 41 – Flashback – Quatrième Partie

- NaYung ! On peut parler ?

La jeune fille se retourna vers lui pour adresser un regard qui ne pouvait même plus être caractérisé de noir, c’était bien plus fort comme sensation. Jung Hee se prit alors toutes les émotions que la jeune fille tentait de refouler en elle en pleine face. Il ressentit à quel point elle avait été blessée, à quel point elle se sentait mal, à quel point elle avait besoin d’être seule et pourtant il ne voulait pas la laisser. Mais il comprit cependant qu’il devait la laisser partir, il n’avait pas le droit d’en demander plus. Après tout, il savait qu’elle ne l’aimait pas et après l’épisode de ce matin, cela n’allait pas aller en s’arrangeant, il en était certain. Il repartit alors et passa devant Kang Dwa qui avait assisté à toute la scène sans pouvoir faire grand-chose. Lui aussi aurait voulu aller réconforter la jeune fille, pourtant à cet instant il se sentait réellement mal pour son meilleur ami. Jung Hee n’était pas forcément le jeune homme qu’il pouvait laisser paraître. Il était avant tout quelqu’un d’intelligent et de réellement observateur. Il n’était certes pas très expressif, ni même très ouvert mais il avait plein de qualités que Kang lui enviait. Il était quelqu’un de bien au fond, même s’il laissait Kang faire ce qu’il voulait. Ce n’était pas faute d’en avoir parlé plusieurs fois avec lui.

Ils rejoignirent en silence la classe, même si aucun des deux ne voulait suivre ce que leurs professeurs allaient tenter de leur expliquer. L’atmosphère s’était parfumée d’une certaine amertume et déjà l’ambiance joyeuse de la soirée de la veille semblait s’être envolée pour toujours. Ils n’eurent pas d’autre occasion de parler à la jeune fille qui partit rapidement après les cours, comme Jung Hee s’y était attendu. C’était le week-end à présent et il aurait tout fait pour avoir cours le lendemain, pour s’assurer qu’elle tenait le coup. Il n’avait même pas son téléphone, ne savait même pas où elle habitait, pour pouvoir prendre de ses nouvelles.

Ce serait mentir de dire qu’il ne s’était pas inquiété pendant deux jours entiers. Il ne cessait de penser au regard que la jeune fille lui avait lancé dans le couloir. C’était un regard brisé, la limite. C’était comme si à ce moment-là elle voulait lui faire comprendre que c’était bon, qu’elle rendait les armes, qu’elle en avait marre de tout cela, qu’elle ne pouvait plus lutter, que c’en était beaucoup trop pour qu’elle puisse encore le supporter. Durant les trois nuits qui avaient précédé le lundi, il n’avait pas réellement réussi à trouver le sommeil, il n’avait fait que se retourner dans son lit et trouver parfois quelques moments de repos qui n’avaient pas été franchement réparateurs. Il arriva donc au lycée avec des cernes marquées en-dessous des yeux, pourtant personne ne lui demanda la raison. L’image d’un Jung Hee furieux était toujours assez ancrée dans leurs mémoires pour qu’ils ne tentent rien de stupide.

- NaYung est arrivée ?
- Pas encore.

Maintenant c’était certain. Jung Hee était tombé amoureux de NaYung. Il n’y avait que cette raison qui pouvait justifier son comportement. Il se posa alors sur un des bancs qui étaient à côté de l’entrée du bâtiment principal, il ne pourrait ainsi pas louper l’arrivée de la jeune fille. D’ailleurs il n’eut pas vraiment besoin d’être réellement attentif vu tout le remue-ménage qui accompagna son arrivée. Il comprit alors qu’elle n’était pas venue seule et ne fut donc pas si étonné de voir les visages des membres d’EXO apparaître dans son champ de vision. D’abord légèrement frustré, il se dit que finalement ce n’était peut-être pas une mauvaise idée, même s’il aurait voulu qu’elle trouve réconfort auprès de lui. Il sourit cependant en voyant qu’elle avançait un peu plus en avant, sûrement guidé par la peur d’être en retard et qu’elle ne s’attardait pas pour attendre ses amis chanteurs. En tout cas maintenant ce qui était sûr c’est qu’elle était en lien avec eux. Le début de classe fut chaotique à cause de la présence des six jeunes hommes et Jung Hee s’ennuya bien vite de cet état de fait. Il trouvait ses camarades ridicules à se battre pour une place qu’ils n’avaient jamais réellement désirée auparavant. Il ne put cependant décrocher son regard de la jeune fille de toute la matinée. Elle semblait fatiguée, et avait l’air d’avoir du mal à se concentrer sur les cours, ce qui en soi n’était pas étonnant vu ce qu’il se passait autour d’elle.

Jung Hee trouva évidemment plaisant le fait que le prof de coréen veuille la faire passer au tableau, il se trouvait ainsi moins voyeur à la regarder en détail étant donné qu’elle était alors le centre de toute l’attention. Il regarda la jeune fille formait des lettres sur le tableau, et il se surprit même à tomber amoureux de son écriture. Il allait réellement falloir qu’il se sorte de cette situation, ce n’était pas possible de devenir aussi guimauve en si peu de temps. C’est vrai, il savait qu’elle l’attirait depuis déjà plusieurs années, mais c’est comme si en quelques jours, il s’était complètement transformé, et il détestait cette sensation, la sensation de ne pas vouloir la perdre. C’était d’ailleurs ridicule comme sensation alors qu’il était clair que la jeune fille le détestait.

Dans les cinq dernières minutes de cours de la matinée, le jeune homme se dépêcha de ranger ses affaires. Il souhaitait arriver à l’endroit où elle avait l’habitude de manger avant elle. Il avait besoin de lui parler, en tout cas il en ressentait de plus en plus le besoin. Il fallait qu’ils clarifient les choses tous les deux et puis c’était peut-être aussi pour s’assurer qu’elle tenait le coup. Quand il releva la tête et qu’il la vit, il se décida à s’approcher, il ne pouvait pas faiblir, il fallait qu’il soit direct pour ne pas perdre courage.

- On peut parler sans… eux.

Il avait désigné les garçons de la tête tout en parlant pour bien faire comprendre à la jeune fille qu’il voulait lui parler en privé et que cela ne concernait en aucun cas les EXO. Aucune réponse ne vint de la part de la jeune fille. Habituel. Cela exaspéra quelque peu Jung Hee qui prit soudainement son bras pour l’emmener plus loin. Après tout, si elle ne répondait pas à sa question, il pouvait bien interpréter cela comme si ce n’était pas un refus. Cependant, avant même qu’il n’ait pu faire trois pas, le plus jeune du groupe mit sa main sur son bras pour le stopper tout en le regardant fixement.

- Elle reste avec nous. Si tu veux lui parler, tu lui parles ici ?

Jung Hee voyait rouge. Il avait déjà fait un effort intérieur pour se dire que c’était plutôt une bonne chose qu’elle soit entourée des garçons après ce qui s’était passé vendredi, mais il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était un peu – beaucoup – de leur faute si elle s’était retrouvée dans cette situation-là.

- Ce n’est peut-être pas ce qu’elle veut !
- C’est un de tes amis NaYung ?

Jung Hee aurait voulu le fusiller du regard mais il se sentit comme abandonné quand elle hocha horizontalement de la tête. Il n’était pas un de ses amis, il le savait mais là c’était comme un coup de poignard dans le cœur, comme si par ce geste elle ne voulait pas seulement dire qu’il ne faisait pas partie de son entourage mais qu’en plus elle ne voulait pas qu’il en fasse partie.

- Je crois que tu as ta réponse. Maintenant si tu pouvais nous laisser tranquille, ce serait sympa.
- Tu te crois supérieur parce que t’es une idole ?
- Non. Mais ce que je sais c’est que NaYung ne veut pas te voir ici. Alors si tu pouvais partir ça m’aiderait.
- Sinon quoi ?
- Sinon rien. Mais il me semble dans ton intérêt de partir, je ne sais pas ce que tu lui veux mais ce n’est pas ainsi que tu vas obtenir ce que tu souhaites.

Jung Hee devait constater qu’il n’avait pas tort et choisit donc de partir. Il alla retrouver la bande mais ne leur adressa même pas un regard. Il se contenta de jeter son sac à terre et de donner un coup de pied dedans avec rage. Il n’aimait pas ce mec, il ne l’aimait réellement pas. Qu’il ose seulement toucher un seul cheveu de Nayung et… Kang Dwa finit par venir calmer le jeune homme. Il prit les coups comme si cela ne lui faisait rien et finit par réussir à adoucir Jung Hee en le prenant dans ses bras. Ils partirent ainsi plus loin pour parler.

Les deux jeunes hommes se posèrent sur un banc un peu reculé mais qui donnait une large vue sur la cour du lycée.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? tenta Kang Dwa.
- Rien.
- Arrête Jungie, je te connais mieux que personne et en plus vue ton arrivée, n’importe qui pourrait dire qu’il t’est arrivé quelque chose. Alors ?

Jung Hee allait raconter la petite altercation qu’il avait eu avec le maknae du nouveau groupe populaire de la SM Entertainment quand son regard fut attiré par une jeune fille traversant presque en courant la cour. Il ne mit pas longtemps avant de reconnaître NaYung. Mais il s’énerva réellement quand il vit les EXO essayaient de la rattraper plusieurs minutes plus tard.

- Non mais ils ne sont pas croyables ! Ils sont cons ou quoi !
- Jungie ! …. Non….

Le jeune homme était bien sûr parti bien avant que Kang Dwa n’est pu l’empêcher de faire quoi que ce soit. Jung Hee se posta devant eux pour les empêcher de continuer leur chemin.

- Qu’est-ce que vous lui avez fait ?
- Qu’est-ce que tu racontes ? lui répondit au tac au tac Sehun
- NaYung a traversé la cour presque en pleurs pour aller s’enfermer dans les toilettes des filles.
- Comment tu sais ça ?
- Je le sais comme tous les autres élèves qui étaient dans la cour à ce moment-là.
- Ce ne sont pas tes affaires.
- Ha, parce que ce sont peut-être les tiennes ? Ce n’est pas parce qu’elle participe à votre émission que tu es son ami pour autant. Pourquoi tu réagis aussi vivement ?
- Je n’ai pas envie de te parler tu vois.
- Ha bon ? J’ai touché un point faible Sehun-aaah ?

Jung-Hee avait insisté sur la prononciation presque fangirlisée du prénom du jeune homme. Il ne l’appréciait pas et il aurait fallu être aveugle, sourd et muet pour ne pas s’en apercevoir.

- Je ne te permets pas de m’appeler comme ça !
- Ecoute, ce n’est pas parce que tu es une idole que tu peux faire ce que tu veux. Tu n’as rien de plus que moi à part peut-être une certaine notoriété alors va voir ailleurs.
- Et c’est moi qui réagis vivement ?
- Moi j’ai mes raisons au moins.
- Et c’est quoi tes raisons ?
- Ce ne sont pas tes affaires.

Il avait prononcé cette phrase avec un petit sourire ironique. Il savait qu’il était plus ou moins en position de force et qu’il pouvait s’amuser un peu. Cependant cette situation ne dura pas et le leader du petit groupe se permit de s’interposer afin de dire qu’il était peut-être temps d’aller chercher NaYung. A peine arrivèrent-ils dans le bâtiment qu’ils virent NaYung sortir des toilettes, comme si de rien était. Alors que les garçons allaient calmement s’installer à ses côtés, Jung Hee se dirigea à sa place attitrée au fond, non sans une légère boule de haine qui grossissait dans son ventre. Il n’allait pas supporter longtemps cette situation. Il n’essaya même pas de se concentrer sur les cours et partit à l’extérieur de la salle dès qu’il put. Il voulait se calmer, aller mettre de l’eau sur son visage, reprendre ses esprits ais il fut rattrapé par le maknae.

- Viens avec moi.
- Pourquoi ?
- NaYung.

Merci **
J'avais oublié de poster le chapitre 43 donc je le mets et normalement le 44 arrive ce soir avec la fin du flashback!

Chapitre 42 – Flashback – Cinquième Partie

Jung Hee s'était pourtant préparé à répliquer par une réponse cinglante mais la réponse du jeune idole le coupa net dans son élan et il finit par le suivre sans rien demander de plus.

- Pourquoi tu veux me parler ?
- C'est quoi ta relation avec NaYung ?
- Pourquoi je te le dirais ?
- Arrête de faire genre ton timide, à d'autres ! Alors ?
- Elle n'a pas menti quand elle a dit qu'on n'était pas amis.
- Alors pourquoi...
- Attends, je n'ai pas fini. Si on n'est pas amis, ce n'est pas parce que je ne le veux pas. En fait, c'est plutôt elle le problème.
- Comment ça ?
- Figure-toi que je n'ai jamais entendu sa voix, ou peut-être quand elle répondait au prof et encore... même ça, elle ne le fait pas, elle ne participe jamais beaucoup. J'ai essayé de me rapprocher d'elle apparemment à peu près au moment où elle a commencé votre émission mais à chaque fois elle ne me répond pas. Je sais qu'elle est comme ça avec tout le monde. Elle vient ici le matin, écoute les professeurs, prend des notes et repart. Tous les jours, c'est comme ça, et je la connais depuis longtemps.

Il ne savait même pas pourquoi il lui racontait tout ça alors qu'en temps ordinaire il lui aurait dit d'aller voir ailleurs s'il y était. Peut-être qu'il avait tout simplement besoin de parler de la jeune fille avec quelqu'un qui semblait proche d'elle, ou en tout cas plus que lui – ce qui en soi n'était pas bien compliqué.

- Pourquoi tu t'es soudainement intéressée à elle alors ?
- En fait... Ça fait un petit moment que j'essaie de m'en approcher mais... Comment dire... Elle n'est pas vraiment facile à cerner. Fin bref, je ne vais pas te raconter ma vie non plus.
- T'es intéressé par elle ? Je veux dire... Plus que de l'amitié ?
- Pourquoi je répondrais à cette question ?
- Pour rien. Alors elle est toujours comme ça avec tout le monde ?
- Oui. Même l'autre jour lorsqu'elle s'est faite agressée, elle n'a pas dit un mot. Limite on pourrait croire qu'elle est muette.

Bien que la jeune idole ne le montre pas, Jung Hee put ressentir le sentiment de satisfaction qui habitait le jeune homme. Mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, la sonnerie retentit pour signaler la fin de la pause. Pendant tout le cours suivant, Jung Hee se demanda ce que ce sentiment voulait bien dire, les EXO avaient-ils peur que NaYung ne soit pas proche d'eux ? Avait-il été rassuré par le fait qu'elle soit ainsi avec tout le monde ? Il passa donc le cours plongé dans ses réflexions. Quand la sonnerie de fin de cours retentit, le directeur entra dans la salle de cours afin de parler à NaYung et aux EXO, les autres élèvres durent donc sortir mais Jung Hee ne put s'empêcher d'être un minimum curieux et resta écouter aux portes.

- Mademoiselle Yi NaYung, je pensais que les EXO allaient apporter un peu de notoriété pour mon établissement mais il se trouve que cela me donne plus de problèmes à gérer qu'autre chose. Aussi, et vu votre carnet scolaire qui s'avère tout de même assez remarquable, je pense qu'il serait profitable que, du moins pour un certain temps, vous suiviez les cours par correspondance. Cela devrait vous permettre de gérer cette émission et vos examens en même temps.

Non, non, non. Ce n'était juste pas possible. Comment il allait réussir à se rapprocher d'elle si elle ne venait plus en cours ? Il finit par partir avant qu'ils sortent de la salle. Il rentra chez lui énervé. Sa mère n'était même pas là pour lui demander comme avait été sa journée et dans le fond c'était mieux, il n'aurait pas supporté. Il avait envie de jeter toutes ses affaires au sol mais il n'arrivait pas à bouger ne serait-ce que le petit doigt. Il était là, stoïque. Il n'avait juste pas l'habitude d'être transporté par autant de sentiments à la fois : la colère, la peur, la frustration, et la tendresse. Cette putain de tendresse qu'il ne supportait déjà plus.

Pendant la semaine et demie durant laquelle la jeune fille fut absente, le jeune homme fut exécrable au possible. Il était encore plus froid, encore plus silencieux, encore plus solitaire qu'à son habitude. Il était tout simplement mal. Et la chaise vide de la jeune fille en cours ne faisait que le frustrer encore un peu plus. Il restait le moins longtemps au lycée, il n'avait aucune raison de traîner ici alors qu'elle n'y était pas. Souvent, il se disputait avec Kang Dwa pour des petites choses sans importance. Ce dernier essayait d'être compréhensif mais il était loin d'aimer le rôle de punchingball.

Le jour du retour de la jeune fille, le jeune homme traînait des pieds pour rentrer en classe. Il avait le regard dans le vide et ne s'aperçut même pas de la présence de NaYung dans la classe, il se contenta de balancer son sac sur sa table, puis de s'asseoir et de s'allonger sur l'objet. Il ne comptait pas sortir ses affaires, ni même suivre le cours et il savait que vu son humeur des derniers jours, le professeur n'oserait pas lui tenir tête. En fait, cela aurait pu être la situation rêvée si elle avait été là. Si seulement elle était là.

- Ca veut dire que tu me laisses tout le loisir de la mater en secret sans même que tu deviennes ne serait-ce qu'un peu jaloux ?

Jung Hee ne comprit pas tout de suite les paroles de son meilleur ami et mit donc du temps avant de réagir. Il se releva brusquement, faisant ainsi tomber son sac de sa table et provoquant le retournement de tous les élèves de la classe. Tous, sauf elle. Mais il s'en fichait, parce qu'elle était là, juste là, devant ses yeux et que ce n'était même pas un rêve.

- Je me disais bien que tu ne l'avais pas vu. Tu désespères de son absence depuis des jours et tu ne la remarques même pas quand elle revient ? Tu es réellement désespérant Jungie, je me demande pourquoi je t'en laisse l'exclusivité moi. Lui dit son ami d'un air narquois.

Jung Hee lui lança un regard noir mais il y avait cette petite étincelle de malice dans le coin des yeux qui laissait dire qu'il était loin d'être fâché contre son meilleur ami. Il récupéra alors son sac, le remit sur sa table et reposa sa tête sans quitter une seule fois la jeune fille du regard. Avait-elle changée ? S'était-elle rapprochée d'eux ? Elle semblait plus ouverte et en même temps, elle semblait d'une tristesse infinie. C'est à ce moment-là qu'il se fit la réflexion qu'elle dégageait réellement quelque chose, juste là maintenant. Avant il fallait aller au-delà des apparences pour voir son charme caché, là elle commençait enfin à apparaître. Sa présence commençait peu à peu à se faire remarquer et il se demandait encore comment il n'avait pas pu voir qu'elle était de retour. Il aurait voulu la voir de face pour pouvoir confirmer ses pensées mais il avait l'impression qu'elle avait pris plus confiance en elle et surtout qu'elle ne subissait plus les évènements.

Une semaine était passée depuis qu'elle était revenue et il n'avait pas pu lui parler, elle avait le chic pour l'éviter. Il était en train de marcher vers son endroit préféré pour déjeuner quand il entendit des éclats de voix qu'il connaissait que trop bien.

- Et si tu partageais ton déjeuner avec nous Yi NaYuuuuuuuung ?
- Mais c'est qu'elle est docile la petite première de la classe.

Jung Hee serra des poings, ils savaient pourtant que Jung Hee fermerait les yeux sur n'importe qui mais pas elle, alors pourquoi s'en prenaient-ils encore à elle ? N'avait-il pas prouvé ces derniers jours qu'elle était importante ? Il pensait que le temps où ses amis l'embêtaient était révolu, mais apparemment ce n'était pas le cas. Finalement il choisit d'intervenir, c'était peut-être sa seule chance pour apparaître ne serait-ce qu'un peu aux yeux de la jeune fille.

- Idiote ! Tu les laisses te prendre ton déjeuner sans même chercher à te défendre ?

Il voulait la faire réagir, il voulait qu'elle le regarde et qu'elle lui réponde, quitte à lui crier dessus, tout ce qu'il voulait était une réaction de sa part.

- Jung Hee, qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu la défends ?

Le jeune homme ne fit pas attention à son ami mais adressa un regard noir à son meilleur ami plus loin, n'avaient-ils pas convenu d'abandonner tout cela ? Kang Dwa fit un clin d'œil à Jung Hee, qui semblait vouloir dire « allez vas-y lance-toi tu es bien parti » mais Jung Hee n'était pas vraiment d'humeur à rire.

- Il me semblait pourtant vous avoir dit de ne pas l'approcher, n'importe qui mais pas elle. Je n'étais pas clair peut-être ?

Il était vrai qu'il en avait touché deux mots au groupe il y a deux semaines quand il avait fallu éclaircir la situation. Il n'avait d'ailleurs rien éclairci, il avait seulement demandé à ses amis de ne plus approcher la jeune fille. Les autres baissèrent la tête en comprenant bien la situation. Le jeune homme finit par conduire NaYung dans un endroit isolé et l'assit sur un banc. Cette dernière semblait se remettre de ses émotions quand elle ancra son regard dans celui du jeune homme qui en fut déstabilisé et avant même qu'il puisse dire quoique ce soit, elle prit la parole :

- Pourquoi moi ? Ou plutôt pourquoi les autres et pas moi ?
- Je...
Comment lui dire que c'était parce qu'elle lui faisait ressentir des sentiments qu'il n'avait jamais ressenti auparavant, qu'il avait simplement envie de la protéger comme il en n'avait jamais eu envie avant. Non, il ne pouvait tout simplement pas lui dire ça, il préféra le ton léger à la vérité.

- J'entends ta voix, il y a du progrès on dirait.
- Je ne plaisante pas.

Et en effet, elle n'avait réellement pas l'air de plaisanter, elle semblait même à bout. Pourtant le jeune homme n'arrivait pas à être sérieux tellement il était surpris qu'elle lui réponde, il n'avait pas vraiment prévu ce revirement même s'il l'avait souhaité du fond du cœur ces dernières semaines.

- Mais c'est qu'elle est en colère en plus. Yi NaYung est capable de se mettre en colère, une première.

Déjà des larmes venaient piquer le coin des yeux de la jeune fille, elle semblait réellement épuisée et Jung Hee s'en voulait déjà de ne pas réussir à réagir autrement mais s'il s'écoutait il l'aurait déjà pris dans ses bras et elle l'aurait rejetée sans aucun doute. Il était sans doute égoïste mais il n'avait vraiment pas la force de faire face à un quelconque rejet de la part de la jeune fille.

- Voilà pourquoi je ne te parle pas, parce qu'on ne peut pas parler.

C'est alors qu'elle se releva, elle allait de nouveau le fuir, il fut alors plus rapide et la retint. Dans la précipitation, et peut-être aussi parce qu'il le souhaitait vraiment, il l'avait amené contre son torse. Il ne la vit pas rougir pour autant. Mais il sentit qu'elle craquait contre lui, les larmes coulaient et il ne savait pas vraiment quoi faire alors il préféra se taire et caressa tranquillement ses cheveux d'une main d'un air pas très assuré en se rappelant que cela lui avait toujours fait du bien quand sa mère avait effectué ce geste sur lui quand il se sentait mal. Pourtant ce moment ne dura pas, elle se dégagea et prit son sac pour partir.

- Pourquoi tu fuis toujours Yi NaYung ? Pourquoi tu ne dis jamais ce que tu penses ? Je suis sûr que tu penses plein de choses mais tu te retiens toujours pour les dire. Pourquoi ?

Chapitre 43 – Flashback – Sixième Partie

Alors qu’il l’espérait secrètement mais pensait qu’elle ne le ferait pas, elle s’arrêta de marcher pour se retourner vers lui. Les larmes étaient toujours présentes sur son visage mais son regard était devenu dur.

- Tu veux vraiment que je te dise ce que je pense ?

Oui, c’était ce qu’il espérait, que pour une fois elle exprime ses sentiments, les bons comme les mauvais mais il dût cependant encaisser en mettant son orgueil de côté pour ce qui vint ensuite.

- Je pense que tu es un petit con égocentrique qui aime bien avoir sa cour qui se pavane autour de lui.

Lui savait que la réalité était toute autre même s’il ne pouvait s’empêcher de trouver ça parfois agréable mais il savait que c’était ainsi que cela rendait d’un point de vue extérieur. Il avait peut-être seulement espéré qu’elle aille au-delà des apparences mais après tout c’était peut-être trop lui en demander après ce qu’elle avait subi.

- Je pense que tu veux faire comme si t’étais un mec bien, alors qu’au fond tu ne l’es pas. Je ne sais pas pourquoi tu me protèges et en réalité je ne veux même pas savoir. Ce que je sais, c’est que tu permets que les autres subissent leurs conneries. TU jubiles quand ils se font maltraités ? Ça te fait plaisir ? Pour une fois dans ta vie, tu prends ton pied dans toute la frustration qui t’habite ?

Et ben, quand elle se lâchait ce n’était pas à moitié. Au moins elle avait remarquée qu’il la protégeait mais apparemment c’était loin de l’impressionner ou de la faire sentir privilégiée par rapport aux autres. Non, au contraire, ça avait plutôt l’air de l’énerver, et surtout de le rendre encore plus coupable d’agissements qui n’étaient pas les siens.

- Je… tenta-t-il pour se défendre un minimum.
- Je n’ai pas fini. Je ne sais pas pourquoi tu viens me parler. Je ne sais pas pourquoi tu les as arrêtés. Mais arrête. Laisse-moi régler ça toute seule.
- Parce que t’appelle ça régler toi ? Juste leur donner ce qu’ils veulent ?

Il voulait la faire réagir, il ne comprenait pas pourquoi elle se laissait autant faire alors qu’elle aurait pu tout faire arrêter en leur clouant le bec. Pourquoi ne réagissait-elle donc pas ?

- C’EST PEUT-ÊTRE TOI QUI T’ES FAIT ETRANGLEE IL Y A DIX JOURS POUR CE PUTAIN DE DEJEUNER A LA NOIX ? NON ! Non ce n’est pas toi ! Toi, tu es de l’autre côté ! Tu ne sais pas ce que c’est de te réveiller chaque nuit, les mains autour de cou pour s’assurer qu’on n’est pas encore en train d’écraser ta gorge. Alors ne me dis pas ce que je dois faire. Ce n’est pas toi qui fais des crises d’angoisse juste parce que tu te trouves au lycée. Toi tu es le petit roi ici. Personne ne touche à l’altesse Park Jung Hee.

Ce serait mentir de dire que ce petit discours n’avait pas bouleversé le jeune homme, bien au contraire. Elle venait de lui dire tous ses sentiments, toutes ses peurs et surtout tout ce qu’il avait craint pendant son absence. Il voyait à quel point, à cet instant, elle était fragile et vulnérable, prête à tomber à n’importe quel moment, et pourtant elle restait encore debout, le regard fixe et dur à lui balancer ses quatre vérités. A ce moment, sentiment ou pas, il ne pouvait que l’admirer.

- C’est comme ça que tu me vois ?
- Et comment pourrais-je te voir autrement ?
- Je me suis brouillé avec mon meilleur ami pour toi.

Bon ok ce n’était pas vraiment la vérité mais ça avait failli arriver, ce n’était pas non plus vraiment la faute de la jeune fille et ce n’était en aucun cas parce qu’il la protégeait mais bien parce que tous les deux étaient tombés amoureux d’elle.

- Et alors ? Je dois te remercier ? Faire la révérence ? Me mettre à genoux ?
- Non, je…
- Tu ?
- Je suis idiot.
- Je ne te le fais pas dire.
- Pourquoi tu ne réagis jamais alors qu’à priori tu en as toutes les capacités ?
- A quoi ça me servirait de réagir ?
- A les faire arrêter ?
- Ils n’arrêteront pas, ils trouveront quelqu’un de plus faible que moi, quelqu’un qui pour le coup ne sait réellement pas réagir, et ils détruiront cette personne. Alors je dois être lâche et les laisser faire ?

Jung Hee n’avait jamais vu les choses de cette façon ou surtout il ne s’était pas imaginé qu’elle puisse penser de cette façon. C’était quand même impensable qu’elle pense aux autres avant même sa propre sécurité.

- Non.
- Et puis il y a longtemps que j’ai décidé de ne plus faire attention aux idiots finis.

Jung Hee eut un petit espoir de ne pas faire partie de cette catégorie vu qu’en ce moment-même on pouvait dire qu’elle faisait attention à lui, ne serait-ce qu’un minimum même si c’était pour déverser son venin de vérité.

- Ça veut dire que je n’en suis pas un ? osa-t-il demander
- Ça veut dire que tu es tellement devenu désespérant qu’il faille peut-être essayer de sauver ton cas.

C’était comme se prendre une claque sans vraiment s’y attendre. Elle avait vraiment une bonne répartie et il regretterait presque d’avoir engagé cette conversation s’il n’aimait pas autant la voir lui parler, entendre sa voix.

- Désespérant ? Je suis désespérant, ce n’est pas moi qui…
- Mais c’est toi qui baisse la tête et qui les laisse faire alors que tu as pleins pouvoirs. Alors oui. T’es le plus désespérant d’entre eux.

Quand on y réfléchissait, la logique était loin d’être fausse. Il avait déjà eu plusieurs discussions à ce sujet avec son meilleur ami mais c’est vrai qu’il les laissait faire tout ce qu’ils voulaient en totale liberté, même s’il ne cautionnait pas forcément leurs agissements et qu’il essayait de rester le plus éloigné de tout cela. En vérité, il se rendait compte qu’il était lâche, immensément lâche. Il n’était même pas capable d’agir tout simplement car il se disait que ce n’était pas son problème.

- Qu’est-ce que je dois faire alors pour que tu ne me voies plus comme cela ?
- Ce que tu dois faire ? Mais rien. Ou plutôt si. Mais tu devrais le savoir.

Jung Hee comprit qu’elle ne l’aiderait pas, que ça devait venir de lui et de lui-seul afin de lui prouver qu’il pouvait se rattraper. Il choisit alors de changer de sujet, après tout elle était encore là, il pouvait bien en profiter un petit peu.

- Ils te manquent ?
- Hein ?
- Les EXO, ils te manquent ?
- Ce ne sont pas tes affaires.

Il n’avait pu s’empêcher de lui poser la question, il était jaloux c’était un fait et la réponse de la jeune fille ne le rassura pas. En effet, ce n’était pas ses affaires, même s’il aurait voulu que ça les soient.

- Mange avec moi.
- Tu changes tout le temps de sujet comme ça ?
- Je croyais que ce n’était pas mes affaires, mais on peut continuer à en parler.
- Non, je préfère partir.
- Je croyais que j’étais le plus désespérante t qu’il fallait peut-être essayer de sauver mon cas ?

Jung Hee était vraiment prêt à tout pour qu’elle reste un peu plus même si c’était pour se faire rabaisser encore. Il avait besoin de plonger dans les prunelles chocolat de la jeune fille, bien qu’elle semble détester cela. Cette dernière roula d’ailleurs des yeux, mais finit par se rasseoir et ouvrir son sac sans un regard pour le jeune homme. Un sourire naquit sur les lèvres du jeune homme, qui ne put s’empêcher de rajouter.

- Je suis désolé.
- Pourquoi ?
- Pour n’avoir pas réagi ce jour-là.

Apparemment elle n’était pas au courant de son altercation avec Jwon Hae, et on ne sait pourquoi, il ne voulait pas qu’elle le sache. Il ne voulait pas mettre en avant le fait qu’il avait été violent, qu’il s’était mis au même niveau que cette bande de filles. Il était persuadé que ce ne serait pas au goût de NaYung qui semblait préférer les méthodes pacifistes pour régler ses problèmes.

- Quel jour ?
- Le jour où tu t’es faite agressée. Je n’étais pas dans les parages et..
- C’est bon.
- Non ce n’est pas bon, regarde comment tu es. Je vois bien que ça t’a traumatisé.
- Ça ne t’a pas empêché d’en traumatiser d’autres.
- Je n’ai pas attaqué une seule personne depuis ce jour-là.
- Mais tu ne les as pas empêchés.
- J’ai essayé !

Il avait haussé la voix sans faire exprès, il avait réellement essayé, en vain certes, mais il avait essayé.

- Quoi, le badboy devient gentil ?

JungHee soupira au surnom. Elle avait vraiment une mauvaise image de lui.

- Ne m’appelle pas comme ça.
- Pourquoi, ça ne te plaît pas ? Généralement, ça plaît pourtant.
- Je ne suis pas ce genre de gars.
- Vraiment ? Alors prouve-le-moi.
- Je…

Il allait lui faire un véritable exposé sur lui-même pour lui prouver de A à Z qu’il était loin d’être le genre de gars qu’elle croyait qu’il était, cependant la jeune fille fut plus rapide et lui coupa la parole.

- Pas par des mots, par des actes.
- Très bien. Alors garde un œil sur moi Yi NaYung, parce que je vais te montrer que je peux être un gars bien. Lui affirma-t-il avant de rajouter plus bas pour qu’elle n’entende pas : que tu verras peut-être enfin.
- Quoi ?
- Rien.
- Tu commences déjà à tricher.
- Je disais juste que tu pourrais être surprise.

Ils finirent leur repas et partirent chacun d’un côté différent. Quand Jung Hee finit par repenser à ce moment en plein cours, il réalisa alors qu’il venait d’avoir un vrai moment avec la jeune fille, chose qu’il n’avait jamais réussi à avoir en plusieurs années. Et pour un moment, s’en était un ! Elle avait pleuré contre lui, s’était énervé, avait mangé avec lui et l’avait écouté lui promettre qu’il pouvait être quelqu’un de bien. Il réfléchissait justement à comment il allait faire pour le lui prouver quand il reçut un papier de Kang Dwa qui lui demandait comment c’était passé la petite entrevue privée avec NaYung. Il sourit à son meilleur ami, à qui il n’avait pas encore eu le temps de tout raconter, chose qu’il ne ferait de toute façon pas, et lui écrivit en retour qu’il devait l’aider à montrer qu’il pouvait être un gars bien. C’est ainsi que tout commença. La bande arrêta du jour au lendemain ses agissements et le lycée connut une tranquillité oubliée. Cela faisait une semaine que cela durait et Jung Hee était vraiment reconnaissant envers ses amis de ne rien faire, de ne pas céder à leurs pulsions. Dans un premier temps, ils avaient clamés qu’ils allaient perdre en notoriété mais ils s’apercevaient aujourd’hui que ce n’était pas le cas et qu’on y gagnait aussi à se montrer gentils. Enfin, il ne fallait pas non plus exagérer, ils n’étaient pas encore prêts à faire les corvées des autres par exemple.

Jung Hee se décida au bout d’une semaine à aller trouver la jeune fille qui était comme à son habitude plus loin dans la cour à l’heure du midi.

- Alors ? Tu n’as pas remarqué comme un changement ces derniers temps ?
- Et alors, ils se cachent dans les buissons pour le faire ?
- Tu ne peux pas être juste contente ?

C’est vrai, elle pouvait quand même remarquer qu’il faisait des efforts pour qu’elle change d’avis sur lui, c’était vraiment si compliqué ? Il savait qu’elle ne le tenait pas en admiration, loin de là et qu’elle pensait qu’il avait tout pouvoir sur les autres mais ne pouvait-elle pas voir les choses de sa façon à lui ? Peut-être penserait-elle que sa vie n’était pas si rose que cela, finalement.

- Pourquoi je serais contente ? Ils ont vraiment arrêté leurs conneries ou ils ne le font juste plus devant moi ? Ce n’est pas la même chose, tu sais. Je me haïrais encore plus. Je ne veux pas fermer les yeux sur cela, moi. Et puis si tu fais ça juste pour me prouver quelque chose, ce n’est pas la peine. Ça ne me prouve rien, sinon que tu es plus stupide que je ne pensais. Ce genre de choses doit venir de toi, de ta volonté profonde, pas d’une simple volonté de me prouver que tu peux être quelqu’un de bien. Ce n’est pas ça être quelqu’un de bien. Ce n’est pas comme ça que je le vois, en tout cas.

Il comprit où elle voulait en venir et cela ne fit que lui fait un coup en plus au moral. Elle n’avait pas tort. Il savait très bien que les gens bien ne se vantaient pas de leurs actions auprès des autres, ils le faisaient simplement car ils pensaient cela juste et normal. Il ne rajouta donc rien. Cela n’aurait de toute façon pas été nécessaire et il le savait. Elle était encore fâchée et il était clair qu’elle ne l’aimait pas. Tant qu’il ne changerait pas cet état de fait, elle trouverait toujours des arguments pour contrecarrer ses actes. Il sourit cependant. Il aimait cette résistance de la part de la jeune fille à son égard.

Chapitre 44

Le lendemain, NaYung arriva comme à son habitude au lycée avec plusieurs minutes d’avance. Elle se dirigea donc vers son casier, elle y avait laissé par mégarde ses affaires de mathématiques la veille. Heureusement, elle avait eu le temps de faire les exercices demandées pour le jour-même durant le dernier jour. Cela ne l’avait tout de même pas empêchée de stresser toute la soirée en se demandant si elle avait bien fait tous les exercices demandés, et s’il ne restait pas un qu’elle n’aurait pas eu le temps de réaliser. Elle était donc impatiente d’ouvrir son casier afin de faire descendre sa tension. Un premier soulagement vint quand elle vit son cahier de mathématiques devant ses yeux. Elle avait eu peur un instant qu’elle l’ait oubliée quelque part, voire perdu dans un recoin de l’école, mais il était bien là.

Cependant, alors qu’elle s’apprêtait à le prendre pour vérifier les exercices, un papier attira son attention. Il se tenait debout, collé contre la paroi droite du casier. Elle avait une très bonne mémoire, pourtant elle ne se souvenait pas avoir posé un papier plié en quatre ici. D’ailleurs, elle ne pliait jamais ses papiers ainsi, c’était déjà assez rare qu’elle prenne le risque de les froisser. Intriguée, elle n’avait pourtant pas oubliée son stress de la veille. Elle choisit donc les mathématiques. Elle ouvrit rapidement son cahier et parcourut à la même vitesse les pages et les lignes de calcul pour enfin arriver sur les exercices attendus. Un poids en moins sur les épaules, la jeune fille se sentit plus légère et se dépêcha de ranger ses affaires de cours dans son sac, elle ne voulait pas arriver en retard à son premier cours de la journée. Elle fit tout cela dans la précipitation et oublia même de regarder la feuille blanche pliée qui l’avait un instant intriguée et se dirigea vers sa salle de classe sans même y repenser.

Ce ne fut qu’à la pause du matin qu’elle finit par se rappeler de l’étrange papier qui se trouvait dans son casier. Etonnamment, elle quitta pour une fois la classe pour la récréation. Chose que ne manqua pas de remarquer Jung Hee qui allait justement quitter la salle de cours, comme à son habitude. Il la regarda alors marcher vers son casier et l’observa un instant, se demandant ce qui pouvait bien avoir fait bougé la jeune fille de sa chaise alors qu’elle préférait toujours l’aspect rassurant de la salle de classe pendant les pauses. Toutefois, il ne put l’observer plus longtemps que déjà ses amis l’entouraient et lui gênaient la vue. Quelque peu ronchon de leur arrivée, il ne leur accorda que peu d’attention. Ce n’était pas vraiment un fait inhabituel mais ils sentirent tous qu’ils dérangeaient le jeune homme et finirent par le laisser dans ses pensées tout en continuant leur discussion initiale.

La jeune fille tremblait en ouvrant la feuille, ce n’était pas non plus son écriture et elle ne la connaissait pas. C’était une fine écriture, agréable à lire et qui semblait être celle d’une personne ayant beaucoup de délicatesse et de sensibilité. Elle s’attendait donc à ce que l’expéditeur de cette « lettre » soit une fille et elle avait de plus en plus peur d’y trouver des menaces de mort, ou quelque chose de ce genre. Elle savait bien que ce ne serait pas complètement impossible avec ce qui s’était passé après que les EXO soient venus une première fois au lycée. C’était pourquoi elle tremblait, c’était la peur qui avait pris le contrôle de ses mouvements.

« Je n’ai jamais été doué avec les mots, c’est un de mes principaux défauts à ce qu’il paraît alors je m’étonne moi-même à prendre ce stylo et à t’écrire ainsi. Pourtant, je ne sais pourquoi, l’envie et l’inspiration me sont venues d’un seul coup. J’étais allongé tranquillement sur mon lit, et j’écoutais dans la musique quand les phrases ont commencé à défiler dans mon esprit et comme guidé je me suis levé. Je me suis assis à mon bureau et j’ai pris une feuille blanche et un stylo. Je raconte trop ma vie ? Sans doute. Venons-en donc aux faits.

J’ai compris, soudainement, qu’on ne pouvait « être » quelqu’un de bien. On pouvait le devenir, le rester, ou même ne plus l’être. Mais on ne pouvait pas l’être. Cette définition-même de notre être ne pourrait qu’être attribuée qu’après notre disparition de ce monde. Qui sait ? Une personne de bien peut un jour faire quelque chose d’impardonnable, sera-t-elle toujours quelqu’un de bien, retiendra-t-on qu’elle était auparavant quelqu’un de bien, de respectable ? C’est sur cette réflexion que j’ai compris la fragilité de cette « qualité » : on ne naît pas comme quelqu’un de bien, on le devient, mais on peut mourir comme tel.

Alors je suis désolé. J’ai finalement parlé trop vite. Je ne peux te prouver que je suis quelqu’un de bien. En réalité, personne ne le peut quand on y réfléchit. Je ne serais jamais quelqu’un de bien constamment, et d’ores et déjà, je suis désolé pour cela. Mais je veux vraiment apparaître devant toi comme quelqu’un de bien, alors attends-moi. Je saurais te surprendre Yi NaYung.

Park Jung Hee. »

Ainsi à cause de ses amis, le jeune homme ne put pas voir le sourire qui s’était dessiné sur le visage de la jeune fille tout au long de la lecture sans qu’elle n’ait pu y faire quelque chose. Elle devait avouer que pour le coup il avait eu de belles paroles, et même si elle lui avait demandé des actes plutôt que des mots, c’était déjà cela. Elle se surprit même à caresser lentement le papier, encore étonné de cette écriture si délicate qui n’allait réellement pas avec le personnage, en tout cas pas avec la vision qu’elle avait du personnage. Toutefois, quand elle passa devant sa bande, NaYung ne fit rien paraître, elle agissait totalement normalement et alla se rasseoir à sa place à côté de la fenêtre pour laisser dériver son regard à travers la vitre. Jung Hee finit par rentrer dans la salle de cours à son tour avant les autres, il alla chercher son sac de cours et osa enfin pour la première fois le poser sur la place libre à côté de la jeune fille. Elle n’y fit pas tout de suite attention, en réalité, elle ne l’avait sûrement pas remarqué. Ce n’est que lorsque le cours commença et que des chuchotements s’élevèrent pour s’étonner de la proximité qu’avait mis Jung Hee entre lui et le tableau qu’elle finit par tourner la tête vers lui.

Il était en effet là assis à côté d’elle et elle se dit chanceuse de ne pas avoir sursautée en l’y découvrant. Elle aurait été ridicule. Il ne la regardait pas. Il semblait plutôt s’intéresser au tableau et aux notes que le professeur avait déjà commencé à retranscrire sur le vieil objet noir. Elle remarqua que lorsqu’il se concentrait ainsi, la veine de son cou était particulièrement visible, ou alors c’était parce qu’elle ne l’avait jamais observée de cette manière qu’elle n’avait pas remarquée cette particularité du jeune homme. En outre, deux traits lui fronçaient les sourcils juste au-dessus du nez. Elle se rendit tout d’un coup compte de son regard insistant sur la stature du jeune homme et surtout son manque de concentration, elle se reprit donc et attrapa son stylo noir afin de prendre ce qu’elle avait loupé. Il n’avait toujours pas bougé, alors qu’il avait sans doute senti le regard inquisiteur de NaYung sur sa personne. Etait-ce par habitude d’être ainsi observé ?

Alors qu’elle se frottait légèrement la nuque, ennuyée de ne pas avoir pris le début du cours et du coup de ne pas bien en comprendre la suite, une feuille se présenta sous ses yeux. Elle reconnut alors la même écriture qu’elle avait eu sous les yeux quelques dizaines de minutes auparavant. Elle tourna alors la tête vers le jeune homme réellement surprise mais encore une fois il ne prêta pas attention à elle. Elle se demandait réellement pourquoi il agissait ainsi d’un coup avec elle mais elle devait rattraper le cours et choisit donc de ne pas s’y attarder plus que cela. Quand elle eut finit de prendre en note la feuille du jeune homme, elle la lui glissa doucement en soufflant un léger merci, il ne fit rien d’autre que mettre sa feuille actuelle de telle position qu’elle pouvait prendre le reste en notes. Elle put ainsi rapidement rattraper le rythme du cours et elle fut presque frustrée de ne plus avoir d’excuses pour suivre du regard cette écriture. Elle secoua alors la tête pour oublier tout cela et ne vit donc pas le sourire satisfait se dessiner sur les lèvres du jeune homme.

Les jours suivants se déroulèrent de la même manière. Elle trouvait toujours un petit objet, un petit mot, une pensée dans son casier le matin en arrivant. Elle ne savait toujours pas comme il faisait pour ouvrir son casier et ce qui aurait dû lui faire peur, lui faisait finalement plaisir. En cours, il s’asseyait à côté d’elle sans un mot et ne la dérangeait jamais, bien au contraire. Souvent, c’était même elle qui finissait par le tirer de ses pensées par un regard prolongé, une perte d’attention. Elle avait ainsi pu remarquer au bout de quelques jours que lorsque le jeune homme esquissait juste un fin sourire, une fossette apparaissait sur sa joue gauche. Ses mains étaient incroyablement grandes et elle se demandait comment elle n’avait pas pu le remarquer auparavant. Elle avait beau avoir toujours de la rancœur envers lui, cela était indéniable, les choses n’allaient pas changer ainsi, juste parce que Monsieur Park Jung Hee s’était assis à côté d’elle mais elle devait avouer qu’il avait un certain charme quand on l’observait mieux. Il ne semblait pas si horrible qu’elle l’avait pensée auparavant. Cela n’atténuait pourtant pas ses défauts, ni tout ce qu’elle pensait de lui.

Elle avait beau lui trouver un certain charme, cela ne faisait pas tout et au fond, elle ne pouvait oublier ce qu’elle savait déjà de lui. Il n’était pas vraiment quelqu’un qui portait autant attention aux cours, et les jours où le jeune homme séchait n’étaient pas rares. Il acceptait sans trop de mal apparent ce que faisait subir son meilleur ami et toute sa petite bande à des gens plus faibles qu’eux, et sans doute trop différents d’eux, bien que la tranquillité dans leur lycée semblait tenir pour l’instant. Il y participait même parfois, et il se pavanait dans l’établissement tel un roi entouré de sa cour. Il était exactement tout ce que détestait NaYung : une personne remplie d’orgueil et de lâcheté.

Mais elle devait cependant avouer qu’elle faisait un peu plus attention à lui, ou plutôt se sentait-elle moins gênée qu’auparavant de laisser son regard dériver sur le jeune homme. Tout d’un coup, il l’intriguait. Il était loin d’être aussi lourd qu’elle le pensait et même s’il prenait peut-être beaucoup sur lui pour paraître ainsi, ce n’était qu’une preuve de plus qu’il pouvait faire des efforts. Elle ne fit même pas de remarque quand, en milieu de semaine, il vint de nouveau la rejoindre pour déjeuner. Il ne demanda même pas la permission et se contenta de s’asseoir à la même table, comme il avait à présent l’habitude, étant donné que c’était ce qu’il faisait chaque matin. Il ouvrit son sac pour en sortir son déjeuner mais aussi ses écouteurs qu’il mit sur ses oreilles. Il commença ainsi à manger, la tête remplie de sa playlist favorite tout en regardant les tours qu’on pouvait apercevoir au loin. C’était comme s’il était tout seul ici, et que la jeune fille n’existait pas.

Bien qu’il ne faisait pas tellement attention à elle en cours, la situation était ici toute différente et surtout inédite. Il avait toujours recherché une réaction chez elle et là elle semblait invisible et elle dut s’avouer que cela lui faisait bizarre et peut-être même ressentait-elle un léger pincement au cœur d’être ainsi relégué au second rang. Elle finit cependant par elle aussi sortir son déjeuner et planta son regard sur son bento pour éviter de réaliser totalement la situation qui se passait sous ses yeux. Elle ne le sentit donc pas venir tout de suite et c’est quand il mit ses cheveux derrière son oreille gauche qu’elle réalisa qu’il était juste à côté d’elle. Loin de se laisser démonter par la soudaine distance qu’elle venait de mettre entre elle et lui, il prit un de ses écouteurs et le plaça dans l’oreille de la jeune fille.

Alors qu’elle s’étonnait du silence qui régnait dans ses oreilles, des notes de musique qu’elle connaissait bien, ainsi qu’une voix bien trop familière résonnèrent enfin :

« Girl
I can’t explain what I feel »

Chapitre 45

« Girl
I can’t explain what I feel »

Les premières notes de « What is love » des EXO, version K, avaient fait leur effet sur la jeune fille. Elle avait ressenti plus qu’un pincement au cœur, en réalité, elle avait soudain senti un vide autour d’elle. Ils n’étaient pas là. Elle ne voyait pas leurs sourires, elle n’entendait pas leurs rires. Elle savait qu’ils lui manquaient mais elle avait réussi à avancer sans eux pour le moment et l’excuse de leur tournée était en réalité très bien tombée. Malgré sa lettre, elle ne se sentait pas comme si elle les avait quitté et donc cela n’avait pas été aussi dur qu’elle le pensait de venir en cours, de ne plus les voir au réveil, de ne plus déranger leur quotidien. Pourtant, entendre la voix de Kyungsoo, ainsi, par surprise, dans ses oreilles, lui avait fait revenir au soir où ils avaient regardé le DVD de leur premier showcase. Les anecdotes, le concert en live, tous ces petits moments privilégiés qu’il lui avait offert. Sans qu’elle ne puisse rien contrôler, une larme roula doucement sur sa joue qu’elle ne prit même pas la peine d’essuyer.

Jung Hee aurait voulu lui demander si elle se sentait bien, s’ils ne lui manquaient pas trop mais il se souvenait encore de la fois où elle lui avait répondu que ce n’étaient pas ses affaires, et il savait qu’elle avait raison. Il savait également que ce n’était pas parce qu’elle acceptait plus facilement sa présence à ses côtés qu’elle l’aimait bien pour autant. Il sentait toujours la réticence de la part de la jeune fille. Elle l’observait plus, il devait avouer qu’il l’avait remarqué. Parfois, il tournait la tête vers elle et il s’apercevait que c’était lui qu’elle regardait. Mais il savait pour autant qu’elle n’était toujours pas convaincue qu’il pouvait être quelqu’un de bien, qu’il pouvait avoir un certain intérêt à ses yeux. Alors il laissa la jeune fille dans ses pensées à écouter la chanson même s’il ne put s’empêcher d’effacer d’un mouvement de doigts la larme qui creusait la joue de la jeune fille.

NaYung ne fit rien quand il la toucha. Elle sentit un frisson la parcourir mais c’était tout simplement parce qu’elle n’était pas habituée à avoir ce genre de contacts avec quelqu’un d’autre, même les EXO en général évitaient une telle proximité ayant trop peur de la réaction de la jeune fille à une telle initiative. Pourtant, le moment ne dura que quelques secondes et rien d’extraordinaire ne se produisit, tout était comme naturel et la jeune fille apprécia cela. Le reste du déjeuner se passa dans le calme, ils mangeaient tranquillement tout en écoutant les musiques du mp3 de Jung Hee. Le jeune homme avait encore un peu de mal à croire à la proximité qu’il avait avec la jeune fille bien qu’il savait que cela ne voulait rien dire et même si elle restait toujours aussi silencieuse que d’habitude.

C’est ainsi que les jours passèrent, c’était devenu une routine en place sans pour autant que les sentiments de la jeune fille à l’égard de Jung Hee ne changent. Ils étaient assis, comme à leur habitude maintenant, sur cette table de pique-nique située au fond de la cour quand Jung Hee suspendit la fourchette qu’il avait dans la main dans l’air. Il avait l’air de vouloir dire quelque chose sans vraiment oser. Etonnée, et quelque peu intriguée, NaYung releva la tête vers lui tout en s’arrêtant de manger également, attendant les paroles du jeune homme.

- Ce… Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils rentrent ?
- Qui ? demanda-t-elle innocemment, même si déjà son cœur avait pris un virement à 180 degrés en imaginant parfaitement la réponse qui allait sortir des lèvres du jeune lycéen.
- Les EXO. Ils ont fini leur tournée à l’étranger, non ?
- Tu es un de leurs fanboys ou bien ? demanda-t-elle en laissant échapper un petit sourire ironique.

Elle savait très bien qu’il n’était pas fan d’eux, enfin elle pensait en avoir la certitude et elle commençait donc à se douter qu’il suivait leur actualité pour elle. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser alors elle préférait ne pas y réfléchir. Comme elle ne voulait pas réfléchir à leur retour. Elle savait qu’ils étaient arrivés à l’aéroport en début de matinée, et qu’ils avaient sans doute déjà trouvé le dortoir vide de sa présence. Il n’y avait plus aucune de ses affaires là-bas et elle devait sans doute les décevoir profondément et c’était cela qui lui faisait le plus de mal, les décevoir. Elle voulait vraiment apparaître comme quelqu’un de bien à leurs yeux et elle était en train de faire tout le contraire. Elle faisait la connerie d’être égoïste, d’être cette fille qui allait les décevoir profondément. Elle était certaine aujourd’hui qu’ils avaient cru malgré tout à elle et elle se sentait mal. Pourtant, rien ne lui donnait la force pour faire chemin arrière. Elle arrivait à se persuader que d’ici quelques jours, quelques semaines, ils en oublieraient presque son existence. Elle ne serait qu’un souvenir dont ils se souviendraient parfois, elle ne s’inquiétait pas vraiment pour ça ou en tout cas elle faisait tout pour ne pas s’en inquiéter.

- Je sais que ce ne sont pas mes affaires et en plus je ne sais pas du tout ce qu’il s’est passé entre vous mais… Il y a un genre une fille m’a dit que j’étais le plus désespérant parce que j’étais lâche et que j’étais loin d’agir comme quelqu’un de bien. Je suis désolé de te dire ça aujourd’hui Yi NaYung mais en agissant ainsi tu es lâche, vraiment, et loin d’être quelqu’un de bien. Je crois qu’il va falloir que je te surveille de plus près pour te remettre dans le droit chemin, tu ne crois pas ?

Il ponctua son interrogation d’un léger sourire narquois. Il s’amusait quelque peu de la situation même s’il sentait bien que c’était loin d’être facile pour la jeune fille. Elle semblait alors si perdue, si confuse et si prise à un dilemme interne. Il finit par éclater tout simplement de rire. Il avait un rire clair, sans être forcé et la jeune fille fut si surprise qu’elle resta le regarder rire. Il avait les yeux pétillants, la fossette marquée, c’était comme si à cet instant il brillait un peu plus. Ce n’était pas un rire forcé, un rire qu’on s’empresse d’émettre pour faire plaisir à son interlocuteur, non c’était un rire non contrôlé, un rire simple, plein de franchise. Elle essaya tant bien que mal de lui adresser un regard de reproche mais celui-ci n’était pas vraiment convaincant tellement elle sentait son cœur se remplir de joie et son rire fut bientôt contagieux tellement il était communicatif. Faire rire Yi NaYung, voilà la plus belle réussite de Park Jung Hee après tous ses jours passés à ses côtés. Il s’en arrêta même de rire pour l’observer à son tour. Elle était loin d’être aussi expressive que lui, juste ce qu’on attendait de la part de la jeune fille.

Les longs cheveux bruns de la jeune fille s’étaient quelque peu mis en désordre mais c’était loin de nuire à son charme. Ses yeux vivaient comme s’ils n’avaient jamais rien vu de la vie, son sourire était étiré tendrement et timidement, et laissait apparaître légèrement les dents blanches de la jeune fille. Le rire avait pour effet de gonfler naturellement ses joues, et Jung Hee crut avoir un léger arrêt cardiaque en la voyant aussi mignonne. C’est à ce moment-là qu’il décida de se lever et de quitter la table pour rejoindre ses amis, et ainsi se remettre de ses émotions. Son cœur battait à une trop forte allure et il fallait absolument qu’il se calme pour pouvoir se contrôler. Il n’aurait jamais cru vivre telle situation et c’était invraisemblable.

NaYung fut légèrement choquée de ce revirement de situation. Avait-elle un rire aussi horrible que ça pour qu’il la fuie ainsi ? Elle resta donc sans rien faire un certain moment, avant de s’activer pour retourner en cours. Ce ne fut que lorsqu’elle fut chez elle et que sa mère lui rappela le retour des garçons à coup de sous-entendus qu’elle se rappela des paroles du jeune homme. Elle eut honte en se rendant compte qu’il avait raison. Ce n’était pas vraiment la vérité qui lui faisait honte étant donné qu’elle savait déjà qu’elle se montrait lâche à agir ainsi mais c’était plus parce qu’il avait pointé le fait qu’elle n’était pas mieux que lui si on y pensait. Elle répondit à sa mère qu’elle ne voulait pas en parler et cette dernière n’insista pas. Toute la journée, les paroles et le rire du jeune homme tournèrent en boucle dans l’esprit de la jeune fille la torturant davantage. Depuis leur retour, elle n’avait reçu aucun appel, comme elle le leur avait demandé. Et elle se sentait encore plus égoïste d’en espérer un. Elle se disait même que s’ils appelaient, là, maintenant, elle répondrait. Alors qu’elle savait très bien qu’elle serait mortifiée à l’idée de décrocher son téléphone.

Elle ne dormit donc pas réellement bien cette nuit-là, elle ne cessait de se retourner dans son lit en se demandant si elle faisait le bon choix. Elle avait l’impression que c’était déjà trop tard pour revenir en arrière pourtant elle continuait d’y penser, de peser le pour et le contre. Elle s’apercevait que finalement elle avait évité d’y réfléchir quand ils n’étaient pas là, alors qu’elle avait dit qu’elle faisait une pause pour justement se poser les bonnes questions. Elle n’avait rien fait de tout cela, elle s’était juste mise dans un déni total de la réalité, comme si cela avait été un rêve. Mais aujourd’hui c’étaient les rêves qui lui échappaient et bientôt fut l’heure de se lever pour aller en cours. Tout en se coiffant, elle évita de se regarder dans le miroir, comme si c’était bien trop difficile pour elle aujourd’hui de se faire face, comme si la honte était bien trop grande pour être révélée à ses yeux. C’est à ce moment-là qu’elle se fit la réflexion qu’il fallait qu’elle en parle avec quelqu’un, pas pour avoir des conseils, juste pour exposer les choses et pour les voir plus clairement. Alors qu’il y a encore quelques semaines aucun nom ne lui serait venu à l’esprit, un s’invita pourtant clairement dans son esprit à ce moment-là. Park Jung Hee.

C’est donc avec une certaine rapidité qu’elle se dirigea vers son arrêt de bus, car pour une fois elle avait une motivation pour venir en cours. Elle crut attendre une éternité avant que le bus n’arrive enfin alors qu’il n’était même pas en retard. Elle savait qu’elle ne pourrait pas parler au jeune homme à ce moment-là mais elle ne put s’empêcher de lancer un regard vers le fond du bus et elle s’étonna de ne pas l’y trouver. Elle crut rêver quand elle vit Kang Dwa lui faire un signe pour venir et elle préféra jouer la sécurité en prenant sa place habituelle à l’avant du car. Il ne fallait tout de même pas exagérer, elle ne les aimait pas et elle ne cautionnait pas leurs agissements, Jung Hee c’était… différent.

Il était vrai qu’il avait senti comme si on lui donnait un coup de poing dans le ventre quand Kang Dwa avait vu que la jeune fille avait bien capté son signe mais s’était tout de même assise à l’avant. Il savait pourtant qu’elle allait le faire, après tout ils ne se connaissaient même pas et les seuls fois où ils avaient été en contact c’était pour que le jeune homme la maltraite, il ne pouvait y avoir que cette issue. Pourtant cette fois-ci, ce n’était pas pour lui qu’il avait tenté une approche mais bien pour son meilleur ami qui demeurait d’ailleurs au poste d’absent. Il voulait retenter quelque chose en sortant du bus mais elle s’était déjà faufilée vers la salle de classe et il n’osa pas s’asseoir à côté d’elle comme Jung Hee en avait eu le courage quelques jours plus tôt.

En réalité, il n’eut pas le courage de lui parler pendant plusieurs jours alors que son meilleur ami ne revenait toujours pas. D’ailleurs les rumeurs commençaient à aller bon train comme à chaque fois qu’il séchait, ce qui n’était pas exceptionnelle comme situation pour le jeune homme. Ses absences régulières n’étaient un secret pour personne, par contre la cause de ces dernières en était un. Bien que pour la plupart, Jung Hee ne faisait que sécher tout simplement ; pour d’autres, leur imagination leur faisait monter de toutes pièces toutes histoires plus ridicules les unes que les autres avec comme thème favori son activité supposée de membre de gang qui l’obligerait à s’absenter et qui expliquerait la dureté et la froideur de son regard. Ce qui était étonnant en réalité c’est que rien n’ait jamais filtré sur la réalité de ses absences. Son groupe d’amis gardait toujours aussi bien le silence et semblait incorruptible à ce sujet.

La jeune fille n’en était que plus frustrée, juste au moment où c’était elle qui voulait avoir une discussion avec lui, il décidait de ne plus venir en cours et elle lui en voulait, réellement. S’il pensait remonter dans son estime, c’était perdu d’avance.

Chapitre 46

Le retour en avion fut proche du cauchemar pour les jeunes chanteurs : beaucoup trop long, beaucoup trop ennuyant et surtout plein de tensions. Ils avaient tant rêvé ces derniers jours de poser les pieds sur le sol coréen qu’ils ne pouvaient plus attendre plus longtemps pour le faire réellement. Ils avaient envie que l’avion aille plus vite, quitte à passer pour le Schumacher des airs. L’attente pour les bagages parut encore d’avantage un supplice qu’ils n’avaient jamais mérité de vivre. Comment des valises pouvaient-elles prendre autant de temps à arriver, et pourquoi spécialement aujourd’hui cela semblait plus long ? Ils n’oublièrent cependant pas de saluer les fans qui étaient venu les accueillir, ils avaient tout de même toujours conscience d’être un groupe connu et aimé par leurs fans et ils comptaient bien leur rentre toute la gratitude qu’ils ressentaient. Cependant, ils le firent beaucoup plus évasivement et rapidement que d’habitude.

Ils entrèrent enfin dans les vans qui étaient venu les chercher à l’aéroport et le silence fut de mise durant tout le trajet. En réalité, ils ne savaient pas trop comment détendre l’atmosphère et ils avaient l’impression que s’ils brisaient leur soudain mutisme, tous leurs espoirs et leurs prières prononcées en silence allaient partir définitivement en fumée. Déjà qu’ils n’avaient pas un bon pressentiment sur la suite des choses, ils ne voulaient pas s’attirer encore plus de malchance. Ce ne fut que lorsqu’ils arrivèrent devant leur immeuble et qu’ils sortirent tous précipitamment afin d’arriver au plus vite dans le dortoir qu’ils marquèrent enfin un temps d’arrêt.

De manière soudaine, la peur prit le dessus sur l’excitation du retour. Et si elle n’était pas là ? Et si elle quittait réellement l’émission ? Pouvait-elle ainsi les abandonner sans même venir le leur dire en face ? Pouvait-elle réellement être aussi lâche ? Serait-il plus dur de la trouver là pour leur annoncer qu’elle partait ? Ils se regardèrent tous les uns les autres afin de se donner un peu de courage puis ils montèrent les escaliers la boule au ventre. Ils ouvrirent la porte le plus doucement qu’ils purent mais aucun bruit ne filtrait. Ils regrettaient déjà le son des dessins animés qu’ils s’étaient imaginés entendre tout en la retrouvant assise en tailleur sur le canapé, comme elle avait l’habitude de le faire quand elle se trouvait seule au dortoir.

Il ne leur fallut pas bien longtemps pour faire le tour du dortoir ainsi que pour constater son absence. Jun Myeon tenta d’apaiser les choses en leur rappelant qu’elle avait cours et que vu qu’ils n’étaient pas là, elle n’avait sans doute pas voulu louper les cours. Après tout, c’était son caractère. En réalité, c’était le dernier petit espoir auquel il voulait vraiment s’accrocher. Il ne voulait pas encore y croire, croire qu’elle les avait abandonnés. Alors qu’ils auraient certainement dû retourner à l’agence pour faire un bilan de la tournée à l’étranger, ils restèrent dans le dortoir à tourner en rond. Parfois, ils faisaient les cents pas dans l’appartement, d’autres fois, ils se posaient chacun dans un coin. Kris était sans doute le seul à ne pas avoir bougé d’un cil depuis qu’ils étaient arrivés. Il était en effet parfaitement raide devant la grande vitre du salon, le regard dans le vide. Le silence était revenu et l’horloge du salon ne faisait que leur rappeler par son tic-tac incessant la lenteur du temps qui passe. Puis, lorsqu’elle atteint enfin l’heure tant attendue, c’est comme si elle accéléra son mouvement, ruinant ainsi les espoirs des jeunes hommes d’entendre NaYung frappait légèrement à la porte d’entrée. Ils avaient à peine bougé, n’avaient même pas osé manger et continuèrent ainsi jusqu’à ce que la nuit tombe.

La pénombre fut tel un déclencheur. Ce fut en effet à ce moment-là que Jong In explosa littéralement. Il balança violemment le sac de sport qu’il prenait toujours lors des voyages en avion pour mettre les vêtements qu’il souhaitait garder avec lui pendant le vol et qu’il avait toujours dans les bras depuis son arrivée au dortoir. Il se dirigea immédiatement vers Kris qui n’avait même pas bougé d’un centimètre face à la colère du jeune homme contrairement aux autres membres du groupe. C’était comme s’il n’était pas dans la pièce, comme s’il n’assistait pas à toute cette scène.

- Tout ça c’est de ta faute ! Si elle était venue avec nous, ce ne se serait pas terminé ainsi !

Le ton était plein de rage mais surtout plein de rancune, et il aurait vraiment fallu être sourd pour ne pas le comprendre. A ce moment-là, la raison n’était plus de mise, le jeune danseur ne faisait qu’écouter son cœur. Le leader ne répondit rien, il ne voulait pas attiser le feu qui venait de naître dans la pièce. Il savait que Jong In était attaché à la jeune fille, il savait aussi qu’il lui reprochait sa décision et le fait qu’il ait réussi à convaincre le nombre suffisant de personnes le jour de la réunion. Cela ne datait pas d’hier, depuis le début, il lui avait fait comprendre qu’il lui en voulait.

Etonnamment, et malgré le vide que représentait l’absence de la jeune fille dans cette pièce, Kris ne s’en voulait pas. Il était déçu, oui, mais non, il ne s’en voulait pas. Il savait, non il était même convaincu que cela aurait été bien pire pour NaYung de faire ce voyage avec eux. Il n’y avait qu’à voir comment la tournée s’était passée : les seuls moments de « loisirs » avaient été réservés au repos qui leur manquait tant. Ils n’auraient eu aucun temps pour elle et elle aurait passé le plus clair du sien à les attendre, toute seule. Il ne laissa pourtant pas le temps à son dongsaeng de le bousculer. Il se décala et alla s’enfermer dans sa chambre, sans un bruit, se faisant ainsi passé pour un lâche qu’il n’était pas. Il ne dormit pas de la nuit en pensant à toute cette histoire. Comment cela avait-il put tourner ainsi ? Il était vrai que la jeune fille avait une personnalité assez particulière mais il avait pourtant choisi de croire en elle, en ses capacités, en la force qu’elle ne pensait pas avoir mais qui était pourtant là, bien cachée en elle. Cela allait être une première dans l’histoire des émissions d’idoles. Kris se surprit même à penser qu’ils allaient décevoir leurs fans alors que ce n’était pas du tout le moment approprié pour se faire ce genre de réflexions.

De leur côté, la plupart des garçons finit par ne plus pouvoir lutter contre le sommeil et tandis que les plus courageux rejoignaient leurs lits respectifs, certains s’étaient littéralement affalés sur les canapés de la pièce de vie. Jun Myeon avait réussi à calmer Jong In et ce dernier dormait à présent dans ses bras, les yeux gonflés des larmes qu’il avait finalement versées. Le jeune leader caressait doucement les cheveux du plus jeune afin d’apaiser ses tensions et lui éviter des cauchemars qui ne seraient en aucun cas bon pour sa santé. Tout comme son co-leader, lui n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il se demandait ce que faisait NaYung, à quoi elle pensait, si elle leur en voulait. Il essayait de lui en vouloir, il aurait aimé lui en vouloir mais malgré tout, il n’y arrivait pas, tout simplement parce qu’il comprenait qu’elle avait fait cela pour se protéger.

Les jours suivants furent beaucoup plus durs que ce qu’ils n’avaient imaginé. Ce n’était pas seulement le fait qu’elle ne revienne pas qui les affectait, c’était surtout se rendre compte à quel point son absence les touchait. Revenir dans ce dortoir où elle avait séjournée pendant plusieurs semaines était totalement différent que de ne pas être à ses côtés durant la tournée. Alors qu’ils croyaient avoir déjà subi son absence à ce moment-là, ils prirent réellement une claque quand il fut question d’évoluer dans un milieu où elle avait laissé des marques invisibles. Malgré finalement le peu de moments passés ensemble, l’appartement était empli de son souvenir. Ils eurent honte de le penser mais ils eurent l’impression de vivre la même douleur qu’aurait été sa mort. C’était comme un deuil qu’ils n’arrivaient pas à réaliser.

Ils ne le voulaient pas mais ils devinrent exécrables avec leur entourage et des tensions commencèrent à apparaître entre eux. Jong In en voulait toujours à Kris et le lui faisait bien comprendre. En ce qui concernait les autres, c’était plus l’atmosphère qui faisait qu’ils déclenchaient des petites disputes sur tout et n’importe quoi. En réalité, tout était prétexte pour élever la voix, et la plupart du temps cela finissait en larmes, les nerfs lâchant finalement plus rapidement que prévu. Les autres groupes ne savaient pas vraiment comment réagir. Tout le monde voyait bien la détresse du groupe et chacun évitait de leur faire rappeler l’absence de la jeune fille dans les parages. Pourtant, ce qui devait arriver arriva, lorsque les SHINee rentrèrent également de leur tournée à l'étranger. Taemin, réellement excitée à l’idée de pouvoir revoir la jeune fille et jouer avec elle, débarqua en sautillant dans la salle d’entraînement des EXO.

- NaYung n’est pas avec vous ? Elle était trop fatiguée pour assister à un de vos entraînements.

EunHyuk qui faisait réviser une chorégraphie aux garçons, ce qui était un peu un prétexte pour venir les soutenir et éviter qu’ils se déchirent entre eux – ce qui semblait fort probable vu les tensions naissantes et apparentes dans le groupe – essaya de prévenir le jeune danseur tout en restant discret mais cela n’alerta en rien le jeune homme qui continua ainsi sur sa lancée avant que son meilleur ami n’explose à nouveau, comme il en avait pris l’habitude ces derniers jours. Il alla prendre sa veste au fond de la salle et sortit de la salle, énervé, tout en ajoutant à Taemin deux-trois mots lorsqu’il passa près de lui.

- Tu demanderas à notre TRES CHER LEADER TANT AIME, Kris, pourquoi NaYung n’est pas là aujourd’hui. Je suis sûr qu’il saura te fournir une très bonne explication de la SITUATION.

Taemin resta éberlué et ne sut pas vraiment comment réagir. Il aurait voulu aller rattraper son meilleur ami mais il ne comprenait plus très bien ce qui se passait et il aurait voulu que quelqu’un l’éclaircisse.

- Laisse, je vais aller le voir, mais il va vraiment falloir que vous parliez les gars parce que là ce n’est vraiment plus possible, les fans vont finir par se rendre compte de la mauvaise ambiance qui règne dans le groupe, dit calmement mais fermement le danseur des Super Junior.

Jun Myeon se laissa tomber à terre, dépassé par l’ampleur des évènements. Kris ne réagissait toujours pas, il se contentait d’aller et venir, il n’éclatait jamais, il parlait normalement, c’était sans doute le seul qui ne déclenchait pas de dispute et pourtant il était souvent la source des tensions. Et alors que Taemin allait rappeler qu’il était toujours dans la pièce, le leader des K posa le regard sur lui avant de prendre la parole.

- NaYung a choisi de quitter l’émission. On n’a pas eu de ses nouvelles depuis qu’on est parti en tournée. Elle refuse de prendre nos appels, ne veut pas nous voir et ne supporte apparemment pas la soudaine proximité qu’elle a eu avec nous.

Alors que les larmes étaient venues surprendre le leader, il ne put s’arrêter de parler. Il avait besoin de tout lâcher, tout ce stress présent en lui, toute cette rancœur, il avait besoin de la déverser.

- Alors que les 99% de nos fans tueraient sans doute pour être à sa place, elle a choisi de partir, de nous laisser, de…
- Calme-toi hyung, Baek lui caressait tendrement le dos.
- Elle a choisi de ne penser qu’à elle, elle voulait être égoïste. Elle n’a même pas pensé à ce qu’on allait ressentir, elle n’a même pas pensé à nous ! Et encore plus que dans tous les moments d’idole que j’ai pu vivre jusqu’à présent, j’ai réellement l’impression de ne pas être un être humain à ses yeux. Nous ne sommes que des idoles après tout, nous ne pouvons pas avoir de sentiments, nous ne pouvons pas être affectés par tout ça. Si ? Non ! Bien sûr que non ! Nous ne sommes que des marionnettes, que des pantins, des poupées fabriquées sur mesure pour convenir au public !

Le reste des paroles s’étrangla dans les sanglots qui secouaient le jeune homme. Taemin tout comme la plupart des autres jeunes hommes présents dans la pièce avaient les larmes aux yeux. Kris serra les poings, il avait envie d’aller voir directement NaYung mais il savait que ce n’était pas la solution. Tout ce qu’il devait faire c’était attendre. Pouvait-il encore croire en elle ?

Chapitre 47

Kang Dwa arriva ce jour-là en retard. En réalité, ce n’était pas tellement dans ses habitudes d’être ponctuel. En outre, il avait une raison qui expliquait ce retard : il était passé chez Jung Hee avant les cours pour prendre de ses nouvelles. Sa mère lui avait dit le matin même que le jeune homme était revenu chez lui pour quelques heures seulement, et son meilleur ami était sa préoccupation principale, surtout ces derniers jours, depuis qu’il n’était plus revenu en cours. Contrairement à ce que les autres pensaient, les deux jeunes hommes ne s’étaient pas vus depuis plusieurs jours et Jung Hee manquait à son meilleur ami. C’était une certitude, quelque chose que Kang Dwa n’avait pas honte d’avouer. Toujours était –il qu’il arriva en retard et soupira bruyamment en se rendant compte que Na Yung venait juste de tourner la tête vers la fenêtre. Il comprit alors qu’elle avait sans doute espéré l’arrivée de Jung Hee à sa place et qu’elle ne s’était même pas rendu compte de son absence. Jaloux, il réagit sans réfléchir en s’affalant presque sur la chaise à côté d’elle. Elle choisit pourtant de l’ignorer totalement, ce qui retourna une nouvelle fois le couteau dans la plaie du jeune homme. Il finit par s’adresser à elle qu’au bout d’une heure seulement.

- Je…

Cependant, ses efforts pour ne pas l’agresser verbalement comme il avait l’habitude de le faire furent réduits à néant lorsqu’elle lui coupa la parole.

- J’aimerais bien écouter, merci.

Le ton de la jeune femme était sans appel, dur et tranchant. En même temps, ce n’était pas vraiment étonnant étant donné qu’elle n’était pas du genre bavarde et qu’elle avait, de plus, de bonnes raisons pour ne pas l’aimer. Il ne lâcha pour autant pas l’affaire et sortir son bloc-notes, seule affaire de cours présente dans son sac avec deux-trois stylos noirs égarés. Il écrivit rapidement ce qu’il voulait lui dire et s’aperçut qu’il était tellement plus simple de communiquer ainsi avec elle. Le fait était qu’il pouvait se poser et réfléchir à ses mots, voire il pouvait effacer ou ne pas lui donner ce qu’il avait écrit s’il le voulait ou si ça ne lui convenait pas, ce qu’il ne pouvait pas faire à l’oral, une fois que les mots étaient sortis, c’était dit. Au bout de seulement quelques minutes, il glissa la feuille vers la jeune femme. Au départ, elle ne daigna même pas y jeter un coup d’œil, comme il s’y était attendu, mais la curiosité fut pourtant plus forte que sa volonté de résister à la tentation. Et puis, elle voulait savoir ce qu’il pouvait bien lui vouloir, quelle connerie lui était encore passée par la tête.

« Je sais que tu ne veux pas me parler, ce qui en soi est quelque chose de compréhensible. Mais je ne sais pas pourquoi, je suis certain que tu aimerais bien avoir des nouvelles de Jung Hee… N’est-ce pas ? »

Elle devait bien avouer qu’elle avait réagi en lisant le nom de Jung Hee, oui, elle aurait aimée être indifférente face à l’absence prolongée du jeune homme et surtout face au manque d’explications à propos de celle-ci, mais ce n’était pas le cas. Elle était curieuse, pourtant, elle ne se voyait pas l’avouer au meilleur ami du concerné, elle avait tout de même une certaine fierté. Elle ne toucha donc même pas la feuille de papier et releva les yeux vers le tableau afin de suivre ce que disait le professeur et bien faire comprendre à Kang Dwa qu’elle n’en avait rien à faire de toute cette histoire, même si ce n’était pas le cas. Ce dernier, même s’il faisait semblant de faire attention au cours, avait suivi du coin de l’œil la lecture de la jeune fille et loin de se laisser démonter, le jeune homme reprit la feuille pour y marquer un nouveau message, plus court et surtout beaucoup plus directif :

« Rejoins-moi à midi devant la fontaine à eau. »

Il ne regarda même pas la réponse de la jeune fille car il savait très bien qu’elle ne répondrait pas. Du côté de la jeune fille, elle était en plein dilemme intérieur. Bien sûr qu’elle avait envie de savoir, mais elle ne comprenait pas pourquoi elle devrait faire confiance au jeune homme qui fait de sa vie un véritable enfer depuis deux ans. Bon peut-être pas un véritable enfer dans le sens où elle n’y a jamais pris réellement garde mais ce serait mentir de dire qu’il n’est pas celui qui l’a embêté le plus depuis qu’elle est arrivée dans ce lycée. C’est pourquoi elle arriva avec une vingtaine de minutes de retard au rendez-vous fixé par le jeune homme, la peur au ventre que ce soit un traquenard organisé par le jeune homme et n’ayant plus l’espoir qu’il l’ait attendu.

- J’ai bien cru que tu ne viendrais pas. Souffla le jeune homme en la regardant dans les yeux, tout en rajoutant plus bas et en détournant le regard
- A croire que Jung Hee gagnera bien ce match.
- Tu disais ?
- Non rien. Tu es curieuse de ce qui arrive à Jung Hee alors ?

La jeune fille baissa la tête, honteuse d’être justement curieuse et surtout de le démontrer en venant ici. Le jeune homme émit un rire léger pour masquer le vide qui venait de s’installer dans son cœur. Il n’avait décidément aucune chance face à son meilleur ami, cela lui donna une bouffée de courage pour faire ce qu’il avait prévu, malgré ce que pensait son meilleur ami.

- C’est marrant, je pensais plutôt que tu le détestais.
- Je ne le dét… Ok, peut-être que j’ai quelque rancœur envers lui.
- Alors pourquoi tu es venu ?
- J’étais curieuse, je… je ne voyais pas pourquoi tu me le dirais à moi alors que personne ne sait ce qui lui arrive dans le lycée tout entier.
- Tu t’es senti privilégiée ?
- Non ! Bien sûr que non !
- Ha bon ?

Le jeune homme s’amusait un peu mais c’était tellement dur pour lui de lui parler normalement alors qu’il savait qu’il n’y avait plus aucune chance. Il s’apercevait à présent qu’il y a longtemps qu’il aurait pu établir une relation normale avec la jeune fille et que cela lui aurait fait du bien. Elle avait l’air d’être quelqu’un de sympa, et cela ferait une bonne amie, il le savait. Il fallait juste qu’il calme les battements de son cœur qui s’affolaient à chaque fois qu’elle posait son regard sur lui.

- Alors ?
- Tu vois que tu es curieuse !
- Peut-être. Mais je ne suis pas là pour poireauter alors…

Il ne la laissa pas dire un mot de plus et prit son poignet dans sa main pour la traîner parmi les couloirs sous les regards curieux des autres élèves qui encourageaient le jeune homme pensant qu’il allait se battre et victimiser la pauvre NaYung. Ce qui était, en fait, loin d’être les plans de ce dernier.

- Où on va ?

Il ne lui répondit pas, il savait qu’elle allait protester, sans doute essayer de partir mais tant qu’il aurait la main ferme sur son poignet, il savait qu’elle serait obligée de le suivre. C’était sans doute brutal, et il lui faisait sans doute mal mais il essayait de ne pas y penser car il savait qu’autrement, par d’autres moyens, il ne la suivrait pas et il le fallait. Il fallait qu’elle comprenne qui était réellement Jung Hee, parce que c’était clair que, comme tout le reste de ce lycée, elle faisait fausse route à son sujet. D’habitude, le fait qu’on voit Jung Hee comme quelqu’un de méchant, de terrifiant faisait rire son meilleur ami, le seul à véritablement le connaître mais là pour la première fois, il voulait que la jeune fille connaisse le vrai visage du jeune homme, même si celui-ci n’était pas pour, pas de cette façon en tout cas. Ils passèrent devant les surveillants qui ne réagirent pas tout de suite, ils avaient l’habitude que la bande de Jung Hee sorte du lycée sans même chercher à s’en cacher, cependant ils commencèrent à crier après Kang Dwa quand ils comprirent qui le jeune homme était en train d’entraîner en-dehors de l’établissement.

La jeune fille essaya de récupérer son bras mais Kang Dwa le tenait si fermement que des larmes étaient apparues au coin des yeux de NaYung. Elle avait mal, elle ne comprenait plus rien et surtout les images de son agression lui revenaient en tête. Alors qu’elle lui demandait d’arrêter ou la destination qu’ils prenaient depuis qu’ils avaient quitté le lycée, elle s’était soudainement tût succombant à la panique. Déjà la sensation d’avoir des mains se refermant autour de son cou revenait. Le jeune homme mit cinq bonnes minutes avant de s’apercevoir que quelque chose n’allait pas. Il se retourna vers elle pour constater l’état de frayeur dans lequel elle était. Elle tremblait et un rapide passage de la main sur son front lui confirma qu’elle avait de la fièvre. Il regarda autour de lui et trouva un banc non loin de là. Il la dirigea plus doucement vers ce dernier et la fit s’asseoir doucement. Il la laissa reprendre son souffle, et ne lui demanda rien. Il était conscient qu’il avait sans doute dépassé les limites sans même s’en rendre compte.

- Je… Je suis désolé.
- Je veux retourner en cours.
- Mais…
- J’ai dit que je voulais retourner en cours. C’est peut-être dans tes habitudes de sécher mais ce n’est pas les miennes, et je ne vois pas ce qui te permet de prendre cette décision à ma place.

Bien que légèrement choqué de la voir ainsi réagir alors que justement elle ne réagissait jamais, laissant toujours couler, il reprit néanmoins la parole.

- Tu as dit que tu étais curieuse par rapport à Jung Hee, alors je vais répondre à ta question.
- Tu aurais très bien pu le faire au lycée.
- Non, parce que tu m’aurais ris au nez et que tu n’aurais pas saisi l’importance de ce que j’avais à te dire.
- Parce que j’en saisirais mieux l’importance ici ?
- Pas ici, dans un autre endroit mais il faut que tu acceptes de me suivre, je ne voulais pas te traîner… si violemment.
- Si j’accepte, tu ne me tiendras plus le poignet ? demanda-t-elle d’une petite voix, pas encore très bien remise de sa frayeur passée.
- Promis.

Il réussit tant bien que pas à ne pas déglutir trop bruyamment. Elle ne pouvait pas savoir à quel point sa petite voix lui faisait de l’effet. Il détourna la tête et attendit qu’elle se remette debout pour reprendre le chemin. Il remarqua au bout d’un certain temps qu’elle ne s’était pas vraiment éloignée de lui même s’il ne la forçait plus à être tout près. Il prit alors conscience d’une chose, ce n’était pas qu’au lycée que la jeune fille agissait comme si le monde extérieur lui faisait peur, c’était partout. Il aurait voulu la rassurer, lui dire qu’il était là pour la protéger mais il entendait déjà le rire cynique qu’elle lui sortirait. Il n’était pas franchement crédible, il en avait conscience. C’est donc dans un silence absolu qu’ils arrivèrent devant le plus grand hôpital de Séoul. Ils n’avaient pas mis tellement de temps, leur lycée étant proche du bâtiment. La jeune fille s’arrêta alors de marcher. Elle ne pouvait plus faire un seul geste.

- Tu viens ?

Elle ne lui répondit pas, elle restait figée devant le bâtiment. Les quelques souvenirs qu’elle avait gardée lui revenait en tête. C’était dans cet hôpital qu’on avait amené son père quand il avait eu son accident, c’était là qu’il était mort. Ne sachant pas ce qui la préoccupait tant mais voyant que cela devait être un souvenir difficile, Kang Dwa lui prit doucement la main et la fit entrer dans l’établissement. Il connaissait le chemin et ils n’eurent donc pas à s’arrêter une seule fois, ce qui facilita les choses à la jeune fille qui se concentrait sur le dos du jeune homme pour éviter de regarder autour d’elle.

Chapitre 48

Ils arrivèrent rapidement dans ce qui semblait être une grande salle de repos. La salle était effectivement immense, des tables et des chaises occupaient la principale partie de l’espace, mais il y avait également plus loin une estrade et il y avait même une sorte de bar où étaient disposées des bouteilles d’eau, de jus de fruits et de sodas. Plusieurs personnes étaient assises et jouaient à différents jeux, NaYung remarqua que la plupart jouait aux dominos. Il y avait tous les âges, même si elle se doutait que les tout petits avaient sans doute une salle de jeux à part pour ne pas déranger les patients qui étaient ici présents. Elle ne comprenait pas tellement pourquoi Kang Dwa l’avait amené ici jusqu’à ce que son regard tombe sur un jeune homme entouré par plusieurs personnes âgées. NaYung retient sa respiration comme elle put, il brillait tellement à ce moment-là. C’est comme si elle avait un inconnu juste devant elle. Il souriait, riait même et inclinait souvent la tête de manière très polie. Elle comprit qu’il recevait sûrement beaucoup de compliments. Il était tellement plus ouvert, il semblait… gentil ? Kang Dwa émit un léger rire qui eut l’effet de détourner le regard de Nayung du jeune homme pour regarder son meilleur ami présent juste à côté d’elle. Elle avait réellement l’air surprise et Kang Dwa n’avait pu s’empêcher de s’exclamer.

- On ne dirait pas Jung Hee, n’est-ce pas ?
- Comment ça se fait ?
- Jung Hee n’est… comment dire… Il n’aime pas vraiment se montrer aux autres. Un peu comme toi, je me trompe ? Mais quand il est ici, il est juste lui-même, il sait très bien qu’on ne le jugera pas, au contraire.
- Qu’est-ce qui l’a amené ici ? Il est bénévole ?

Le regard du jeune homme se voila un instant, pourtant il ne donna pas plus d’explications. Il ne fit que lui ajouter que ce n’était pas à lui de lui raconter tout cela, et qu’elle ferait mieux de le demander au principal concerné. Elle ne put cependant pas bouger et préféra rester là à observer le jeune homme de loin. Elle le trouvait si… beau ainsi. Elle se surprit à rougir en comprenant la pensée qui venait de lui passer par la tête. Jamais, elle n’avait voulu trouver Jung Hee beau, elle se l’était refusée tellement de fois, s’était même demandée pourquoi toutes les filles étaient à ses pieds. Il était beau, dans le sens des codes de beauté d’aujourd’hui, d’apparence, à l’extérieur oui il était beau mais ce n’était jamais ce qui avait importé à la jeune fille. Aujourd’hui, elle le trouvait beau, parce qu’intérieurement il brillait à ses yeux. Elle le regardait toujours lorsqu’il tourna la tête vers elle, ils plongèrent chacun dans les yeux de l’autre et le contact resta quelques secondes. Elle trouva dans ses yeux le sentiment de surprise, mais peut-être aussi de… bonheur et de peur ? Il brisa cependant le contact visuel quand un vieil homme prit son bras et lui demanda quelque chose en silence en signalant la jeune fille de la tête. Jung Hee finit par se lever pour venir à leur suite. Sans même s’en rendre compte, NaYung avait reculé. Kang Dwa mit un bras derrière son dos pour l’empêcher de fuir, il n’avait tout de même pas fait cela pour rien.

- Je… Je… Laisse-moi partir.
- Je ne suis pas vraiment sûr que tu veuilles réellement partir. Alors s’il te plaît, pour une fois dans toute ton existence, affronte la vie Yi NaYung.

Elle baissa la tête, elle voyait très bien ce que le jeune homme cherchait à lui faire comprendre, mais elle ne savait pas trop si elle était prête et surtout elle ne savait pas comment elle en était arrivée là, comment cela se faisait que c’étaient particulièrement eux, des gens qu’elle détestait plus que tout au monde, qui lui apprenaient la vie. Jung Hee arriva enfin devant eux et ne put faire autrement que de lancer un regard de reproche à son meilleur ami. Il lui avait pourtant bien précisé qu’il ne voulait pas de ce genre de choses, il savait à quel point c’était important pour lui ces choses-là et que ça n’appartenait qu’à lui. Ce n’était pas pour rien que seul son meilleur ami était au courant de tout cela. Il se passa ensuite la main sur la nuque réellement gêné, pour enfin prendre la parole.

- Qu’est… qu’est-ce que vous faites là ?
- On a vu de la lumière et on est entré, répondit tout sourire Kang Dwa.
- Arrête de faire l’idiot !

Le ton était sec mais ce n’est pas vraiment ce que remarqua NaYung. Non ce qu’elle remarqua fut que la voix du jeune homme tremblait, il avait peur, comme s’il redoutait la réaction de la jeune fille à tout cela. Un instant, elle se demanda si c’était un coup monté, quelque chose pour redorer l’image du jeune homme à ses yeux, cette réflexion resta dans son esprit jusqu’à ce que le vieil homme qui était auparavant assis à côté de Jung Hee les hèle pour les faire venir.

- Heu… Ca te dérange de passer un peu de temps ici, ou… Fin…
- Non, c’est bon.

Elle prit elle-même la direction du petit groupe pour s’incliner ensuite à 90 degrés devant le groupe de personnes âgées assises à cette table. Plusieurs exclamations de la part des membres féminines vinrent pour féliciter sa beauté, et sa politesse, sa posture aussi. Après qu’on l’y ait invité, elle s’assit tout naturellement à la table même si elle ne pouvait pas s’empêcher d’être gênée. On lui proposa de commencer une partie de dominos et elle accepta immédiatement. Cela lui permettait de ne pas relever la tête vers Jung Hee et ce n’était pas plus mal. Elle était tellement concentrée dans le jeu qu’elle ne vit pas le vieil homme adressait des regards plein de sous-entendus aux deux jeunes hommes présents dans la salle. Elle ne fit attention à lui qu’au moment où il lui adressa directement la parole.

- Yi NaYung, c’est ça ?

Elle releva la tête, surprise. Il ne lui semblait pourtant pas avoir entendu Jung Hee ou Kang Dwa dire son nom et il était vrai qu’elle ne s’était pas présentée, bien trop gênée par la situation. Elle hocha seulement de la tête et le vieil homme réagit par un rire franc, rempli de sincérité et de joie.

- Jungie me parle souvent de toi.

Elle vit alors quelque chose qu’elle ne pensait pas possible. Jung Hee détourna le regard, gêné, les joues toutes rouges. Elle était surprise. Elle avait l’impression d’avoir un être totalement différent devant les yeux. Elle reprit cependant contenance et sourit au vieil homme avant de lui demander son nom, la voix remplie de politesse.

- Je vois que mon petit-fils ne parle pas autant de moi qu’il ne parle de toi. Je me nomme Park Sang Hoon, je suis le grand-père de ce jeune homme.

Le grand-père. Le grand-père de Jung Hee. Le grand-père de Jung Hee connaissait son nom. Cette affirmation eut bien du mal à arriver jusqu’à son cerveau. Comment cela se faisait ? Mais surtout comment avait-il pu la reconnaître avec autant d’assurance ?

- Je vois qu’il n’a pas menti à ton sujet en tout cas. Tu es très jolie, on dirait une fleur en plein éveil et… Jungie qu’est-ce que tu fais ? Laisse-moi donc lui parler veux-tu ?

Jung Hee avait pris le contrôle du fauteuil roulant du vieil homme pour l’entraîner hors de la salle. C’est ainsi que la jeune femme se rendit compte que ce dernier avait perdu sa mobilité. Elle ressentit comme une vague de tristesse prendre son cœur, mais aussi peut-être un peu de culpabilité. De son côté, Kang Dwa sourit. Il allait probablement se faire traiter de tous les noms par son meilleur ami, ça en viendrait peut-être même aux mains, mais ça valait le coup, vraiment, il n’y avait qu’à voir le visage de la jeune fille pour le savoir. Rapidement, les personnes âgées reprirent la discussion en riant de la situation.

- Je vois que Jung Hee est toujours aussi timide en ce qui concerne les sentiments. On ne va pas le changer, n’est-ce pas Kang Dwa ?

Le jeune homme hocha de la tête pour confirmer les dires. Il se sentait bien ici, il s’était toujours senti bien ici et c’était en grande partie grâce à Jung Hee qui avait toujours su y mettre une bonne ambiance, il savait s’occuper des personnes qui lui tenaient à cœur et ces dernières le lui rendaient bien.

- On sait que Jung Hee loupe les cours pour venir ici et… on sait que ce n’est pas bien mais… il est si mignon et gentil avec nous. On est égoïste mais…. Cela fait tellement de bien à son grand-père, cela lui fait oublier la maladie un instant, surtout ces derniers temps.

La réalité revint en pleine figure de la jeune fille, elle en avait presque oubliée qu’elle se trouvait dans un hôpital, elle ne sait pas pourquoi elle sentit soudain une telle empathie pour le jeune homme. Elle était remplie de sentiments contradictoires et elle ne savait pas comment gérer cette situation. En si peu de temps, avec les EXO, puis avec Jung Hee et Kang Dwa, elle avait expérimenté la découverte de nouvelles sensations mais elle ne savait toujours pas comment réagir à cela.

- Oh ne fais pas cette tête s’il te plait. Cela fait longtemps que le grand-père de Jung Hee est malade, c’est quelque chose à laquelle il s’est fait maintenant, même si ça s’aggrave ces jours-ci. Ce sera dur pour Jung Hee de s’en remettre, après. Alors prends soin de lui d’accord.

NaYung acquiesça, presque les larmes aux yeux, elle savait très bien ce que le jeune homme allait ressentir pour l’avoir vécu auparavant. Elle osa enfin relever la tête vers Kang Dwa qui cette fois-ci semblait être perdu vers des contrées plus lointaines. C’est là qu’elle comprit enfin le lien qui liait les jeunes hommes. Ils n’étaient pas simplement des camarades de lycée qui avaient comme passion commune d’embêter les autres, ils étaient comme des… frères ? Elle aurait voulu lui souffler des mots rassurants, et elle se demanda si elle n’était pas atteinte du syndrome de Stockholm, ce n’était tout de même pas possible qu’elle soit aussi compatissante envers un de ces bourreaux, c’était tout simplement le monde à l’envers. Ils jouèrent encore un certain temps puis la jeune fille comprit que c’était le temps de partir, elle aurait aimé revoir Jung Hee avant mais elle comprit à l’attitude de son meilleur ami que cela n’allait pas être possible. Ils quittèrent donc tous les deux l’hôpital en silence, elle avait des millions de questions en tête mais elle n’osait pas les poser, ne sachant pas très bien si elle en avait le droit. Kang Dwa comme à son habitude émit un léger rire, mais elle entendit au-delà du rire les quelques larmes que le jeune homme retenait.

- Jung Hee n’est pas aussi mauvais que tu le pensais n’est-ce pas ?

Il avait l’air d’en avoir plein sur le cœur et NaYung ne voulait pas le perturber alors elle se contenta de hocher la tête pour l’encourager à continuer sur sa lancée.

- C’est vrai qu’il n’est pas toujours exemplaire et … qu’il nous laisse souvent faire nos conneries. Parfois ça lui permet de penser à autre chose… ça… comment dire… Il nous voit heureux, rire, contrôler le monde et il se dit alors que tout est encore possible… mais en fait… la plupart du temps, s’il nous laisse, c’est tout simplement parce qu’il est ailleurs. Il vient ici le plus souvent possible… Cela fait maintenant sept ans que son grand-père est hospitalisé. A la suite de la mort de sa femme, il a contracté un cancer et il n’arrive pas à s’en remettre depuis. Son état de santé s’est sérieusement aggravé et il ne peut plus aujourd’hui, ou très peu, marcher. Il… C’est l’homme le plus extraordinaire que je connaisse… Il nous a toujours tout appris à Jung Hee et à moi. Quand on était petit, il nous faisait peur en nous racontant un tas d’histoires mais jamais, non jamais, il ne nous a laissé tomber. Il nous a appris l’ordre, l’obéissance, toutes ces choses-là et je ne me permettrais jamais d’être irrespectueux envers lui. Je pense qu’il nous frapperait s’il savait comment on se comporte au lycée. J’ai parfois honte mais… Tu ne sais pas ce que c’est que le contrôle absolu. Ces derniers jours… il a rechuté gravement et… Jung Hee n’a pas eu d’autres choix que de venir le soutenir. Il n’arrivait pas à penser à autre chose, il ne voulait pas… il ne voulait pas laisser tomber son grand-père, cet homme qui l’avait pratiquement élevé, qui nous avait pratiquement élevé. Je…

La jeune fille ne résista pas et prit le jeune homme dans les bras alors qu’il essayait toujours de continuer son discours entrecoupé de sanglots. Il aurait voulu réussir à tout dire ce qu’il avait sur le cœur mais les larmes et surtout la surprise d’avoir la jeune fille aussi proche de lui eurent l’effet similaire à l’arrêt cardiaque et il se calma doucement dans les bras de NaYung, beaucoup trop touchée pour l’admettre.

Chapitre 49

Les EXO étaient revenus au dortoir le temps d’une heure ou deux, histoire de se reposer et de dîner rapidement. Ils devaient repartir s’entraîner juste après. Cela ne les gênait pas, de toute façon, c’était plus rester entre eux dans des moments comme les repas ou les repos qui les gênaient plus à présent. D’ailleurs, ce repas ne faisait pas exception. Le silence était glacial, et les seuls paroles étaient de l’ordre de l’utilité : « Passe-moi le sel », « Est-ce que je pourrais avoir le plat ? », même KyungSoo n’osait plus demander un avis sur ses plats. L’ambiance n’était réellement pas au beau fixe dans le dortoir des EXO et cela n’était qu’un début, ils le savaient. Cela faisait presque deux semaines qu’ils étaient revenus en Corée et ils avaient dû se faire à l’idée qu’elle ne reviendrait pas. Les caméramen n’étaient plus dans l’appartement et ils avaient repris leurs anciennes habitudes. D’ailleurs, la SM ne savait pas très bien encore comment exploiter les images de l’émission. Ils avaient déjà eu un cas comme ça avec les SNSD and the dangerous boys, où un des garçons avait choisi de quitter l’émission mais comme il restait les autres, ils avaient pu continuer l’émission sans trop de problèmes. Ici, les EXO étaient seuls. Oui, ils étaient douze, mais ils étaient seuls au fond.

- Hyung, tu penses que c’est à cause de l’épisode au parc… je… fin…. Commença ChanYeol qui avait perdu son célèbre sourire.
- Arrête ChanYeol, tu sais très bien que ce n’est pas ça. Répondit Jun Myeon. C’était juste trop dur pour elle. On le savait que ça pouvait arriver, depuis le début.
- C’est pourquoi il fallait qu’elle reste avec nous ! Précisa Jong In plantant son regard dans celui de Kris.

Ce dernier, comme depuis leur retour, ne réagit pas aux piques lancés par Jong In. C’était son moyen de défense préféré, mais cela ne fit qu’augmenter la colère du jeune homme. Il avait les larmes aux yeux et regarder son leader d’un air accusateur.

- Mais réponds bon sang ! Tu n’as donc aucune honte ?

Comme d’habitude, le leader des M choisit de se lever pour échapper au regard de Jong In mais pour ce dernier, ce fut la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il se leva lui aussi précipitamment et ChanYeol eut tout juste le temps de plaquer ses mains contre le torse du jeune homme et de le ramener vers lui. Cependant, ce dernier se débattait comme un petit diable et le rappeur n’allait pas tarder à céder. Il lui fallait de l’aide, vraiment.

- Tu n’es qu’un lâche ! Je ne sais même pas comment on peut te considérer encore leader avec ton comportement ! Tu crois que tu sais tout ? Que tu as la science infuse ?
- Calme-toi Jong In !
- Non je n’ai pas envie de me calmer ! J’en ai marre de jouer les hypocrites, je…
- Vous n’avez pas entendu frapper à la porte ?

En effet, il y avait eu deux légers toquements à la porte. Des petits bruits qui s’entendaient à peine, comme si la personne ne voulait pas déranger les occupants. Enfin, le faible bruit était peut-être dû aussi au vacarme qui régnait dans l’appartement.

- On s’en fout ! Je veux d’abord régler le problème avec mon LEADER.

Kris soupira légèrement pour se diriger vers la porte d’entrée. Il n’avait pas vraiment peur de JongIn, il savait qu’il pourrait très bien le maîtriser mais il ne voulait pas pour autant s’engager dans un tel combat avec lui. Car de un, ils perdraient à tout jamais la relation qu’ils avaient auparavant et Jong In ne lui ferait plus jamais confiance et de deux, il n’avait pas vraiment envie de faire mal au danseur qui devait encore assurer les chorégraphies devant les fans. Il était donc en train de penser à cela en ouvrant la porte.

- Alors c’est qui ?

Il chassa ses pensées pour se concentrer sur le nouveau venu et ainsi pouvoir répondre à BaekHyun qui attendait vraisemblablement une réponse construite de sa part.

- Bonjour…
- C’est… C’est…
- Bah quoi, tu as un problème de langage maintenant Kris ? Tu ne connais plus ton coréen ? dit haineusement Jong In en se rapprochant de l’entrée. Il allait continuer les insultes quand il resta stoïque en plein milieu de l’entrée.
- Heu… Je ne voulais pas vous déranger mais….
- Tu ne nous déranges pas ! s’écria Jong In. Kris lui adressa son premier regard noir depuis leur retour, il venait de couper la jeune fille.
- Je peux parler à Sehun ?

Evidemment qu’ils étaient un peu déçus mais l’important était qu’elle était là, devant eux et qu’elle semblait avoir énormément changé. Déjà elle avait un léger trait noir sur les yeux et… attendez ! Elle se maquillait ? Ok. Elle semblait aussi plus sûre d’elle malgré les hésitations qu’elle avait employées pour leur parler. Elle semblait … plus heureuse ? Plus épanouie ? Oui un peu de tout cela. Sehun fit alors son apparition, un peu étonné de l’attention qu’on lui portait. Il eut encore plus un choc quand il remarqua que c’était NaYung qui se tenait à l’entrée. Il lui fallut pourtant se remettre de son choc et il prit la main de la jeune fille pour l’entraîner dans sa chambre en fusillant ses hyungs afin de leur faire bien comprendre qu’ils n’avaient même pas intérêt à s’agglutiner à sa porte pour écouter leur conversation.

Entré dans la chambre, le jeune homme montra le lit d’un signe de tête à la jeune fille pour lui faire comprendre qu’elle pouvait s’y asseoir. Elle prit donc place de manière assez gênée tandis que Sehun prenait une chaise. Il essayait de photographier le visage de la jeune fille dans son esprit, au cas où elle voudrait encore leur échapper pendant de longues semaines. Il avait des tonnes de questions en tête mais il ne voulait pas la brusquer et la faire fuir, si elle était venu ici c’est qu’elle avait une raison en tête. Depuis qu’elle était assise, la jeune fille se tournait les pouces en se demandant comment elle allait pouvoir engager cette discussion. Elle savait qu’elle leur avait fait du mal, elle s’en rendait bien compte et surtout elle avait entendu les éclats de voix derrière la porte. Elle avait même pensée à partir pour ne pas leur faire plus de mal mais elle se dit que c’était peut-être aussi le moment d’assumer ses erreurs. Elle devait grandir, n’est-ce pas ? Elle avait donc prévue de présenter d’abord ses excuses mais ce n’est pas ce qui sorti en premier.

- Oppa, comment on sait qu’on est… amoureux ?

Sehun faillit s’étouffer. Il s’attendait à tout, vraiment à tout, qu’elle lui présente des excuses, qu’elle explique qu’elle avait eu des empêchements, qu’elle lui demande si tout se passait bien, qu’elle se rende compte qu’ils lui manquaient, oui à tout, vraiment à tout, mais pas à cette question. Il reprit cependant contenance en voyant la gêne de la jeune fille. Ce ne devait déjà pas être facile d’être venue jusqu’ici, après ce qu’elle avait fait, pour demander un tel truc. Il choisit pourtant de s’en amuser, après tout il avait bien le droit après les récents évènements. En plus, il devait noter qu’elle l’avait appelé Oppa.

- Yi NaYung craque pour un garçon ? demanda-t-il tout sourire.
- Ne te moque pas de moi….
- Il est comment ?
- Réponds d’abord à ma question !
- Yi NaYung, je ne crois pas que tu sois en position de force après nous avoir lâchement abandonné comme tu l’as fait.

Le regard de la jeune fille se voila immédiatement. Bon ok, il avait sans doute été trop loin mais il voulait voir ses réactions et il ne se sentait pas coupable, il savait qu’elle devait faire face à ses propres décisions. Cependant, afin d’apaiser l’atmosphère devenue soudainement pesante, il se rapprocha de la jeune fille et commença à la chatouiller. Surprise, la jeune fille ne put se retenir de rire. Elle était vraiment trop sensible. Il se mit au-dessus d’elle sans aucune ambiguïté et sans doute libéré du poids qu’était auparavant l’émission pour leur relation et fit l’air le plus menaçant qu’il trouva en stock tout en continuant à la chatouiller.

- Il me semble que je t’ai posé une question Mademoiselle NaYung.
- Arrête, je t’en supplie, Sehun arrête !
- J’arrêterais quand tu me répondras.
- Je… Il… Arrête ! Stop ! A l’aide !

C’est sur le « A l’aide » que Sehun plaqua sa main sur la bouche de la jeune fille. Il ne voulait pas vraiment que les garçons viennent, après tout c’était lui qu’elle avait demandé en arrivant, et pour une fois, il voulait profiter d’un moment privilégié avec la jeune fille.

- Tu verras les autres tout à l’heure, en plus, t’as plutôt créé une mauvaise ambiance entre certains membres alors tu iras t’excuser plus tard, mais pour l’instant on règle cette discussion, lui souffla-t-il dans l’oreille.

Cela aurait pu paraître étonnant de les voir ainsi mais la jeune fille avait réellement pris plus d’assurance. Depuis qu’elle s’était rendue à l’hôpital, il y a une semaine, elle avait appris à être plus « tactile » avec les autres. Ou plutôt, disons qu’elle avait dû apprendre à ses dépens, Kang Dwa ne se privant pas pour lui demander un peu d’affection en jouant la carte du meilleur ami qui l’abandonnait lâchement depuis deux semaines. Même si elle restait toujours timide et assez peu entreprenante, elle avait de moins en moins de mal à accepter la présence des autres autour d’elle. Et puis, SeHun lui avait prouvé qu’il pouvait être un Oppa de confiance, enfin c’est ce qu’elle ressentait au fond d’elle et c’est pour cela qu’elle était venue le voir lui. Il était hors de question qu’elle demande ce genre de choses à Kang Dwa et elle avait trop honte pour en parler à sa mère, avec qui elle n’avait jamais vraiment eu de relations intimes de ce genre. Il ne restait donc plus que les EXO. Elle devait bien avouer que c’était grâce à eux qu’elle était un peu plus… disons… normale ?

- OK ! OK ! dit-elle comme si elle rendait les armes. Il est… heu… grand ?
- Tu te fous de moi ?
- Non, non, je t’assure que non ! Arrêeeeeeeeeeeeeeeete. Bon. Il est brun, les yeux chocolat, il est grand.
- Oui bah c’est un peu la description normale d’un coréen quoi, bon à part peut-être la taille. Il a quoi de particulier ?
- Je le déteste.
- Hein ? NaYung parfois j’ai un peu de mal à te suivre, faut l’avouer.
- Non fin.. si… fin. Disons que je le détestais. Et que…
- HAN C’EST JUNG HEE. JE SUIS SÛR QUE C’EST LUI !

La jeune fille se cacha le visage entre les mains, elle avait complètement oubliée qu’il l’avait déjà rencontré et qu’il avait déjà remarqué la relation tendue entre les deux jeunes gens. Elle aurait voulue disparaître six pieds sous terre à cet instant.

- Non je n’y crois pas ! HAN !
- Chuuuuuuuuuuuut.
- Oh non je ne vais pas me taire, tu vas tout me raconter ! Tout, tout, tout.

Sehun qui n’était pourtant pas du genre bavard, ni même tellement du genre potin, se transformait presque en Key pour le coup. Peut-être que c’était le contre coup de la soudaine visite de NaYung à l’appartement, peut-être que c’était simplement pour rattraper le temps perdu.

- Sehuuuuuuuun…
- Non, non, non. Tu me racontes tout et après je te dis comment on sait si on est amoureux, DEAL ?

La jeune fille roula des yeux devant l’enthousiasme de son Oppa, elle savait bien qu’elle aurait dû choisir Kris, il était beaucoup plus à même de contrôler ses émotions lui. Sauf qu’elle savait très bien pourquoi elle ne l’avait pas fait, parce qu’elle ne voulait pas l’affronter. Parce qu’elle savait qu’il avait cru en elle et qu’elle avait balayé tous ses espoirs, parce qu’elle l’avait mis dans une situation plus que compliquée et qu’elle s’en voulait et enfin, parce qu’elle n’avait pas tenue la promesse qu’il lui avait demandée de faire, un soir, il y a plus d’un mois.

« Promets-moi Yi Nayung, que quoi qu’il se passe, quoi qu’on vive, quoi que tu ressentes, tu finiras l’émission. Promets-le-moi. »

Chapitre 50

Jung Hee n’était pas revenu après que NaYung l’ait vu à l’hôpital et la jeune fille n’avait pas osé y retourner. Elle ne se sentait pas assez proche du jeune homme pour faire ce genre de choses et vu comment il avait réagi la dernière fois, elle ne se voyait vraiment pas s’y pointer comme cela, l’air de rien. Elle aurait bien sûr pu faire genre qu’elle venait rendre visite à un proche mais cela n’aurait pas été crédible longtemps et puis malgré le fait qu’elle ait passé un bon moment, elle n’aimait toujours pas les hôpitaux et si elle pouvait les éviter le plus possible, cela lui allait bien. Durant la semaine qui suivit, Kang Dwa se rapprocha étonnamment d’elle et elle ne dit rien. Elle avait toujours un peu de mal avec lui et sa bande, ils lui avaient quand même fait voir de toutes les couleurs ces dernières années mais le jeune homme se cachait derrière la figure du meilleur ami que Jung Hee a abandonné depuis des semaines et qui se sent horriblement seul. Et puis, il fallait avouer qu’il était marrant et qu’il savait être de bonne compagnie. Elle se surprit même à rire à une ou deux reprises à une de ses blagues, faisant apparaître une drôle d’étincelle dans les yeux du jeune homme. De son côté, il n’hésitait plus à réduire la distance entre eux, il lui arrivait de mettre négligemment son bras autour des épaules de la jeune fille, le matin en arrivant au lycée. Elle ne mangeait toujours pas avec la bande, il fallait dire qu’à part Kang Dwa ou Jung Hee, les autres ne faisaient aucun effort pour l’apprécier, bien au contraire. Elle crut même déceler une certaine jalousie qu’elle ne comprit pas de la part des jeunes filles de la bande. Les garçons pourtant étaient plus faciles et se faisaient finalement assez facilement à la présence de la jeune fille autour d’eux.

Elle n’avait cessé de repenser à Jung Hee depuis. En réalité, l’image de lui à l’hôpital l’obsédait. Elle ne comprenait pas comment on pouvait avoir deux figures aussi différentes que Jung Hee. Il brillait tellement là-bas entouré de ses personnes. Elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse paraître aussi épanoui parmi des patients. Il lui arrivait de parler avec Kang Dwa de tout et de rien, et le jeune homme arrivait toujours à placer l’air de rien une ou deux anecdotes en faveur de Jung Hee. Elle ne le remarquait même pas mais elle commençait à changer d’avis sur le jeune homme. C’était sans doute le fait qu’il ne soit pas là, qu’elle l’ait vu dans un environnement totalement différent du sien mais elle commençait même à le trouver beau, et peut-être lui manquait-il ? Cependant, elle arrivait toujours à penser à autre chose tant qu’elle était au lycée et que Kang Dwa la distrayait. Sa vie de lycéenne avait d’ailleurs bien changé. Elle écoutait toujours en cours, son regard se perdait toujours à travers la fenêtre et elle mangeait toujours dans ce petit coin isolé de la cour. Toutefois, dès qu’il le pouvait Kang Dwa venait l’embêtait. Cela pouvait être par un simple chatouille avant de rentrer en classe, une parole ou deux échangées pendant un cours, étant donné qu’il s’était approprié tout seul la place à côté d’elle ou alors un ou deux conseils qu’elle lui donnait pour un exercice. Il semblait beaucoup plus sage et gentil ainsi. En réalité, elle comprit qu’il s’ennuyait fermement et que le fait d’avoir le contrôle total sur le lycée était un moyen de distraction mais aussi une pression pour le jeune homme. On l’avait enfermé dans ce rôle-là, les élèves n’avaient jamais cherché à l’y en sortir, bien au contraire, ils faisaient tout pour qu’il soit encore plus menaçant, ils l’encourageaient en créant cette euphorie autour de la pauvre victime. C’était un cercle vicieux. Et peut-être aussi qu’il ne se rendait pas tout à fait compte du mal qu’il faisait réellement, ce n’était qu’un jeu pour lui après tout.

Mais quand arriva le week-end, les choses devinrent plus compliquées pour la jeune fille. Les images de Jung Hee souriant ne cessaient de lui revenir en tête comme si elle ne pouvait pas appuyer sur le bouton stop, non elles passaient en lecture en boucle dans son esprit. Cela commença même à l’exaspérer et elle comprit qu’elle avait besoin d’en parler à quelqu’un. Elle hésita longtemps à aller voir sa mère pour lui en parler mais elle ne se voyait vraiment pas lui parler d’un garçon, c’était trop… gênant ? Il était tout à fait hors de question qu’elle appelle Kang Dwa car de un, elle avait beau avoir son numéro de téléphone étant donné qu’il avait piqué l’objet pour le rentrer dedans et en profiter pour avoir le numéro de la jeune fille, elle n’était toujours pas complètement à l’aise avec le jeune homme ; de deux, elle ne voyait pas comment elle arriverait à avoir une telle discussion avec lui et elle n’était pas sûre qu’il ait les réponses qu’elle attendait et surtout, de trois, il était le meilleur ami du principal concerné, ce qui l’éliminait automatiquement de la liste. C’est là qu’elle se rendit une nouvelle fois compte qu’elle était belle et bien seule. C’est à ce moment-là qu’elle aurait aimé avoir une meilleure amie pour lui raconter ce genre de choses et surtout pour avoir des conseils. Et alors que son regard croisait une photo qu’elle avait laissée traîner sur son bureau les représentant, son portable se mit à vibrer. Bien que quotidiennement habituée maintenant, elle regarda tout de même le message, espérant un signe qui lui expliquerait comment agir.

« Je te rappelle que tu as toujours une promesse à tenir. »

Elle n’eut pas le temps de se sentir mal par rapport aux paroles du leader que son portable vibre à nouveau.

« Je te jure que si Jong In me met un poing dans le visage comme il me menace tous les jours de le faire, je t’en tiendrais personnellement responsable. J’espère que tu te sentiras coupable petite NaYung. »

Elle savait qu’elle n’aurait pas le temps de répondre quoi que ce soit, les messages allaient défiler, comme tous les jours depuis qu’elle était revenue. D’habitude, elle finissait par mettre son portable en silencieux et elle le laissait dans un tiroir, pourtant, elle ne sait pas pourquoi, cette fois-ci elle attendit les autres messages.

« T’es mignonne NaYung hein, mais ce n’est pas toi qui a à gérer 11 zigotos, alors ramène-toi rapidement, autrement je viens personnellement te chercher et je suis certain que ce n’est pas vraiment ce que tu veux. »

Par ces messages, le jeune leader ne lui avait jamais dit qu’elle lui manquait, il essayait toujours d’employer le ton cool qui le caractérisait mais NaYung qui n’était pas vraiment habituée à lire les messages, préférant les supprimer directement, ne put s’empêcher de craquer. Car ils lui manquaient, c’était indéniable, et surtout elle se rendait compte qu’à eux, elle pourrait se confier, sans avoir peur de leur jugement ou autre. Elle se recroquevilla alors contre son mur, la couette sur les genoux. Sa mère ouvrit doucement la porte et resta contre elle. Elle aurait voulu prendre sa fille dans ses bras mais elle savait très bien qu’il ne fallait pas s’y prendre de cette façon avec NaYung.

- Tu ne crois pas qu’il serait temps d’aller les voir ? Rien que pour t’expliquer ?

La jeune fille tourna la tête de gauche à droite, elle ne se voyait même pas mettre un pied dans le dortoir, trop honteuse qu’elle était. Elle avait quittée lâchement l’émission après tout, elle ne savait pas très bien s’ils pourraient lui pardonner. Elle avait coupée tous les ponts, elle ne répondait même pas à leurs messages ou à leurs appels. Et puis elle n’oserait pas affronter le regard de Kris. Elle lui avait fait une promesse qu’elle n’avait pas su tenir. C’est alors que quelque chose qui n’était jamais arrivé se produit, sa mère leva la voix contre elle.

- Je ne t’ai pas éduquée comme ça NaYungah. Tu crois que ton père serait fier de toi s’il voyait que tu n’assumes même pas tes choix ? Alors tu vas me faire un plaisir de te préparer et je t’emmène à leur immeuble pour que tu mettes les choses au clair.

Bien trop étonnée pour désobéir, elle se prépara en vitesse et s’assit silencieusement dans la voiture de sa mère. Elle commençait à paniquer, elle allait les revoir et elle ne se sentait pas du tout prête. Elle tremblait et ce n’était pas seulement dû à sa peur, son portable qui était dans sa main venait de vibrer à nouveau. Elle osa y jeter un coup d’œil rapide.

« Bon et puis j’en ai marre, autant tenter le tout pour le tout, après tout je vais sûrement mourir assassiné par Jong In alors… Tu nous manques NaYung, alors reviens s’il te plaît, ne serait-ce que pour nous dire bonjour. »

Le cœur de la jeune fille s’affola quelque peu… Elle ne pensait réellement pas que Kris lui dirait un truc du genre un jour, lui qui était si… pudique sur ses sentiments, lui qui au final lui ressemblait bien plus qu’elle ne voulait se l’avouer. Chouette, maintenant il allait penser qu’elle venait les voir juste parce qu’il lui avait dit ça. Au moins, ça lui donnait une raison d’arriver ainsi à l’appartement, comme un cheveu sur la soupe. Sa mère la laissa devant l’appartement, NaYung la supplia des yeux mais elle perdit le combat et finit par sortir de la voiture en soupirant. Elle monta le plus lentement possible les escaliers et prit le temps de remettre ses cheveux avant de frapper. Elle entendit des éclats de voix à l’intérieur de l’appartement et voulut repartir puis elle se souvint du regard de sa mère, non elle ne la laisserait pas s’en tirer comme ça. Quelle attitude devait-elle adopter ? Le regard en bas, toute honteuse ? Non, elle n’avait pas le droit. Elle était fautive, elle devait l’assumer et sans même qu’elle s’en rende compte son poignet avait frappé deux coups à la porte. Elle était dans un beau pétrin.

Elle dut attendre quelques minutes avant qu’on daigne enfin lui ouvrir et là son cœur eut une attaque, ils étaient douze et il fallait que ce soit précisément lui qui ouvre la porte alors qu’il n’était jamais le premier à se précipiter pour le faire quand elle était encore au dortoir. Il sembla choquée un moment alors elle préféra prendre les devants, elle pouvait bien avoir un peu le contrôle de la situation, non ?

- Bonjour…
- C’est… C’est…

Il n’avait pas l’air de se rendre bien compte de la situation, Jong In s’adressa à lui d’un ton sarcastique et… méchant ? Elle s’en voulut tout de suite à cet instant. Elle comprit alors qu’elle pouvait faire tourner les choses en sa faveur, elle ne voulait pas les affronter tous, maintenant. Elle savait qu’elle devrait le faire mais pas maintenant, elle devait d’abord s’habituer à ce retour au dortoir.

- Heu… Je ne voulais pas vous déranger mais…
- Tu ne nous déranges pas ! dit d’une manière enthousiaste Jong In.

La jeune fille sourit devant l’attitude du jeune homme, elle était reconnaissante, il n’avait pas l’air de trop lui en vouloir. Il avait plutôt l’air inquiet de son état de santé et de ce qu’elle était devenue. Elle tenta alors le tour pour le tour.

- Je peux parler à Sehun ?

Elle put remarquer leurs déceptions mais elle ne pouvait parler qu’à une seule personne actuellement et il était clair qu’elle ne pouvait pas affronter Kris. Sehun arriva alors, étonné qu’on l’ait appelé et elle remarqua bien le choc qu’il eut en la reconnaissant. Elle vit alors un tourbillon d’émotions passées dans le regard du jeune homme. La première fut très proche de la haine. Ok, il lui en voulait et elle pouvait le comprendre mais ce fut bientôt remplacé par de la joie et aussi un pe de… fierté ? Le regard noir qu’il adressa à ses hyungs pour les dissuader finit par la convaincre qu’il était fier qu’elle l’ait choisi lui. Elle se souvint alors d’une discussion qu’ils avaient eu une nuit au dortoir alors que les autres dormaient.

- Et si on repartait de zéro ?
- Qu’est-ce que tu racontes Sehun ?
- De un, je t’oblige à m’appeler Oppa tout le temps, je suis plus vieux que toi.

La jeune fille avait commencé à légèrement rire de l’attitude de son « oppa », elle n’était pas encore à l’aise avec tout cela mais depuis qu’elle savait qu’elle allait partir, elle était comme libérée d’un poids et elle faisait tout pour profiter des derniers instants avec eux, pour enregistrer de bons souvenirs. Ca les avait énormément rapproché elle et Sehun.

- D’accord.
- De deux, si tu as des choses sur le cœur, je serais toujours là pour en parler. Tu peux me faire confiance.
- Très bien.
- De trois, tu es chatouilleuse ?
- Hein ?

Elle n’avait pas eu le temps de comprendre qu’il était en train de la chatouiller tout en plaquant sa main sur la bouche de la jeune fille pour éviter de réveiller le dortoir entier. Il lui avait alors soufflé à l’oreille.

- Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi… libéré avec toi. Pourquoi j’agis ainsi, pourquoi je suis moins calme, moins timide qu’à l’ordinaire. C’est peut-être car pour une fois je ne suis pas le plus jeune ici, pour une fois j’ai le rôle du grand frère et… peut-être que ça me plaît. Je suis content de t’avoir comme petite sœur, Yi NaYung.

Elle avait forcément rougie de cette déclaration, cela lui avait également fait mal au cœur. Elle allait les trahir, tous, en partant, mais elle devait le faire, pour elle.

@ToSeoulFromToKyo: je n'avais pas vu ton commentaire **
Je suis contente que ça te plaise et surtout que tu penses ça, car je ne suis justement pas très fan des fictions où elle tombe amoureuse dès le premier regard et enceinte dès qu'il ose lui toucher la main ^^
Pour ta phrase "Non, toi tu arrives à faire une histoire à tes personnages qui fait qu'on a l'impression que tu racontes juste ce que tu vois." bah... c'est un peu ça en fait. Je le dis souvent, des fois je n'ai pas l'impression de décider de la suite, je me mets juste devant mon word et j'écris sans réfléchir (je réfléchis presque jamais quand j'écris) comme si j'avais la scène devant les yeux et que je vous la racontais, contente que tu ai capté ça

Allez un petit chapitre pour la peine! Ne me tuez pas pour les deux "fins" sadiques que je vous fait, vous savez que de un j'adore ça et de deux, je vous aime !

Chapitre 51

Ce serait clairement mentir de dire que Sehun n’avait pas ressenti un certain ressentiment quand il avait vu la jeune fille, mais à vrai dire la joie qu’elle veuille le voir lui et pas un autre avait bien vite masqué ce sentiment. Et puis la question qu’elle lui avait posé l’avait laissé sans voix, c’est ainsi qu’il avait compris qu’elle lui faisait – enfin – réellement confiance et il ne pouvait qu’en être heureux. Alors il avait choisi d’agir naturellement avec elle, quitte à la torturer de quelques chatouilles par ci par là, sachant très bien la faiblesse de la jeune fille à ce sujet. Mais… Jung Hee vraiment ? Bon ok ce n’était finalement pas une si grande surprise que ça, il avait bien vu que le jeune homme était intéressé et ce dernier avait donc dû tout faire pour apparaître ne serait-ce qu’un peu à ses yeux mais il ne pensait pas que ce serait si rapide surtout quand on savait comment la jeune fille se comportait à son égard il y a seulement quelques semaines. Lorsqu’il s’arrêta enfin de la torturer, la jeune fille planta son regard dans le sien, avec l’air le plus sérieux qu’il lui connaissait, malgré l’étincelle éclatante du fou-rire qui y restait accroché.
Bien évidemment, NaYung finit par raconter toute l’histoire à la jeune idole. Elle expliqua qu’après leur départ, JungHee n’avait cessé d’essayer de se rapprocher d’elle en s’incrustant dans son quotidien. Elle lui décrit même l’après-midi qu’elle avait passé à l’hôpital avec le jeune homme et son meilleur ami. Et pour une fois, elle n’hésita pas à parler de ce qu’elle avait ressenti, de ses sentiments. C’était comme naturel, les mots venaient tous seuls et SeHun devait avouer qu’il ne savait plus si elle était consciente qu’il était là pour lâcher tout cela ainsi. Néanmoins, il était clair qu’il n’allait pas s’en plaindre, elle était en train de lui démontrer qu’elle lui faisait enfin confiance et il devait avouer que cela lui faisait plaisir malgré qu’elle ait quitté l’émission.
- Alors, comment on sait qu’on est amoureux ?
- Tu ne crois pas que le fait que tu te poses la question y réponde déjà ?
- Réponds s’il te plaît.

Elle lui fit une moue boudeuse, ce genre de moues dont elle avait le secret, qui lui venait de manière instinctive et qui était, il faut l’avouer, très mignonne. Intelligente et surtout voyant qu’il était sur le point de craquer, la jeune fille mit sa dernière arme en jeu : - Oppa~~~~ - NaYung~ah, aish t’es pas possible. Le jeune homme s’assit à côté d’elle sur le lit et devint tout à coup beaucoup plus sérieux. Il semblait réfléchir à la meilleure réponse qu’il pourrait donner à la question de la jeune fille. Ce n’était pas simple quand on y réfléchissait de répondre à une question qui au final faisait surtout appel aux ressentis, aux sens. Il devait bien y avoir un milliard de réponses à cette question, toutes différentes. Une façon par individu. - Je n’ai pas une très grande expérience de ça, je suis sorti avec des filles oui, mais tomber amoureux n’a jamais été vraiment ma tasse de thé, avoua-t-il d’un demi-sourire gêné, mais je pense que lorsqu’on se pose la question, c’est à ce moment-là que ça devient sérieux, on commence à envisager l’autre comme une possibilité. On se rend compte que cette personne peut entrer dans notre vie et la changer. Alors bien sûr ça nous fait peur et c’est pourquoi on se pose cette question, parce qu’on veut être sûr de ce qu’on ressent, on ne veut pas se tromper, parce qu’on a l’impression que le reste de notre vie en dépend. Et peut-être que oui, peut-être que notre vie dépend de ce petit bout de relation qui se profile à l’horizon. Pourtant à part des banalités, je ne pourrais pas vraiment t’en dire plus. Le jeune homme était vraiment sérieux en disant tout cela, il ne regardait même pas NaYung mais le mur qui lui faisait face. Il savait qu’elle lui faisait confiance et sans doute que ça lui mettait un certain stress. - Je pourrais te poser des questions comme : est-ce que tu penses tout le temps à lui ? Est-ce que lorsqu’on te parle de sentiments c’est son visage qui revient dans ta mémoire ? Est-ce que lorsque tu le vois, tu te sens bien comme soulagée d’un poids de tes épaules ? Est-ce qu’il te manque quand il n’est pas là ? Est-ce que tu as envie de l’appeler quand ça ne va pas ? Oui, je pourrais te poser toutes ces questions, mais au fond, je pense que tu as déjà ta réponse, non ? La jeune fille hocha la tête de manière pensive. Elle avait répondu en silence aux questions du jeune homme et elle se rendait bien compte que ce qu’elle pressentait déjà était réel. Ils continuèrent à discuter un instant, de tout et de rien, Sehun lui raconta la tournée mais évita pourtant, avec brio, de parler des instants de vide qu’ils avaient tous ressenti à cause de son absence et du fait qu’elle ne voulait pas leur répondre. Cependant, il ne pouvait pas non plus passer sur sa déception et la colère qu’il avait ressentie en trouvant le dortoir vide à leur retour.
- Maintenant on va être un peu plus sérieux, NaYung. Tu te doutais bien qu’on en arriverait là en venant ici, n’est-ce pas ? Qu’est-ce que tu fais là ? Bien sûr qu’elle s’attendait à cette question, bien sûr qu’elle s’attendait à ce qu’il lui demande des explications sur sa façon de s’être comportée. Elle avait quittée l’émission, ce n’était quand même pas anodin, elle les avait mis dans une sacrée situation et elle savait qu’elle devait assumer. Pourtant, elle avait espéré encore quelques instants de répit. Juste quelques minutes. - Je… Je… Je viens de t’expliquer ce que je fais là. Le sourire de la jeune fille s’effaça de ses lèvres. Elle savait pourtant que cette question viendrait, c’était même étonnant qu’il ne la lui ait pas encore posée. Si bavarde l’instant d’avant, elle était à présent dans ses pensées à chercher comment elle allait expliquer son départ, le fait qu’elle n’ait pas voulu revenir parmi eux après leur tournée. Elle perdait ses moyens, et ses mots en même temps. Elle voyait bien au fond qu’il lui avait déjà pardonné et qu’il ne cherchait juste qu’à comprendre mais lui poser cette question, en donner une réponse c’était tout simplement la mettre face à elle-même et surtout face à ses peurs. Et des peurs elle en avait la petite NaYung. Elle avait eu peur qu’ils l’abandonnent alors elle avait choisi de le faire avant eux. Elle avait eu peur d’elle, de comment elle évoluait, de ce qu’elle apprenait avec eux. Elle avait eu peur de ne plus jamais retrouver cela plus tard, et de devoir rester avec des souvenirs.
- Je sais que cela doit être dur pour toi, NaYung mais tu ne partiras pas de ce dortoir avant de m’avoir donné les explications que je demande, et que je pense légitimes, tu ne crois pas ?

Elle hocha légèrement de la tête, elle n’avait pas pu empêcher cet air honteux qui venait de peindre son visage à l’entente des paroles du maknae. Elle se leva alors, ce qui fit réagir au quart de tour le jeune homme qui se précipita vers la porte pour empêcher toute sortie. Elle ne lui ferait pas le coup de s’enfuir. Elle sourit doucement et prit la main du jeune homme.

- Je ne vais pas m’enfuir… pas cette fois. Je pense juste que… enfin… Il n’y a pas qu’à toi que je dois des explications.
- Je n’ai plus l’exclusivité alors ? demanda le jeune homme tout en mimant une expression de déception.

Malgré la situation, NaYung émit un léger rire devant les piètres talents de comédien du jeune homme. Il allait falloir qu’il prenne des cours de théâtre s’il espérait un jour tourner dans un drama. Il finit toutefois par ouvrir la porte et entraîna la jeune fille qui avait gardé leurs mains entremêlées vers le salon. Le groupe était rassemblé là, attendant un signe de vie de la chambre du plus jeune. Ils avaient bien sûr voulu écouter aux portes mais Kris et JunMyeon avaient su, une nouvelle fois, démontrer leur autorité. Ils étaient donc assis dans le salon, à faire les cent pas pour certains, à réfléchir pour d’autres. Ce fut donc un soulagement, toutefois doublée d’une certaine angoisse, quand Sehun fit son apparition dans la pièce avec à sa suite la jeune fille. Chacun put détailler les traits de cette dernière comme s’ils avaient peur de les avoir oubliés. Grâce au lien qu’ils avaient entre leurs mains, le jeune homme poussa NaYung vers l’avant et se mit sur le côté. Il va sans dire qu’à ce moment-là, elle était réellement gênée de toute l’attention qu’on lui portait, pourtant elle ne pouvait nier ressentir grandir en elle cette impression de famille. Ils étaient tous là à attendre qu’elle dise quelque chose, ils essayaient de paraître encourageant et mettaient leur rancœur de côté. Ils ne voulaient pas la perdre, à nouveau.

- Je… Je crois que je vous dois des explications sur… mon attitude.

Cela faisait trois heures que le silence s’était lourdement installé dans la pièce que le jeune homme occupait. Aucun des occupants ne semblait vouloir le briser sous peine de mauvais présage. JungHee attendait sur un de ces fauteuils en plastique reliés les uns aux autres par une barre de fer et qui sont tout sauf confortable. Il avait la tête dans ses mains, à ressasser souvenirs sur souvenirs. Kang Dwa se trouvait à ses côtés et osait à peine poser son bras sur le dos de son meilleur ami pour le réconforter. Trois heures qu’ils attendaient une réponse qui ne venait pas, trois heures que l’angoisse s’était définitivement installée. Elle avait d’abord paralysée les muscles du jeune homme, un temps, telle la peur effroyable de l’absence de lendemain, puis elle les avait, au contraire, stimulés, telle la colère de ne pouvoir rien faire et enfin, elle les avait laissé retombés à un repos qui n’en était pas un, telle la frustration de ne peut-être pas être là au bon moment.

Kang Dwa lui avait craqué au bout de deux heures. Il s’était levé et les yeux en larmes, avait commencé à s’énerver, à demander pourquoi le médecin ne venait toujours pas. Après avoir bien lâché son sac, il s’était retourné vers son meilleur ami qui était toujours dans la même position, recroquevillé sur lui-même et il s’était alors senti tel le pire égoïste qui puisse exister. Il n’avait pas le droit de craquer ainsi si lui, ne le faisait pas. Il n’avait pas droit de le faire sentir encore plus mal qu’il ne devait déjà l’être. Alors le jeune homme se laissa retomber sur la chaise à côté de JungHee et passa son bras sur les épaules de ce dernier. Il voulait lui montrer qu’il était là pour le soutenir, qu’il comprenne qu’il ne le laisserait pas tomber, qu’il serait là pour lui comme il l’avait toujours été.

Cependant, le jeune homme ne releva la tête que lorsqu’il entendit des pas dans le couloir qui était pourtant désespérément vide depuis trois heures. Il se frotta légèrement les yeux comme s’il voulait effacer toute trace de l’angoisse qui l’habitait. Il regardait l’homme en blouse blanche s’approcher de lui, d’un air sinistre, et il fit l’effort de se lever même si ses jambes ne semblaient pas en avoir envie. Il interrogea l’homme du regard, la gorge trop nouée pour prononcer la moindre parole. De toute façon, il n’en avait pas besoin, le médecin connaissait bien ce genre de situations et savait exactement ce qu’attendait le jeune homme de lui, bien malheureusement.

- Je… Je suis désolé… Je pense qu’il va falloir que vous vous prépariez.

L’angoisse devint alors enclume et JungHee se laissa tomber dans les bras de KangDwa qui, heureusement, eut l’habilité de le rattraper avant qu’il n’atteigne le sol, bien qu’il fusse également choqué. Pourquoi fallait-il que la situation tourne au cauchemar ?

Chapitre 52

Le début de semaine sembla plus léger à la jeune fille, comme si un poids avait disparu de ses épaules. Tout semblait calme autour d'elle, le soleil n'hésitait plus à se montrer et personne, jusqu'ici, n'avait osé l'embêter. Elle savait qu'elle aurait dû écouter ce que disait à l'instant son professeur de coréen mais elle ne cessait de repenser à ce qu'il s'était passé, ce week-end, au dortoir des EXO.

Flashback

- Je... Je crois que je vous dois des explications sur... mon attitude.

Elle n'osait pas regarder Kris, elle savait que c'était sans doute à lui qu'elle avait fait le plus de mal en ne revenant pas et elle avait du mal à l'assumer. Elle ne savait pas non plus si elle était prête à éclaircir une fois pour toutes la situation mais elle savait pourtant que c'était le moment. Les garçons attendaient, plus nerveux qu'ils ne l'auraient sans doute souhaité, que la jeune fille commence à leur expliquer.

- Je ne dirais pas que c'est à cause de votre tournée que je suis partie... Non, disons plutôt que c'était l'opportunité... que j'attendais ? Je ne sais pas si j'attendais de pouvoir partir, je ne crois pas. Je ne sais pas comment vous expliquer cela. Je me sentais réellement bien avec vous et je pensais réellement que je commençais à m'habituer à tout ça, l'émission, vous, la compagnie d'autrui.

En réalité, elle avait réfléchi à son choix plus qu'il n'en aurait fallu et pourtant, elle n'arrivait toujours pas à expliquer clairement pourquoi, à un moment donné, elle avait pris la décision de partir et de ne plus revenir. Elle savait qu'au départ, c'était car elle voulait vraiment prendre du recul et peut-être faire comme si cette émission n'avait été qu'un rêve.

- Quand j'ai appris que vous partiez, j'étais réellement contente de ne pas venir. Je veux dire... J'aurais sans doute adoré vivre une tournée avec vous mais... en même temps... j'avais l'impression que c'était trop tôt pour moi. Je ne me sentais pas prête pour ça, pour les hôtels, pour les fans, pour les concerts en série et aussi tout simplement... pour quitter la Corée du Sud et ma mère.

Kris aurait très bien pu tirer la langue ou faire un regard qui aurait voulu dire « Tu vois je te l'avais dit » à JongIn mais en réalité, ce n'était pas vraiment son genre. Il se contentait juste d'écouter ce qu'avait à dire la jeune fille pour se justifier, même si au fond, il savait déjà les principales raisons de son départ. Il se tenait donc debout face à la fenêtre, comme s'il n'écoutait pas un seul mot, le regard dans le vide.

- Quand j'ai su que, par conséquent, je retournais vivre chez ma mère, c'est à ce moment-là que l'idée de quitter l'émission m'est venue à l'esprit. Au départ, je pensais seulement prendre du recul, réfléchir à tout ça. Tout était allé si rapidement et ce n'était pas que je ne savais plus qui j'étais, mais un peu quand même. Je voulais... me retrouver ? Savoir si c'était réellement moi, si ce n'était pas qu'une façade qui ne durerait qu'un temps et qui, finalement, me ferait plus de mal que de bien.

Elle avala difficilement sa salive, elle savait qu'ils ne comprenaient sans doute pas bien ce qu'elle avait vécu à ce moment-là. Ce n'était pas qu'ils étaient trop idiots pour comprendre, c'est tout simplement qu'ils ne l'avaient pas vécu.

- J'avais compris durant la semaine qui a précédé votre départ que, peut-être, je choisirais de ne plus revenir. Après tout, je revenais chez ma mère, je revenais à ma vie et je savais que je n'aurais sans doute pas le cran de revenir après ça auprès de vous. Ce n'est pas contre vous, c'est juste... Je me connais... Il faut vraiment me pousser pour que j'ose faire les choses, et loin de vous, c'était sans doute plus facile de penser que tout cela était sorti de mon imagination, et que l'émission n'avait été qu'un rêve.

Après tout, bien qu'elle ait énormément changée en quelques semaines seulement à leurs côtés, sa véritable nature restait la même. Elle restait toujours une jeune fille timide, bien plus spectatrice qu'actrice de sa propre existence.

- Alors j'ai voulu profiter de mes derniers moments avec vous et j'ai essayé d'emporter le plus de bons souvenirs avec moi. En réalité, je n'aurais sans doute pas le faire. Enfin, je n'aurais pas dû le faire si je voulais vraiment ne jamais vous revoir. Quand je suis retournée chez moi, j'ai essayé d'oublier tout ce que j'avais vécu, mais j'avais beau faire des efforts, vous reveniez toujours dans mes esprits par n'importe quel petit détail. Comme par hasard, quand j'allumais la télévision, je tombais sur le dessin animé de ChanYeol. Je ne pouvais plus fréquenter la cuisine sans avoir une pensée pour Kyungsoo. Et la douceur et l'attention de JongIn m'ont manqué lorsque je me suis coupée et qu'il m'a fallu un pansement. En réalité, je pourrais continuer comme cela, encore et encore, vous trouvez des tas d'exemples mais je dois bien l'avouer, sans même votre présence, vous faisiez partie de mon quotidien et de mes pensées.

L'émotion qu'elle ressentait à l'instant passait parfaitement dans ses paroles et les garçons ne pouvaient s'empêcher d'être touchés par tout ce qu'elle était en train de dire. Et puis, il fallait avouer qu'ils étaient également surpris, cela devait faire une bonne vingtaine de minutes que la jeune fille avait commencé à parler, sans même s'être interrompue. Ils auraient sans doute ris au nez du premier inconnu qui leur aurait dit qu'elle était capable de faire des monologues. Pourtant, c'était le cas. Elle mettait tout à plat, et peut-être que, pour une fois, ils découvraient réellement les pensées de la jeune fille.

- Mais j'essayais toujours de mettre tout cela de côté. Tant que vous étiez à l'étranger, ça allait encore et puis... il y avait les cours... ça me permettait de penser à autre chose. Puis vous êtes revenus et... j'entendais parler de vous tout autour de moi, je voyais des affiches pour vos fansigns sur le bus que je prenais le matin, les filles de ma classe parlaient de vous et enfin... ma mère me regardait avec plus d'attention... comme si elle se demandait ce que j'allais faire. A vrai dire... C'est à cause – grâce à ? – elle que je suis ici.

Les garçons la regardèrent étonnés, ils étaient persuadés qu'elle était venue d'elle-même et peut-être étaient-ils légèrement déçus que ce ne soit pas le cas.

- J'étais dans ma chambre et d'un coup, tout a commencé à me dépasser. Les émotions, principalement. Je n'avais jamais vécu ou ressenti ça. J'étais submergée et je cherchais en vain de l'air autour de moi. J'essayais de me libérer de toute cette pression qui s'exerçait sur mon être, pour la première fois de ma vie, j'avais besoin de parler de tout ce qui se passait en moi à quelqu'un. A vrai dire... je ne voyais pas en parler à ma mère, je trouvais cela ... gênant. Je suis d'un seul coup devenue jalouse de toutes ces personnes qui ont un meilleur ami. Et puis... cela va vous paraître cliché mais...

Les larmes menaçaient déjà de couler sur ses adorables joues mais elle essayait tant bien que mal de les retenir dans un énième effort.

- Mon regard a croisé une photo que j'ai de vous sur mon bureau. Je sais que j'aurais dû la jeter ou la cacher depuis longtemps mais... c'était peut-être ma façon à moi de vous garder un petit peu et.... Et j'ai craqué... parce que...

La lutte contre ses émotions était à présent vaine et elle lâchait ses dernières armes, complètement vulnérable, devant ceux qu'elle considérait plus que ses idoles, plus que des chanteurs, peut-être même plus que de simples frères, eux.

- Parce que vous me manquez....

C'était dit. Ils allaient avoir du mal à lui reprocher quoi que ce soit après cet aveu plein de larmes de la part de la jeune fille. Il fallait avouer que sa sincérité était touchante.

- Je... Je me suis attachée à vous... et je suis trop idiote pour me l'avouer... et... et j'avais peur... peur d'être abandonnée... peur de votre statut d'idole... peur de me faire des films... Mais vous me manquiez trop... Alors ma mère m'a crié dessus et m'a obligé à venir vous voir... C'est pourquoi je me tiens là, devant vous, encore plus ridicule que d'habitude... Je... Je...

Elle n'arrivait plus à sortir un seul mot. Mais c'était déjà incroyable qu'elle ait réussie à sortir tout cela. Elle avait la gorge sèche, et les yeux embués. JongIn se leva alors pour la prendre dans ses bras en attendant qu'elle se calme et c'est ainsi que chacun leur tour, ils vinrent la serrer dans leurs bras pour lui dire qu'ils ne lui en voulaient pas, ou en tout cas plus, et que l'important c'est qu'elle soit là. Pourtant, Kris restait debout devant cette fenêtre et elle redoutait plus que tout ce qu'il pensait et surtout ce qu'il allait lui dire. C'est JunMyeon qui tenta de le réveiller en l'appelant. Il se retourna alors vers la jeune fille et après un temps de silence plus ou moins long, il prit enfin la parole.

- Je suppose qu'on oublie la promesse.
- Je... suis désolée. Répondit-elle en baissant la tête, honteuse.
- Disons que c'était un test qui n'a pas fonctionné, un sourire apparut sur ses lèvres, il faudra faire mieux la prochaine fois.
- La... la prochaine fois ?
- Tu croyais vraiment nous échapper maintenant que l'émission est définitivement derrière nous ? On n'est pas vraiment du genre à abandonner nos amis.
- Je... Je...
- Tu es idiote, oui, on peut dire ça comme ça. Je ne dis pas que tout sera rose et que tu pourras venir nous voir quand tu voudras mais je suis certain qu'on fera le maximum pour se libérer, on le fait déjà pour nos autres amis, tu sais.

Elle se jeta alors littéralement dans ses bras et, pour une fois, il n'hésita pas à serrer aussi fort qu'il l'avait envie. Comment ne pas s'attacher à une petite chose aussi insouciante ?

- Bon et sinon tu vas nous expliquer pourquoi c'est le maknae qui a eu le privilège de te parler en privé ?

NaYung rougit instantanément, ce qui eut le mérite d'attirer réellement tous les garçons sur la jeune fille et sur sa réponse. Sehun prit le parti de la défendre.

- Disons qu'elle avait besoin de conseils.
- Et Sehun était le mieux placé ?
- Elle ne vous a pas encore avoué que j'étais son préféré ?

C'est ainsi que la journée se finit en chamailleries, rires et quelques confidences. Il fut bien difficile pour la jeune fille de les quitter le soir venu mais c'est elle qui avait fait ce choix-là alors il fallait assumer à présent. Quand elle retrouva sa mère, elle ne put s'empêcher de sauter dans ses bras, embrassade qui voulait dire merci dans son langage.

Fin du Flashback

Elle revoyait encore et encore la scène quand elle sentit une présence à ses côtés. Persuadée que c'était Kang Dwa qui était arrivé – encore une fois – en retard, elle se prépara à ce qu'il la décoiffe ou une autre de ses façons bizarres de lui dire bonjour mais rien ne vint. Légèrement étonnée de la soudaine sagesse du jeune homme, elle tourna donc la tête et faillit faire de grands bonds en arrière tant la surprise était grande. Jung Hee se tenait juste là à ses côtés et semblait... suivre le cours ? Il avait sorti son bloc-notes et ne quittait pas du regard le professeur sans prendre la peine pour autant de noter ce qu'il disait. La jeune fille qui ne s'était pas attendu à le revoir ne put s'empêcher de le dévisager, son cœur battant de plus en plus rapidement. Elle se calma pourtant quand elle s'aperçut que les yeux du jeune homme était vide et que son visage était complètement neutre. Il y avait quelque chose qui clochait.
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