Rappel du premier message :Auteur : Moi-même, soit mymy-l !
Genre : Yaoi, violence, UA, angst, romance...
Pairing : Bang x ZeloRating : NC-17
(pour plus tard)Disclaimer : Les B.A.P, Block B et autres membres de groupes ne m'appartiennent absolument pas !
Résumé : « -Tu as vendu toute la marchandise ?
Je lui tendis deux tas de billets parfaitement ordonnés. Il compta l'argent récolté et me redonna alors une partie des billets. Jamais je n'avais eu autant d'argent en ma possession ! Mon vis-à-vis dû voir mon désarroi puisqu'il se mit à rire.
-Viens. Je vais te présenter aux autres. Bienvenue chez les Red Tiger. »
Zelo, jeune homme de seize ans, n'a pas une vie dont chacun pourrait rêver. Ses blessures du passé ne sont pas seulement physiques. La pauvreté et la maladie de sa mère vont le pousser à faire certains choix. Entre attirance, haine, gangs, violence et danger, réussira-t-il à se faire une place et survivre dans cette univers sombre ?
Note de l'auteur : Bonjour à toutes et à tous ! Je me décide à posté ma première fic sur B.A.P ! Je ne suis pas de nature à être sûr de moi, donc n'hésitez pas à me donner votre avis, bon comme mauvais !!
PS: La chanson mentionnée dans le chapitre est "Goin' Home" de Bill Ferguson !
Bonne lecture =3Blue Warriors
Chapitre 1 : Faire ses preuvesJe me baissais brusquement, évitant ainsi la bouteille d'alcool qui fusait vers moi à une vitesse vertigineuse. Elle alla se fracasser dans le mur déjà fissuré à de nombreux endroits auquel je faisais dos. Je relevais alors la tête mais pour mieux l'abaisser une fois encore face à un deuxième jet. Je remerciais intérieurement mes réflexes acquis ces dernières années et priais pour que le bruit tonitruant du verre brisé n'atteigne pas la chambre où dormait ma mère. La cascade de petits morceaux tranchants m'avait égratigné le revers de la main en rebondissant contre la cloison de notre trente mètres carrés. Mais qu'était-ce comparé à la multitude de cicatrices qui striaient mon corps ? Mon cœur, quant à lui, battait rapidement sous ma cage thoracique et un instant je regardais la mosaïque que créaient les bouts de verre en répercutant la lumière du dehors dans cette pénombre environnante. Je revins dans l'instant présent, fixant la personne qui me faisait face. L'homme ne tenait presque plus debout et titubait pratiquement. Son regard vitreux se posait sur moi, il me haïssait, je le voyais. Il ouvrit la bouche et l'odeur de son haleine fétide me parvint alors que je réprimais mon envie de régurgiter le maigre repas de la veille. Il me pointa du doigt.
-Toi... Toi... Tu sers à.. rien ! T'as rien à foutre.. ici !
Essaya de me dire l'ivrogne qui me servait de « père ». Cette scène, je la connaissais par cœur. Elle s'était répété de nombreuses fois depuis mon enfance, depuis que l'état de ma mère s'était aggravé. Sauf qu'auparavant, cela me touchait. Avant, je me laissais faire et je laissais les coups pleuvoir sur moi. J'étais jeune. Mais je ne voulais plus de ça. Je pense avoir déjà assez souffert pour deux vies. Non. Je ne me laisserais plus faire malgré la culpabilité qui me rongeait chaque jour que dieu fasse.
-Jun.. Jun Hong...
Il se mit à rire comme un dément, me faisant inconsciemment reculer d'un pas. Tu.. Tu le sais, que t'étais une e-erreur ! On voulait pas de.. toi ! C'est de ta faute.. si ta mère est comme ça !
Ses mots rabâchés encore et encore, m'avaient mutilé bien plus que l'avaient fait les brûlures de cigarettes apposées sur ma chair.
-T'es qu'un moins que rien !!
Mon géniteur trébucha sur une des canettes jonchant le sol. Il tomba à genoux. Son état était pitoyable, je ne voulais plus voir ça. Je préférais lorsqu'il disparaissait des jours durant, au moins je n'avais pas à supporter ce genre de scènes. Alors je décidais de faire ce qui me réussissait le plus en sa présence. L'ignorer et le fuir. Fuir loin de cette atmosphère, de cette ambiance lourde et de ce décor qui me serrait la gorge. L'Autre n'eut pas le temps de se relever que je claquais déjà la porte d'entrée. L'air frais du matin me frappa d'une caresse, et je ne ressentis plus cette touffeur me faisant suffoquer, cette lourdeur chargeant mes épaules, ce sentiment d'emprisonnement. Je me sentais libre. J'entendis une dernière fois mon paternel éructer mon nom avant que je ne m'engage dans la petite allée devant chez moi.
Mes parents et moi habitions la périphérie de Mokpo, dans l'un des quartiers les plus pauvres de la ville. Nous avions pourtant la chance de ne pas vivre dans un appartement du centre ou une maison mitoyenne. Le coin était plutôt calme malgré la misère qui touchait les gens d'ici. Et il y avait quelque chose que j'affectionnais par dessus tout : cette sublime vue sur la mer de Chine, bras de l'océan pacifique.
Je ne m'étais même pas regardé avant de partir, mais au moins je n'avais pas oublié mon sac de cours ! Mon uniforme scolaire bleu marine devait paraître négligé et mes cheveux roses pâles ébouriffés. Mais qu'importe, après tout je ne faisais pas vraiment attention à ce genre de détails, en seize ans d'existence j'avais appris à me moquer du regard des autres, des rumeurs, et n'avais pas peur de choquer.
J'attrapais mon skate apposé contre le portail déglingué d'en face. C'était l'un des rares objets qui me tenait à cœur. J'avais économisé près d'une année avant de pouvoir me l'offrir, j'avais pu en choisir les motifs : Les teintes rouges, noires et beiges s'y mêlaient, représentant un soleil et ses rayons pourpres à l'aspect géométrique, le tout sur un fond sombre par endroits, clair à d'autres, formant ainsi un dégradé. Une traînée zigzagante noire parcourait tout le long de la planche. J'en étais particulièrement fier.
Arrivé dans ma petite rue recouverte d'une fine couche de sable blanc, je regardais en face de moi. Séparé par un petit muret de 70cm tout au plus, la plage faisait front, la mer également, elle était calme, imposante et immuable. Je m'en imprégnais et me sentais de suite plus fort. L'aube pointait à peine à l'horizon, le ciel formant un dégradé de nuances, Du rouge-orangé au loin jusqu'au bleu profond au dessus de ma tête. Quelques étoiles pâles mais encore chatoyantes parsemaient le ciel et disparaissaient peu à peu avec l'arrivée de l'astre. De fins nuages gris se déroulaient et survolaient la grande étendue d'eau. Le temps était particulièrement doux pour une fin de mois d'octobre, mais un microclimat agissait sur Mokpo. Ici, la nature était imperturbable, je voulais lui ressembler et stopper ce tourbillon d'émotions et de ressentis qui me heurtait parfois.
-Allez. Tu peux le faire. Courage.
Me dis-je à moi-même.Perdu dans mes pensées je n'avais pas fait attention à l'heure, j’élançais alors mon skate, un pied sur la planche, l'autre prenant de l'élan. Le sable crépita sous mes roues, cette sensation habituelle me rassurait. Je sortis avec agilité de ma poche mon petit MP3 qui ne me quittait jamais, je vissais les écouteurs au creux de mes oreilles et l'allumais. « Goin' home » résonna. Bercé par les paroles, les yeux dans le vague, je survolais le sol avec aisance, caressant l'air, j'oubliais tout ce qu'il y avais autour, le paysage défilait, le vent frais me fouettait le visage alors que je suivais par automatisme le chemin connu par cœur.
~
Après un trajet d'une quinzaine de minutes, j’aperçus enfin la Hye In Highschool, mon lycée. Derrière, nous pouvions voir le mont Yudalsan, et il valait mieux le regarder lui plutôt que l'édifice gris et décrépit. La Hye In était un lycée public pour garçons, mais pas n'importe lequel. Sa mauvaise réputation dépassait les frontières de Mokpo. Les résultats étaient médiocres, il ne se passait pas un jour sans qu'une bagarre n’éclate, en classe pas la peine d'essayer d'écouter et les professeurs l'avaient tous bien compris. Ils avaient simplement baissé les bras. Nouvelle de la semaine, le principal s'était mis en arrêt maladie, je le soupçonnais de vouloir abandonner le navire en plein naufrage.
Je m'arrêtais, attrapais mon skate et entrais dans le bâtiment. J'avais appris à ne plus avoir peur que les plafonds ne me tombent sur la tête. On s'y habituait bien après tout. En y pensant, je ne pourrais supporter d'être dans une de ces écoles aseptisées. Où les gens portaient ce vulgaire sourire hypocrite comme ils porteraient leur cravate bien lisse. Où un mot ne devait pas dépasser l'autre. Dans un calme aussi studieux qu'ennuyeux. Je préférais la vie, moi. Je préférais m'habiller comme je l'entendais, et même si ici aussi il y avait l'uniforme, je pouvais mettre mes montantes blanches et détacher ma chemise si je le souhaitais. Je me demandais d'ailleurs comment ces fils à papa ne s'asphyxiaient pas avec leurs petits boutons nacrés fermés jusqu'en dessous de leur menton. Je pensais avoir une personnalité, contrairement à eux. Je ne voulais pas être conforme aux autres. Quand je souhaitais quelque chose, je m'acharnais et ne lâchais rien, mon avis ne divergeait pas. Je ne changerais pas ma vie pour la-leur.
J'étais en avance, il me restait un petit quart d'heure pour faire ce que j'avais à faire. Je montais au deuxième étage mais ne me dirigeais pas vers ma salle de classe. Mes pieds claquaient sur le carrelage autrefois blanc, alors que je prenais le chemin des toilettes. Quand j'entrais, un terminal était déjà là à attendre, les bras ballants, juste en face de la petite fenêtre encrassée. Pas du tout suspect, c'est sûr. Je refermais la porte.
-Tu as ce dont tu m'as parlé ??
Me demanda-t-il, de but en blanc, comme pressé.-Bonjour à toi aussi... Oui. Deux secondes.
Je regardais autour de moi puis ouvrais mon sac, ce dernier ne contenait pas vraiment de cahiers ou des bouquins. Je sortais l'étui en néoprène noir qui s'y trouvait. Je le posais près des robinets et l'ouvrais. Un MacBook flambant neuf reposait là. Je me tournais vers l'autre garçon qui ne fixait que l'objet étincelant. Je refermais abruptement la housse, le coupant de sa rêverie.
-Et toi, tu as l'argent ?
Mon vis-à-vis tâta ses poches avec hâte et en sortit un petit tas de billets qu'il me tendit. Je recomptais. Les 500 000 Won étaient là. Je les rangeais et lui laissais son bien.
-Si tu as besoin d'autres choses...
Lui dis-je.-Pas de problème. Super, mec !
Je partais des sanitaires sans plus de mots. Tout ça était devenu mon rituel quotidien depuis deux petites semaines. Je ne risquais pas bien gros au sein de cette école. Aucuns surveillants. Les adultes avançaient limite les yeux fermés et la tête baissée. Il n’empêche que je ne voulais pas me faire remarquer. Beaucoup plus était en jeu dans cette histoire. Et mes amis ne devaient rien savoir.
Enfin j'entrais dans ma salle. Quelques élèves étaient déjà là, les conversations étaient fortes. Je repérais un de mes amis au fond, au niveau de nos places habituelles et l'y rejoignis.
-What's up, man ?
Dit Jong Up avec un accent exagéré. Je souriais. Il pouvait être paradoxal par moment. Il avait un an de plus que moi, les cheveux châtains, et de prime abord il pouvait paraître froid, mais c'était principalement dû au fait qu'il n'y avait que la danse qui avait grâce à ses yeux. Il en oubliait tout ce qu'il y avait autour. Je le comprenais parfaitement. C'était en tout cas un bon ami.-Tout va bien. Comme toujours.
J'insultais les personnes hypocrites tout à l'heure mais parfois je ne valais pas mieux, vraiment.La sonnerie venait de retentir et je vis enfin mon meilleur-ami apparaître sur le pas de la porte. Il semblait avoir piqué un sprint ! Il posa ses mains de part et d'autre de l'encadrement pour se soutenir comme il le pouvait, se pencha en avant et essaya de reprendre son souffle tant bien que mal. Il respirait comme un buffle puis secoua les mains en avant.
-Nan, nan, ça ira, ne m'aidez pas !
S'adressa-t-il à l'ensemble, alors que personne de faisait attention à lui. Après un moment, il nous regarda enfin et récupéra son sourire coutumier avant de nous rejoindre. Yo Jong Up ! Hé grande gigue !
-Ce n'est pas de ma faute si t'es né court sur pattes !!
Je ne pus m'empêcher de rétorquer, avec une moue enfantine. Il ébouriffa mes cheveux déjà décoiffés à la base...-Ouais cause toujours Little Pink Boy !
-Toi et tes surnoms...
Tae Il était mon meilleur-ami depuis plus de cinq ans. Depuis que je m'étais installé à Mokpo. Jusqu'à mes onze ans, ma famille et moi vivions à Busan. Nous avions déménagé et je l'ai rencontré. Depuis, nous ne nous étions plus quittés. J'avais une confiance aveugle en lui et je savais que nous aurions pu nous sacrifier l'un pour l'autre. Il avait toujours été un brin protecteur avec moi, et disait que c'était parce qu'il était l’aîné... C'est vrai que la différence d'âge devait jouer ! Pourtant nous nous étions retrouvés dans la même classe depuis la fin du collège... Je ne tenais plus le compte du nombre de fois où il avait redoublé !
-Pourtant toi tu m'appelles bien « Shark » !!
Fit-il avec une grimace tout aussi enfantine que la mienne. Je le fixais, blasé, ses cheveux bruns étaient retenus par son éternel bandana noir aux motifs blancs.-Nan mais toi tu ressembles réellement à un requin !
Intervint Jong Up, sur lequel Tae Il bondit.Après quelques secondes de chamailleries, il s'arrêta d'un coup et prit un air conspirateur, il s'approcha de nous deux, nous attrapa par les épaules en conciliabule et chuchota.
-Ça vous dit qu'à la pause on aille mater dans les vestiaires des filles de Min Tae ?
Il eut un haussement de sourcils plus qu'équivoque.Min Tae Highschool était l'école pour filles se trouvant en face de la nôtre, nous y avions déjà fait les quatre-cent coups !
-Au lieu de penser aux filles tu ferais mieux de réviser pour les prochains examens !
Dit le nouvel intervenant. -Oh non... l'autre rabat-joie,
marmonna dans sa barbe Tae Il. Oh tiens ! C'est notre très cher délégué ! Comment ça va Young Jae ??
Fit mon ami avec un sourire engageant et en battant quelque peu des cils.
-Je ne sais pas comment répondre à cette question ! J'essaye de vous motiver pour travailler plus, je me suis même proposé pour organiser des groupes d'aide mais personne n'a signé la fiche d'inscription ! Alors j'ai pensé à vous les gars. Je vois votre envie profonde de réussir, même si vous la cachez de façon remarquable, mais on ne me la fait pas à moi ! Du coup je vous ais inscrit à la sortie du prof' de Sciences naturelles, qui a pour thème « Être à l'écoute des arbres », samedi prochain !
Tae Il, Jong Up et moi nous regardâmes pour vérifier si nous avions tout compris. Mais après tout, cela ne m'étonnait pratiquement pas de la part de Young Jae. Il était vraiment dans son monde, et croyait sûrement qu'il était possible que l'on devienne l'un des meilleurs lycées de la ville, que l'on redore notre blason, ou que sais-je encore. Je ne savais pas pourquoi, mais il s'était attaché à nous malgré nos caractères diamétralement opposés. Il pouvait être particulièrement pénible, mais n'avait pas mauvais fond, loin de là. Tout partait d'un bon sentiment.
-Peux pas,
répondis-je d'une voix las.
-Moi samedi, j'avais prévu d'aller à la salle de danse à 7h... Je ne sortirais sûrement pas avant 22h... Elle est à quelle heure ta sortie ?
Objecta à son tour Jong Up.
-Nan, mais mec le samedi c'est sacré ! C'est salle de jeu et nana à gogo ! On va pas aller s'enterrer dans la forêt !!
Fit Tae Il, regardant son vis à vis comme si ce dernier avait sorti une élucubration.
-Mais qui a parlé de s’enterrer ?! C'est pas un enterrement, c'est une rencontre avec la nature ! Et puis... maintenant que vous êtes inscrits, c'est comme un contrat signé, vous ne pouvez pas revenir en arrière !
-Moi personnellement je ne me rappelle pas avoir signé quoi que ce soit !
Répliquais-je.
-J'ai une très bonne mémoire des signatures ! Sur ce.
Notre délégué repartit sur ces mots, comme une fleur, pour s’asseoir au premier rang en face du professeur qui essayait d'attirer l'attention d'un air gêné en se raclant la gorge.
-Et mais il vient de se passer quoi là ?
Nous demanda Jong Up.
-Cherche pas est rendors-toi !
Tae Il se retourna vers moi. J'ai toujours su qu'il était sournois ce type !
J'étais totalement d'accord avec ça !
~
Les cours de la journée se déroulèrent comme à leur habitude. Personne n'écoutait les professeurs qui faisaient plutôt partie du décor. Le brouhaha régnait, c'était le bordel total en classe, comme à chaque fois. Des personnes jouaient aux cartes, d'autres se lançaient un ballon de basket, la plupart avait les doigts collés à leurs touches de portables. Jong Up dormait. Tae Il, lui, s'était attelé à recouvrir sa table de petits poissons d'encre. Et moi j'écrivais les paroles qui me venaient en tête. J'adorais écrire mes propres rap. C'est aussi la musique qui m'avait rapproché de mon meilleur-ami.
La fin des cours sonna à 16h et nous sortîmes enfin à l'air libre ! Je commençais à me sentir oppressé là-dedans ! Je détestais rester enfermé entre quatre murs. Jong Up partit rapidement, nous laissant à deux. Soudain je me rappelais de quelque chose.
-Eh, tu m'avais pas dit que t'avais un nouveau CD à me passer ?
Mon meilleur-ami se frappa le front.
-Merde ! Le CD des Tearliner ouais... tu connais ma mémoire de poisson.. j'ai totalement oublié !
-Je peux peut-être passer chez toi pour le récupérer, non ?
Je savais pertinemment quelle allait être sa réponse. Pourtant je tentais, comme la centaine de fois auparavant.
-Écoutes, je vais pas chez moi là, je passe chez un oncle... Je te l'emmène demain, ok ?
-Pas de problème...
Jamais je n'avais pu mettre un pied chez Tae Il. En cinq ans. À chaque fois il me sortait excuses sur excuses. Et même si j'évitais de me mêler des affaires des autres, tout cela me rendait curieux. Il me cachait quelque chose. J'en étais persuadé. Mais moi aussi après tout...
~
Cela faisait une vingtaine de minutes que je marchais, mon skate en main. Je n'étais pas particulièrement pressé d'arriver à destination. Mais contrairement aux autres jours, je ne me dirigeais pas vers la côte, vers mon « foyer ». Les paysages familiers laissaient peu à peu place à un panorama étranger. Le stress monta d'un cran alors qu'un panneau affichait le quartier GeunHwa, situé au sud-ouest de Mokpo. Les maisons résidentielles se faisaient plus rares. Les petits commerces se comptaient à présent sur les doigts d'une main. Je n'avais fait le chemin qu'une fois, pourtant, ce dernier s'était gravé dans mon esprit dans les moindres détails. La boule au ventre ne faisait qu'enfler plus j'approchais du but. Je me stoppais devant ce qui semblait être un grillage cachant un chemin d'herbes s'enfonçant entre les arbres émeraudes. Je respirais un grand coup, mes deux mains posées sur les lanières de mon sac. Après avoir rempli mes poumons d'air, je me mis à l’œuvre. Je cherchais l'endroit où la clôture avait été découpée à la pince, écartais les deux bouts pour me créer un passage, puis me glissa de l'autre côté. Je ne perdis pas de temps. Je ne souhaitais pas vraiment me faire remarquer. Plus j'avançais et plus le sentier était recouvert de hautes herbes. Avec mon mètre quatre-vingt trois, je pouvais aisément les enjamber, même si cela ralentissait mon pas. Enfin je vis le bâtiment désaffecté qui se dressait en face de moi. Ce dernier possédait deux étages. Certaines fenêtres ne comportaient plus aucuns carreaux. D'autres étaient barrées par des panneaux de bois. L'endroit semblait désertique et n'inspirait pas confiance. J'avançais encore de deux pas quand soudain une lourde main s’abattit sur mon épaule droite, me faisant sursauter. Je fis volte-face.
-Eh, eh, tout doux petit Zelo.
Je reconnus de suite mon interlocuteur.
-Kai !
Le garçon aux cheveux noirs porta une cigarette à ses lèvres, il prit une dernière taffe avant de jeter le petit bâton encore rougeoyant sur le sol.
-Tu as vendu toute la marchandise ?
Demanda-t-il avec sérieux.
-Ouais. Il ne reste plus rien.
Je descendis mon sac de mes épaules et l'ouvris, Je sortis deux tas de billets parfaitement ordonnés et les lui tendis. Il compta l'argent récolté. L'ayant moi-même fait auparavant, je savais qu'il y avait une petite fortune. Après son calcul, Kai me redonna une partie des billets. Je savais que j'allais recevoir cette somme. Pourtant je n'en croyais pas mes yeux. Jamais je n'avais eu autant d'argent en ma possession. L'autre garçon dû voir mon désarroi puisqu'il se mit à rire et à me fourrer le tout dans la main.
-Viens. Je vais te présenter aux autres. Bienvenue chez les Red Tiger.