- J’a… J’ai… Fro…id

Sa voix tremblait comme pour confirmer ses dires. Il ne sentait plus ses jambes, il allait sûrement mourir de froid et vu le sang qui coulait le long de sa joue, la blessure qu’il avait à la tête était sans doute plus importante que ce qu’il pensait. Il recouvrait peu à peu ses esprits, ce qui expliqua notamment qu’il mit un certain temps avant de se rappeler qu’il n’était pas seul. Il réussit tant bien que mal à tourner la tête vers la droite pour voir qu’il n’était pas le plus à plaindre. La réalité lui fit soudainement face et il commença à paniquer. Comment se faisait-il qu’il était inconscient ? Etait-il… Non, il ne pouvait pas être mort. Il essaya alors un mouvement vers lui mais il comprit rapidement pourquoi il ne sentait plus ses jambes. Elles étaient tout simplement coincées sous le volant. Il était vraiment dans une fâcheuse posture et il espérait intérieurement qu’il finirait par se réveiller, quitte à tomber de son lit et à se faire une belle bosse. Mais la douleur semblait tout de même bien trop réelle pour pouvoir n’être qu’imaginée.

A l’instant-même, il aurait voulu crier et dieu sait qu’il pouvait en avoir de la voix mais les sons restaient bloqués dans sa gorge. Il avait pourtant envie d’appeler quelqu’un à l’aide, il aurait fallu qu’il appelle quelqu’un à l’aide… Le froid qu’il ressentait dans son corps l’empêchait de faire quoique ce soit, et il fallait le dire, il n’avait pas non plus tous ses esprits. Il divaguait même légèrement. Il était d’ailleurs prêt à retomber dans l’inconscience. Ce ne fut donc que de très loin qu’il entendit la voix d’une autre personne et il n’arrivait pas bien à savoir s’il l’imaginait.

- Quelqu’un m’entends-t-il ? Y’a-t-il quelqu’un ?

Il n’eut cependant pas la force de lui répondre, et comme rassuré de savoir que quelqu’un était là, juste à côté de lui, il laissa ses paupières se fermer sans plus de résistance.

Elle s’était de nouveau réveillée en retard. Elle n’était décidemment pas du matin, mais le serait-elle un jour ? Elle ne se posa toutefois pas plus de questions, elle n’en avait pas vraiment le temps. Elle allait vraiment finir par se faire virer un de ces jours. Un morceau de brioche dans la bouche, elle enfila à toute vitesse le tee-shirt et le pantalon préparés la veille. Heureusement pour elle, elle avait toujours été un minimum organisée, ce qui limitait généralement la casse. Elle prit ses clés de voiture posées sur la petite table en bois et ne resta pas plus longtemps dans son appartement.

Comme chaque matin, cette partie de la route était calme. Son lieu de travail se situant sur la périphérie de Séoul, elle pouvait se permettre d’habiter en dehors de la capitale. Elle savait cependant que cette tranquillité n’allait pas durer longtemps et qu’elle se retrouverait dans quelques minutes dans les embouteillages qui faisaient la réputation de la ville. Elle devait donc profiter de ce moment pour arranger quelque peu ces cheveux, ce n’était pas vraiment le genre de fille à être coquette mais elle tenait tout de même à être présentable. Ce n’était certes pas vraiment prudent de se regarder dans le rétroviseur intérieur pendant qu’elle conduisait, mais au fil du temps, et surtout au fil des retards accumulés, elle avait pris l’habitude. Elle n’avait cependant pas prévue qu’un bruit de fracas la ferait sursauter. Elle faillit en perdre le contrôle de son véhicule mais ce n’était sans compter sur ses réflexes. Remise de la frayeur qu’elle venait de se faire, elle remarqua qu’elle ne s’était pas arrêter mais qu’au contraire elle avait continué sa route comme si de rien n’était. Elle ne pouvait cependant pas s’empêcher de penser à ce bruit qui lui faisait froid dans le dos. Bien qu’elle fût vraiment en retard, elle savait qu’elle ne pourrait pas travailler sans avoir été jeter un coup d’œil. Puis quitte à être en retard, autant l’être complètement.

La jeune femme entreprit donc un demi-tour mais ne réussit pas à combler sa curiosité. Après tout, étant donné qu’elle ne regardait pas vraiment la route, elle ne savait pas très bien à quel endroit cela avait bien pu avoir lieu. En outre, la route traversait une forêt et il était difficile de distinguer quoique ce soit entre les arbres. Elle gara donc sa voiture sur le bas côté afin de chercher à pied quelque chose qui n’existait peut-être même pas. Un jour sa curiosité la perdra. Cependant, elle ne pouvait se dire qu’elle avait imaginé ce bruit, elle était certes fatiguée mais il y avait tout de même des limites. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’elle risquait de perdre le contrôle de sa voiture….

Heureusement pour elle, elle n’eut pas longtemps à chercher. Elle comprenait à présent mieux ce qui l’avait fait sursauter. Une voiture semblait avoir dévalée la pente qui se présentait à la jeune femme pour finir encastrée dans un arbre. Cette pente ne disait rien de bon à la jeune femme mais elle ne pouvait pour autant partir comme si elle n’avait rien vu. Elle descendit donc prudemment, histoire de ne pas tomber dans la foulée et à son grand étonnement, elle arriva assez vite derrière la voiture. Trop vite peut-être ? Elle n’avait pas vraiment réfléchie à ce qu’elle faisait, dans l’urgence de l’action, et maintenant qu’elle se trouvait là, la réalité lui faisait face. Elle se figea. Elle ne connaissait que trop bien les scènes d’accident et tout lui revint soudainement en mémoire : les cris, les larmes, le sang. Elle réussit cependant à sortir de son état de semi-statue par la simple pensée que cette voiture avait sûrement un conducteur. Elle prit alors son courage à deux mains.

- Quelqu’un m’entends-t-il ? Y’a-t-il quelqu’un ?

Personne ne lui répondit. Pourquoi s’en étonnait-elle, vu l’état de la voiture, ce serait presque un miracle si quelqu’un s’en sortait sans égratignures. C’est au moment où elle voulut contacter les secours qu’elle s’aperçut que son portable était resté dans sa voiture, c’est-à-dire tout en haut. Elle savait qu’elle ne pourrait faire des allers-retours sans cesse et choisit donc de s’approcher du côté conducteur. Deux jeunes hommes semblaient se trouver dans la voiture, ils n’étaient pas vraiment en bon état et ne semblaient pas conscients. C’était bien sa veine. Pourquoi fallait-il toujours que des choses comme celle-ci lui arrive ?

- I’m not afraid to take a stand. Everybody come take my hand.

La jeune femme ne comprit pas tout de suite ce qui se passait – qui venait de parler anglais ? – avant de comprendre qu’il s’agissait d’une sonnerie de portable, portable qui se trouvait justement devant son nez. L’accident avait également malmené la voiture et les vitres n’avaient pas résisté au choc. Elle put donc assez facilement atteindre le portable. Elle allait le ramener vers elle quand le conducteur prit fermement son bras..

La jeune femme sursauta de nouveau. A ce rythme, elle allait finir par avoir une crise cardiaque avant la fin de la journée. Elle n’eut cependant pas le loisir de réfléchir à une éventuelle mort prochaine, que le jeune homme prit la parole.

- Tu profites toujours des accidents pour essayer de voler les gens ?
- Vous me faites mal, gémit-elle tout en essayant en vain de récupérer son bras.
- Tu crois que je vais être gentil alors que t’essayais de me voler mon portable ?

Elle était stupéfaite. Non elle était en colère, avait-elle tant que cela l’air d’être une voleuse ? Elle était presque prête à faire demi-tour, mais elle savait qu’elle ne pourrait pas partir en les laissant dans cet état. Elle regarda alors le jeune conducteur, en essayant de lui montrer qu’elle pouvait être une personne de confiance, et non une… voleuse.

- J’allais appeler les secours mais si vous ne voulez pas, je peux très bien retourner à ma voiture en vous laissant ici.
- Tu n’as pas de portable ?

Le ton était agressif, la jeune femme comprit qu’elle ne devait pas paraître crédible. C’est vrai de nos jours, la plus grande majorité sinon tous les jeunes avaient un portable, et elle n’était pas vraiment l’exception qui confirme la règle. Cependant cela la mettait en colère qu’il ne la croit pas. Pourquoi devait-elle se justifier ? N’était-elle pas en train de faire une bonne action ? S’il ne semblait pas en si mauvais état, elle l’aurait sans doute plus malmené.

- Il est dans ma voiture, là-haut. Je m’apprêtais justement à aller le chercher mais j’ai entendu votre portable sonner et… Et puis, mince alors. Ma voiture est en haut, et si vous voulez que je perdre encore un peu plus de temps en allant le chercher, je peux très bien le faire. Mais réfléchissez bien que le temps pourrait être quelque chose de précieux pour votre ami. Si les secours arrivent trop tard et n’arrivent pas à le réanimer, c’est moi qui m’en voudrais. Personnellement, je n’ai vraiment pas envie d’avoir cela sur la conscience.

Le jeune homme fut stupéfait du flot de paroles qui sortait de la bouche de cette jeune fille. Pourquoi fallait-il que la gente féminine soit toujours aussi bavarde ? A moitié dans les vaps, il sembla toutefois faire un effort pour prendre en compte les paroles de la jeune fille. Il se rendit compte qu’il était sans doute ridicule. De toute façon, vu son état, il ne pouvait pas trop lutter, elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait. Il ne pouvait cependant pas s’empêcher de penser qu’elle allait partir en courant avec son portable et les laisser là tous les deux. Ce n’était pas vraiment pour lui qu’il s’inquiétait mais plutôt pour la personne qui se trouvait sur le siège passager. Il desserra alors son emprise.

- Merci.

Passablement énervée, elle réussit néanmoins à composer sans erreur le numéro des secours.

- […] Bonjour, je me trouve sur le lieu d’un accident. […] Deux personnes. […] Je dirais tout juste majeur.
- J’ai 21 ans –‘
- Et votre ami ?
- 18 ans.
- 18 et 21 ans […] Dans la forêt, près de l’entrée nord de Séoul […] Le passager est inconscient tandis que le conducteur arrive à me répondre bien qu’il semble avoir une sérieuse blessure à la tête.
- J’ai les jambes coincées aussi.
- Et il a les jambes coincées.
- […] Oui je peux rejoindre le bord de la route.

Elle s’apprêtait à partir quand il resserra de nouveau sa main autour de son bras. Elle le regarda d’un air interrogateur.

- Je ne vais pas te le voler si c’est cela qui t’inquiète, je dois juste garder les secours en ligne !
- Je… Reste ici s’il te plaît.

Il avait la voix cassée, il était fatigué. Elle le remarqua immédiatement, et la colère qu’elle avait envers lui s’effaça peu à peu. Elle se surprit même à le trouver mignon, enfin fallait vraiment qu’il fasse quelque chose à tout ce sang…

- Vous pouvez me prévenir quand les secours arrivent à proximité ? Le conducteur semble prêt à tomber dans l’inconscience et je crois qu’il est préférable que je reste à côté de lui afin de le stimuler.

Bien qu’il lui ait demandé de rester, il ne semblait pas pour autant vouloir discuter. Tant mieux, elle n’était pas du genre à raconter sa vie à un inconnu, aussi mignon qu’il puisse être. Il lui semblait que les secours mettaient des heures pour arriver sur le lieu de l’accident. Elle commençait légèrement à avoir pitié du jeune homme et décida d’enlever son foulard afin de tapoter le front de ce dernier. Il eut d’abord un mouvement de surprise, puis la laissa faire quand il comprit ses intentions. Elle y allait avec douceur et essayait de ne pas causer plus de dégâts qu’il n’y en avait déjà.

Le jeune homme ferma les yeux pour lui faciliter la tâche, cependant cela ne l’aidait pas vraiment à rester éveillé. Il était toutefois déterminé à lutter, rien que pour profiter de ce moment. Cette proximité permit à la jeune femme de le regarder de plus près. Son visage était long et ses traits, fins. Bien qu’il soit tout à fait son genre, elle avait tout de même du mal avec la couleur blonde de ses cheveux. Cependant, le détail qui attira son attention fut ses lèvres qui semblaient gercées. C’est à ce moment là qu’elle remarqua que le jeune homme tremblait, il avait froid. Elle retira sa veste et la posa sur lui, en essayant de recouvrir au maximum son torse, ce qui n’était pas chose aisée étant donné que la veste était bien plus petite que son corps.

Les secours finirent tout de même par arriver. Ce qui était loin d’être une mauvaise chose, elle allait enfin pouvoir aller travailler. Ce n’était pas qu’elle tenait tant que ça à travailler mais là, elle allait vraiment se faire tuer par son patron si elle ne filait pas, accident ou pas. Au moins, elle avait une excuse pour une fois. Elle allait donc partir quand un secouriste s’adressa à elle :

- Mademoiselle ! Où allez-vous ?
- Je dois aller travailler, je suis déjà très en retard.
- Je suis désolé mais vous ne pouvez pas partir, la police aura besoin de vous interroger quand ils arriveront.
- La police ?

Que venait donc faire la police dans cette histoire ? Ce n’était pas comme si c’était de sa faute si la voiture était sortie de la route. Attendez. Pouvait-elle être considérée comme coupable ? L’inquiétude devait se lire sur son visage car le secouriste reprit rapidement la parole avec un ton qui se voulait sans doute rassurant.

- Oui, vous avez été témoin de l’accident. C’est juste histoire de répondre à deux ou trois questions et de prendre vos coordonnées. Ne vous inquiétez pas, ce sont juste des formalités.

Juste des formalités ? Il se foutait d’elle ? Cela se voyait bien qu’il n’avait jamais rencontré son chef, car s’il l’avait déjà vu, il saurait pourquoi elle ne pouvait se permettre d’attendre la police sans se ronger les ongles.

- Et ils arrivent quand ?
- Ils ne devraient pas tarder. On les a prévenus juste après votre appel au centre de secours.

C’était déjà ça. Ils avaient vraiment intérêt à arriver vite car il lui semblait que les minutes étaient devenues des secondes. Elle n’avait rien d’autre à faire en attendant que de regarder les secouristes faire leur travail et elle se sentait franchement en trop. Elle voyait bien qu’elle était inutile, et surtout elle ne supportait pas de voir ce stress autour de l’autre jeune homme.

- Mademoiselle ?

Elle se retourna afin de voir qui lui parlait. Au vu de l’uniforme, ce ne pouvait être qu’un policier.

- Oui ?
- Désolé de vous avoir fait attendre mais c’est la procédure en cas d’accident.
- Je comprends

Non elle ne comprenait pas qu’une telle procédure puisse exister mais elle n’avait pas vraiment le temps de polémiquer et surtout elle n’avait pas envie de finir au poste. Elle répondit aux quelques questions que lui posait l’officier mais ne put lui être d’une grande aide. En effet, elle n’avait pas vu l’accident et bien qu’elle ait parlé avec le conducteur, ce dernier ne lui avait rien dit à ce sujet. Le policier ne la retient pas plus longtemps et elle partit sans même voir que plusieurs paparazzis étaient arrivés sur le lieu de l’accident. En fait, elle ne pensait qu’à une seule chose : son travail. Elle dut d’ailleurs faire un effort surhumain pour se concentrer sur la route, un accident c’était bien assez pour la journée.

Arrivée devant le magasin où elle travaillait, elle se précipita pour y entrer. Cependant, elle n’eut pas le temps de refermer la porte d’entée que son patron était dressé devant elle, visiblement en colère. Elle allait passer un très mauvais quart d’heure. Elle remarqua l’absence de clients dans la boutique, ce n’était pas bon, pas bon du tout.

- C’est à cette heure-ci que t’arrives ? Tu te rends compte de l’heure ? Tu crois vraiment que je vais pouvoir te garder dans ces conditions ? Je ne te paye pas pour que tu puisses faire la grasse matinée !
- Mais je peux…
- Oui, tu peux m’expliquer ! Je sais, tu peux toujours m’expliquer. Mais j’en ai vraiment marre d’écouter tes histoires. Tu fais la fermeture et tu dégages ! Trop c’est trop !

La jeune fille était abasourdie. Bien qu’elle s’attendait à se faire remonter les bretelles, elle n’avait pas imaginé qu’il puisse ainsi la virer. Elle espéra toute la journée qu’il avait dit cela sous le coup de la colère. Elle prit même soin de répondre à toutes ses attentes. Cela ne suffit pas pour autant et lorsqu’elle ferma la boutique, elle ne put s’empêcher de regarder la devanture avec mélancolie. Elle avait eu tellement de mal à trouver cet emploi… Comment allait-elle faire maintenant pour vivre ? Et comme pour compléter son malheur, une brise lui rappela qu’elle avait oublié sa veste sur le lieu de l’accident. Super ! C’était justement sa veste préférée… Mauvaise journée.

Une semaine était passée depuis l’accident, une semaine à chercher du boulot un peu partout. Elle finissait par croire qu’elle était vraiment nulle et qu’elle finirait sa vie sous les ponts. Mais le plus triste dans cela, c’est qu’elle commençait à se faire à l’idée. Alors c’était décidé, ce matin, elle ne se lèverait pas avant midi. Maintenant qu’elle était « autorisée » à dormir le temps qu’elle souhaitait, elle pouvait après tout se permettre une grasse matinée.

Cependant, ses plans tombèrent à l’eau lorsqu’elle entendit son portable vibrer. Elle aurait très bien pu ne pas y porter attention mais il se trouvait qu’elle ne pouvait pas se permettre, financièrement parlant, de louper un appel professionnel. C’était un message de Sae-Hee. Et heureusement que c’était elle, autrement son portable aurait sans doute atterri de l’autre côté de la pièce.

« Faut qu’on se voit ! J’ai peut-être une proposition de job pour toi. 17h, au café ? Sae-Hee. »

Sae-Hee était la meilleure amie de la jeune femme depuis la maternelle et les deux amies n’avaient jamais perdus contact bien qu’elles ne se voyaient que peu. La jeune femme lui avait bien sûr raconté ce qui s’était passé il y a à peine une semaine, sans pour autant entrer dans les détails. Elle ne s’était par exemple pas attardée sur la description physique du conducteur – qui, pourtant, valait le coup d’œil. Les yeux semi-ouverts, elle pianota rapidement sur le clavier de son smartphone.

« Du travail ? Ok. 17h, He-Ran. »

A présent, la jeune femme ne se voyait plus se rendormir. Elle décida donc de se lever pour prendre son petit-déjeuner, un livre à la main. He-Ran n’était pas vraiment du genre à se divertir par la télévision ou par des magazines. Un bon roman lui plaisait bien davantage, même parfois plus que la compagnie des autres.

La journée passa pourtant lentement, elle vagabondait dans son appartement, trainait des pieds et ne savait pas trop comment s’occuper. Elle passait ainsi de son livre à son ordinateur, pour finalement mettre ses écouteurs sur ses oreilles et écouter de la musique. Ce ne fut donc sans surprise, qu’elle décida de se préparer pour son rendez-vous en plein milieu de l’après-midi. Elle partit ainsi assez tôt, ce qui n’était pas vraiment dans son habitude, et ce que son amie ne manqua pas de lui faire remarquer quand elle arriva.

- Mon dieu ? Que vois-je ? He-Ran, presque en avance à un rendez-vous ? Mais dites-moi que je rêve !
- Très drôle noona. Bon, on entre ?
- Pas très en forme aujourd’hui, He ?

La jeune femme se contenta d’esquisser un faible sourire puis entra dans le café où travaillait Sae-Hee. Les deux amies s’installèrent à une table, dans le fond de la salle, afin de pouvoir parler tranquillement. Elles abordèrent tout un tas de sujet avant d’arriver à la raison de leur rendez-vous.

- Ils recherchent une serveuse ici, tu devrais peut-être tester…
- Ici ? Mais…
- Je sais ce que tu vas dire, c’est bien plus loin que ton dernier emploi mais… peut-être que c’est un signe. Tu devrais peut-être venir habiter près d’ici…
- Tu veux dire… habiter dans Séoul ?
- Ne sois pas si choquée, tu savais très bien que tu ne pourrais pas rester éternellement à la campagne, non ?
- Si mais…
- Pourquoi on ne prendrait pas un appart ensemble ?
- Faut que j’y réfléchisse…
- Ok mais fait vite, ils trouveront sûrement quelqu’un en peu de temps.

Sae-Hee comprit qu’il fallait qu’elle change de sujet, et justement elle en avait un qui lui brûlait les lèvres depuis une semaine.

- Tu ne devrais pas prendre de leurs nouvelles ?
- Hein ? De leurs nouvelles ? Mais de qui tu parles ?
- Allo la Lune ? Ici, le commandant Sae-Hee, on demande He-Ran sur Terre. Des gars de l’accident, pardi !
- Ha. Eux…
- Oui, eux ! Tu leurs as quand même sauvé la vie, non ? Tu ne devrais pas au moins aller voir comment ils s’en sortent ?
- Ce ne sont plus mes affaires.

Sae-Hee connaissait son amie par cœur. He-Ran pouvait paraître distante, et même un peu froide par moment mais c’était surtout dû à un manque de confiance en elle et en autrui. Elle n’était pas méchante, loin de là… Elle ne put tout de même s’empêcher de la sermonner.

- Kim He-Ran !
- Quoi ?, demanda la concernée avec un air faussement innocent.

Son amie lui fit le fameux coup du regard noir intense qui faisait céder à coup sûr la jeune femme. He-Ran tourna la tête sur le côté, légèrement blazé et soupira légèrement.

- D’accord, j’irais à l’hôpital mais s’ils n’y sont plus, je ne ferais rien de plus, ok ?
- Tu vois que tu peux être gentille, quand tu veux !
- Na ! répondit-elle en lui tirant la langue

Les deux amies éclatèrent de rire et continuèrent leur discussion sans revenir là-dessus. Cependant, lorsque He-Ran rentra chez elle, elle repensa à ce que lui avait dit son amie. Demain, elle se rendrait à l’hôpital. C’est vrai, elle leur avait sauvé la vie, après tout !

Comme promis, He-Ran prit la direction de l’hôpital après avoir mangé. Un des secouristes lui avait donné le nom de l’hôpital dans lequel ils se rendaient dans l’éventualité où elle voudrait venir prendre de leurs nouvelles. La jeune femme ne savait pas pourquoi elle se sentait aussi stressée. Elle mit cela sur le compte de l’endroit, elle n’avait jamais aimé les hôpitaux. Elle eut donc beaucoup de mal à venir se présenter à l’accueil.

- Excusez-moi, je venais de prendre des nouvelles de…

Mince, elle ne savait pas leurs noms. Elle devait paraître bien stupide maintenant à réfléchir à comment elle allait bien pouvoir faire comprendre à la secrétaire de qui elle voulait parler. Elle pensa même un instant à fuir mais la promesse qu’elle avait faite à Sae-Hee lui revint en mémoire.

- Je venais prendre des nouvelles des deux jeunes hommes blonds qui ont eu un accident de voiture la semaine dernière.

Cela devrait suffire. C’est vrai, ce n’était pas comme si tous les coréens qui étaient blonds avaient eu un accident la semaine dernière qui les avait amené dans cet hôpital… En tout cas, la secrétaire sembla comprendre de qui la jeune femme parlait puisque son visage n’exprimait aucune interrogation. Cependant, elle hésita longtemps sur la réponse qu’elle allait donner à la jeune fille et quand elle se décida enfin à parler, une autre voix se fit entendre.

- Ils sont sortis hier, qu’est-ce que vous leur voulez ?

C’était un homme d’une quarantaine d’années qui venait de parler. Il était très imposant, portait un costume noir et des lunettes de soleil. He-Ran ne savait pas depuis combien de temps il était accouché au comptoir de l’accueil mais il semblait en tout cas avoir entendu leur conversation. Elle ne comprenait pas trop ce qu’il venait faire là, il n’avait pas l’allure d’un médecin ou d’une personne qui travaille dans ce service.

En vérité, elle s’en fichait un peu. S’ils étaient sortis, c’est que l’accident n’était pas si grave que cela, les blessures qu’elle avait pu voir étaient sans doute superficielles. Tant mieux, ce n’était donc plus ses affaires. Après tout, elle était venue ici pour faire plaisir à Sae-Hee. Bon… peut-être aussi par curiosité, mais surtout par obligation. Maintenant qu’elle pouvait partir, elle comptait bien profiter du beau temps pour aller se balader en ville, c’était toujours mieux que de perdre son après-midi dans un hôpital.

- Pour rien, je vais donc partir. Merci

Cependant, en voulant se retourner, elle percuta sans le vouloir un médecin. Elle s’excusa plusieurs fois avant de se rendre compte que ce n’était pas un médecin, mais des secouristes de l’accident. D’ailleurs, celui-ci l’a reconnu immédiatement.

- Ha mais vous êtes la jeune fille de l’accident, je suppose que vous venez voir comment vont vos protégés.
- Ses protégés ?

L’homme en costume sembla s’étouffer. Comment pouvait-il parler de protégés en parlant des jeunes hommes ? Attendez… On parlait bien des mêmes ?

- Oui c’est cette jeune fille qui a appelé les secours et qui est resté leur tenir compagnie le temps qu’on arrive. Elle est un peu leur ange gardien. He-Ran, c’est ça ?

La jeune fille répondit par un timide oui. Elle ne pensait pas qu’elle allait être ainsi reconnue et la situation la mettait mal à l’aise, elle n’avait pas fait cela pour qu’on la considère comme un ange gardien ou quelque chose de la sorte. N’importe qui aurait fait la même chose qu’elle.

- Ils vont être contents de vous voir, allez venez !
- Mais… Hum, ils sont sortis hier.
- Comment ça « ils sont sortis hier » ? Je les ai vu tout à l’heure.

Elle regarda alors l’homme en costume d’un air interrogatif, ce dernier baissait à présent la tête. Ok, s’il y avait bien une chose qu’elle détestait par-dessus tout, c’est qu’on lui mente. Ils ne voulaient pas la voir ? Très bien. Ce n’était pas comme si elle le voulait également, malgré tout son orgueil venait d’en prendre un sacré coup.

- Ce n’est pas grave. S’ils ne veulent pas me voir c’est leur problème. A vrai dire, je ne souhaitais pas tellement les rencontrer non plus, je venais juste prendre de leurs nouvelles, simple formalité. Surtout que le conducteur m’avait laissé une très mauvaise impression.
- Comment ça « une très mauvaise impression » ?

Cette voix ! Elle s’arrêta net et se retourna pour voir qui venait de parler. Hum, le conducteur, justement, se trouvait à présent à quelques centimètres d’elle et semblait furieux. Elle déglutit difficilement. Parler de lui en son absence et parler de lui en sa présence étaient deux choses complètement différentes.

- Ha je comprends mieux, c’est la voleuse !
- La voleuse ? s’inquiéta l’homme en costume
- Oui, elle est venue sur le lieu de l’accident pour me piquer mon portable.

He-Ran écarquilla les yeux, il en était encore là ? Donc tout ce qu’elle avait fait après n’avait aucun sens pour lui ?

- La voleuse ? La voleuse ! Tu te fous de qui ? Entre nous deux, le voleur c’est toi. Parce que pour te rafraichir la mémoire, je t’ai rendu ton portable tandis que toi tu as toujours ma veste !
- Ta veste ? Ha oui, cette chose horrible. Désolé pour toi mais non je ne l’ai plus, je l’ai même jeté vite faite. Tu ne crois tout de même pas que j’allais garder cette horreur sur moi. Crois-moi que si j’avais été dans mon état normal, je n’aurais jamais accepté qu’un tel truc puisse me toucher.

Elle n’osait pas croire qu’il avait jeté sa veste. Sa veste ! C’était sa préférée, en plus. Elle ressentait de plus en plus de colère envers le jeune homme, mais elle se rendit compte que tout le monde les fixait. De toute façon, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui. Elle tourna donc les talons pour rentrer chez elle. Sa journée était gâchée, elle n’avait plus aucune envie d’aller se balader.

- Qu’est-ce qui se passe Him-Chan ? On t’entend crier dans tout l’hôpital..
- Rien.

Le jeune homme se dirigea vers les ascenseurs sans même un regard envers Bang Yonk Guk qui venait de faire son apparition. Ce dernier réussit à apercevoir la silhouette de la jeune fille avant qu’elle ne sorte de l’hôpital. Qui pouvait-elle être pour mettre Him-Chan en colère ?

Après un temps d’hésitation à se demander s’il devait rattraper la jeune fille ou non, Bang Yongguk courut vers l’ascenseur. Il était bien sûr trop tard pour rattraper Himchan et il dût attendre le suivant. Toutefois, savoir à quel étage s’était rendu le jeune homme n’était pas bien difficile : les membres du groupe ne faisaient des allers-retours qu’entre un étage en particulier et l’accueil au rez-de-chaussée. Ils évitaient en effet de se promener dans l’hôpital sans protection. Ils n’avaient peut-être pas fait leurs débuts depuis longtemps mais « Warrior », leur première chanson, avait déjà fait beaucoup de bruit. Ils avaient beau n’être que des rookies, plusieurs fans les suivaient déjà.

Quand l’ascenseur s’arrêta, le leader put voir Himchan rentrait justement dans une chambre. Bang savait pertinemment de quelle chambre il s’agissait. C’était d’ailleurs la cause de ses soucis ces derniers jours. En tant que leader, il avait dû enchaîner –plus que les autres – les interviews et les explications. Il s’approcha lentement, pour rester accouder à la porte. Ce comportement serein aurait pu étonner n’importe qui, qui ne le connaissait pas personnellement. En effet, le leader donnait aux médias une image d’un caractère impulsif, voir « guerrier » - ce n’était pas pour rien qu’il avait le rôle du tueur de la planète Mato. Cependant, il était avant tout quelqu’un qui réfléchissait et observait les choses. C’était d’ailleurs exactement ce qu’il était en train de faire en ce moment.

Himchan était en effet entré dans la chambre mais n’avait pas jeté un seul coup d’œil au lit qui s’y trouvait. Il s’était immédiatement dirigé vers la fenêtre pour regarder dehors comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait pas un jeune homme allongé sur ce lit, inconscient ; comme si les machines qui lui permettaient actuellement de respirer n’existaient pas. Bang, quant à lui, observait un des plus jeunes du groupe, Dae Hyun. Ce dernier ne s’était pas réveillé depuis l’accident et il était vite devenu insupportable pour le reste du groupe de rester le regarder dans cet état.

Les premiers jours, ils venaient tous, espérant qu’il se réveille. Ils restaient là des heures, ils essayaient même de faire des blagues idiotes en essayant qu’il rit à l’une d’elles. Mais ce n’était jamais le cas, et ils s’étaient rapidement épuisés. Maintenant, ils préféraient rester en dehors de cette chambre, à discuter entre eux. Enfin… ils ne discutaient pas beaucoup, l’atmosphère était bien trop lourde pour discuter comme si de rien n’était et le fait que les médecins ne cessaient de leur répéter que l’état du jeune homme était stable, qu’il ne tarderait pas à se réveiller et surtout qu’il ne garderait pas de séquelles de l’accident, ne semblait pas les calmer.

Himchan ne resta pas plus longtemps, l’ambiance de la pièce lui pesait. Il partit sans faire attention au leader. Cependant, ce dernier ne lui laissa pas la chance de s’en tirer une deuxième fois. Il lui prit alors fermement le bras, ce qui eut pour effet d’arrêter Himchan dans sa lancée, qui l’interrogeait à présent du regard.

- Him, qu’est-ce qui se passe ? Si c’est pour Dae, tu…
- Rien. Le coupa le jeune homme
- Arrête, tu n’es pas vraiment du genre à t’énerver et à agir ainsi. Elle ne t’as rien fait cette fille.
- Je te dis qu’il n’y a rien.

Le ton d’Himchan montait. Il ne voulait pas se mettre en colère pourtant, et surtout pas contre le leader, mais la rage habitait à présent tout son être. Il voulait partir afin de ne pas envenimer les choses mais Bang le retenait. Comment pouvait-il penser qu’ils pourraient en venir en mains ? Les deux jeunes hommes se défiaient l’un l’autre du regard.

- Je ne te crois pas.
- Laisse-moi tranquille Bang.
- Ou quoi ?
- Je te dis juste de me laisser. Tu pourrais le regretter.

Bang sentait la colère de son ami, mais il ne pouvait pas le laisser dériver comme cela, quitte à se battre. Ce n’était pas qu’un problème personnel, entre eux deux, le groupe ne devait pas en pâtir et Bang, en tant que leader, se devait de trouver une solution. Il mit alors ses mains sur les épaules de Himchan, qui à présent s’attendait à ce que le leader le frappe. Il avait donc une position de repli sur soi, il fallait dire qu’il ne ferait sans doute pas le poids contre Bang et qu’il aurait à coup sûr préféré s’énerver contre YoungJae ou Zelo… Mais contre toute attente, le leader le prit contre lui. Himchan essaya bien de le faire reculer au départ mais ce n’était sans compter sur la force du leader. Il finit par abandonner, épuisé. Les larmes lui venaient aux yeux, et il se détestait d’être aussi faible. C’est cette haine qui le fait, soudainement, se dégager violemment.

- Comment tu crois que je peux aller alors qu’il est dans cet état par ma faute ? Et moi, comment je suis ?! Je suis là, à me pavaner dans les couloirs… C’est moi qui devrait être sur ce lit !

Le jeune homme avait la voix cassée en le disant. Il se sentait réellement coupable, après tout c’était lui qui conduisait, c’était donc lui qui avait causé l’accident. Il ne pouvait penser autrement.

- Enfin !
- Quoi « enfin » ?
- Enfin tu le dis !
- Laisse-moi maintenant !

Les larmes qui coulaient à présent sur les joues de Himchan étaient dus à son énervement et à sa nervosité. Il était en colère contre cette route, contre cet arbre, contre tout mais surtout, oui surtout, il était en colère contre lui. Bang comprit que c’était le moment de le laisser partir. C’était déjà bien trop dur de supporter cette réalité pour le jeune homme.

La jeune femme se laissa tomber en larmes entre les cartons, étalés ci et là dans son appartement. Ce dernier paraissait à présent bien vide, et surtout bien neutre, comme si personne n’y avait jamais vécu. Pendant plusieurs jours, He-Ran avait réfléchi à la proposition que lui avait faite Sae-Hee de venir travailler au café et d’habiter avec elle, pour finir par répondre à la petite annonce. L’entretien avec le responsable du café s’étant bien passé, les deux amies n’avaient pas tardées à s’atteler à la recherche d’un appartement qu’elles avaient trouvé rapidement à leur grande surprise. C’était un petit appartement en plein Séoul, avec deux chambres et une pièce de vie. Cela leur suffirait largement. De plus, sa localisation était idéale, en effet, il était placé à proximité des grands espaces de vie de la ville.

Depuis qu’elle savait qu’elle avait le poste, tout s’était enchaîné. Et elle avait rapidement été amenée à faire ses cartons. Elle avait toujours du mal avec l’idée d’abandonner son appartement mais elle savait pourtant que son amie n’avait pas tort. Et ce n’était pas seulement parce qu’elle avait besoin de ce travail et que la collocation avec Sae-Hee la tentait. Non, elle devait également tirer un trait sur tout cela et, enfin, faire un pas en avant. Oui, cela ne pourrait que lui faire du bien de quitter cet endroit. Cela ne voulait pas dire pour autant que c’était facile.

Elle ne pensait pourtant pas que faire ses cartons serait si dur. En réalité, au début, elle n’avait rien ressenti, et elle ne était même étonnée tellement elle arrivait à faire le tri parmi ses affaires mais cela n’avait pas duré longtemps. Et voilà, qu’elle se trouvait à terre, appuyée contre le mur, les genoux contre la poitrine, en sanglots. Elle faisait une crise de nerfs et elle ne savait pas avant combien de temps elle pourrait de nouveau bouger, elle était tétanisée.

La nuit était tombée avant qu’elle ne puisse réagir. Elle était donc dans le noir, parmi les cartons, les yeux fatigués des larmes versées, lorsque Sae-Hee fit son apparition. Cette dernière était déjà venue frapper plusieurs fois dans la journée, elle l’avait même appelée à de nombreuses reprises et s’était rapidement inquiétée de son absence de réponse. Elle se serait sans doute inquiétée si ce n’était pas He-Ran. Elle savait à quel point cela devait être dur pour la jeune fille de tout quitter du jour au lendemain. Surtout que He-Ran avait toujours eu besoin de plus de repères, d’un cadre fiable. Elle avait besoin de réfléchir à l’avance à ses actions avant de se jeter dans le bain. Ca avait toujours été comme ça avec elle.

Sae-Hee, n’ayant aucune réponse, était donc parti chercher chez elle le double de clefs de l’appartement de son amie, qu’elle avait en cas d’urgence – ce qui semblait être le cas aujourd’hui. Elle avait appelée Kwan-Ho, un de ses amis, pour qu’il vienne l’aider si cela s’avérait être plus grave qu’elle ne pensait. Ils entrèrent ainsi dans l’appartement de He-Ran afin de vérifier que tout allait bien, et ce furent donc eux qui la trouvèrent. Sae-Hee se précipita immédiatement vers le jeune fille, tandis que son ami restait en arrière. Elle posa sa main sur son front pour confirmer ce qu’elle craignait, la jeune femme avait de la fièvre, beaucoup trop de fièvre.

Kwan-Ho s’occupa de porter la jeune fille jusqu’à la voiture, ce qui ne lui fut pas bien difficile tant cette dernière était légère. Sae-Hee, elle, prit quelques affaires, trempa un mouchoir pour le mettre sur le front de son amie, et prit quelques morceaux de sucre au cas où. Ils prirent la voiture pour l’emmener aux urgences. Sae-Hee avait déjà vu son amie dans cet état-là et savait que ce n’était pas aussi grave que la situation pouvait le faire croire mais elle savait également que l’aide des médecins ne serait pas vaine. Ils la prirent en charge dès leur arrivée afin de faire redescendre au plus vite la fièvre qui devenait dangereuse.

Plusieurs étages au-dessus, un jeune homme bougea enfin sa main, chose qu’un seul parmi les jeunes hommes présents dans la chambre remarqua.

- Il… Il… Dae a bougé !
- Zelo, arrête d’halluciner !
- Mais je vous dis qu’il a bougé ! Sa main vient de bouger !
- Regarde ses stats, ce n’est pas possible qu’il ait bougé.

Zelo, vexé de ne pas être plus écouté par ses hyungs, se rassit sur le fauteuil qu’il avait quitté précipitamment par surprise. Bang sourit, malgré la situation, en le regardant.

- Arrête de faire ta mauvaise tête, on aimerait tous qu’il se réveille.
- Je… Aie ma tête ! Où suis-je ? Et c’est quoi cette lumière ?
- Dae !
- Docteur ! Docteur !

Zelo fit la moue, les bras croisés contre la poitrine. Il n’avait même pas le cœur de tirer la langue au leader. Pourquoi ne prenait-on jamais au sérieux le maknae ?

- Je vous l’avais bien dit qu’il avait bougé.

HeRan avait été gardée en observation, au cas où. Les médecins ne trouvaient en effet pas normal que la fièvre soit montée aussi vite et aussi haut. Ils voulaient juste s’assurer qu’ils ne feraient pas une erreur en la laissant rentrer chez elle. HeRan, quant à elle, reprenait peu à peu des forces. SaeHee l’obligeait à manger plus qu’elle ne l’aurait fait habituellement, et parfois, KwonHa venait pour la faire rire. Malgré tout, elle commençait sérieusement à s’ennuyer à rester toute la journée, dans cette chambre, à ne rien faire. Elle regarda alors SaeHee avec des yeux suppliants.

- Hors de question, n’y penses même pas, répliqua cette dernière avant que son amie n’ait plus formulée ne serait-ce qu’un seul mot.
- S’ilteplait, silteplait, silteplait, répéta la jeune fille rapidement, en accentuant encore plus la supplication dans son regard.
- Non ! répondu fermement SaeHee

HeRan commença alors à faire sembler de faire la tête à son amie, cette dernière connaissant bien les différents stratagèmes de son amie, n’y fit guère attention. HeRan cherchait une solution quand le médecin arriva dans la chambre.

- Comment allez-vous, aujourd’hui, Mademoiselle ?

Elle était là sa solution, juste devant elle. Elle commença à sourire, SaeHee distinguant le sourire comprit très vite que la jeune femme allait arriver avec ses fins et soupira légèrement. Comment pouvait-elle être amie avec une fille aussi têtue que HeRan ?

- Huuum, je dois dire que j’irais beaucoup mieux si je pouvais un peu marcher…
- Oh ! Vous n’avez toujours pas visité le parc de l’hôpital ? Vous savez, il est vraiment magnifique… Vous devriez aller y faire un tour. Et puis vous avez de la chance, votre amie vient vous rendre si souvent visite que vous pourrez aller vous promener avec elle au lieu d’attendre une infirmière. Vous ne pensez pas ?

C’était décidément trop facile. S’en était peut-être même trop pour que HeRan savoure pleinement sa victoire sur sa meilleure amie. SaeHee répondu sur la positive, bien obligée. Quand le médecin sortit de la pièce, HeRan se mit à taper des mains comme une enfant. Et SaeHee ne put s’empêcher de se dire que le sourire de HeRan était vraiment le plus beau qu’elle n’avait jamais pu voir dans sa vie. Et juste pour cela, elle pouvait bien lui faire plaisir, ce n’était pas si souvent que HeRan souriait sincèrement, il fallait en profiter. Elle l’aida alors à se lever, bien que HeRan ait plutôt dans l’idée de le faire toute seule. Elle détestait dépendre des autres, même si ces autres n’étaient que sa meilleure amie.

Le médecin n’avait pas tort, le parc de l’hôpital était vraiment beau. Partout, différentes couleurs s’exposaient aux yeux de la jeune fille et elle en était émerveillée. Elle avait toujours détestée les hôpitaux et elle était bien étonnée de se dire que cela ne la dérangerait peut-être pas de rester un jour ou deux de plus ici, si elle avait le droit de venir se promener par ici. Elle avançait donc ici et là, sans vraiment faire attention où elle allait, et forcément l’inévitable arriva, elle se heurta à quelqu’un. Elle s’excusa rapidement en inclinant son torse, puis reprit son chemin comme si de rien n’était, tandis que SaeHee était restée en retrait. Elle s’approcha du jeune homme que HeRan venait de percuter, ou plutôt du jeune homme qui avait percuté HeRan, et elle voyait rouge.

- Vous ne pouvez pas faire un tant soi peu attention. Mon amie n’a pas vraiment besoin qu’on la bouscule en ce moment…
- Mon ami est désolé pour cela, mais je ne pense pas pour autant qu’il mérite de se faire crier dessus comme cela. Lui non plus n’a pas besoin de cela en ce moment.

Mais d’où il sortait celui-là ? Et c’était une manie de se teindre en blond ? Puis, pourquoi il intervenait ? Bon ok… Il ne faisait que ce qu’elle était en train de faire après tout… Mais, quand même ! Elle calma cependant progressivement sa colère lorsqu’elle vit le sourire que lui fit le jeune homme. Ne craque pas, ne craque pas, ne… Trop tard !

- Je… Désolé, je me suis emportée, je suis sans doute trop inquiète pour mon amie.
- Ce n’est rien.

Mais mon dieu, pourquoi lui avoir donné une voix aussi sexy ? Voulait-on l’achever. Elle les gratifia d’un sourire puis reprit sa route, elle devait s’éloigner rapidement. Heureusement HeRan n’avait pas du tout fait attention à ce qu’elle faisait, enfin… c’est ce qu’elle croyait.

- Alors l’hôpital est devenu ton nouvel endroit de drague ?
- Unnie !

HeRan rit, ce qui fit du bien à SaeHee. Oh oui que ce rire lui avait manqué ! Elle en oublia d’un coup, ce qui venait de se passer et les deux jeunes femmes continuèrent tranquillement leur promenade.

Bang, quant à lui, était légèrement surpris de la réaction sur-disproportionnée de cette jeune femme, il avait alors jetée un coup d’œil à son amie au loin pour s’assurer qu’elle allait bien quand même. Bizarrement, cette silhouette lui disait vaguement quelque chose mais il n’arrivait pas à se souvenir d’où il pourrait la connaître. Dans tout cela, il en avait presque oublié son ami, qui lui fit comprendre rapidement qu’il n’était pas seul.

- Hyung, j’ai fais quelque chose de mal ? Je… Je l’ai blessée ?
- Non, Dae. C’est bon, ne t’inquiète pas.
- Mais…
- Dae, elle va bien, ce n’était juste qu’une petite bousculade. Ne t’en fais pas ! Allons rejoindre les autres plutôt.