Auteur : Umiawen.
Genre : Aventure, Fantastique, Drame et Romance.
Pairing : Bang et l'héroïne.
Rating : NC-17.
Disclaimer : Les B.A.P. ne m'appartiennent pas, sauf l'interprétation de leurs émotions et caractères, tous les autres sont des personnages que j'ai créés.
Note de l'auteur : Je l'ai classé NC-17 surtout pour les futurs scènes de sang. ^^ On verra si vous êtes assez sages pour le smut. ;P
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Voilà le prologue.
Argh, j'ai horreur de ne pas pouvoir prononcer le nom des personnages. éè

« Prologue »

Perdue. Déboussolée. Meurtrie. Voilà les seuls mots qui lui seraient venus à l’esprit si elle avait eu à décrire son état actuel. Malheureusement, ses pensées étaient bien trop chaotiques pour qu’elle puisse les assembler en une suite cohérente et significative. Après être sortie de l’aéroport d’Incheon, elle était restée plantée sur le trottoir, figée dans la brise tiède de la nuit, avant de lever sa main droite. Ouvrant délicatement ses doigts pâles et fins, elle avait admiré le bijou d’argent qui trônait dans sa paume. Un maigre sourire étira ses lèvres, puis elle plaça l’objet dans sa poche. Rassemblant ses pensées et ses affaires, la jeune fille commença à se diriger vers un taxi, mais se ravisa bien vite. Trop risqué, elle pouvait laisser des traces. Balayant les environs du regard, elle aperçut un bus qui reliait Séoul, et se décida à monter à bord. Il y avait peu de monde, il était tard après tout. La jeune fille paya sa place et sans un regard pour les autres passagers, se choisit une place près d’une fenêtre. Ereintée, elle appuya sa tête sur le carreau frais, observant le paysage qui défilait sans vraiment le voir. Ses paupières étaient lourdes, mais elle ne pouvait se permettre de dormir dans un moment pareil. Plantant ses ongles dans la chaire tendre de sa paume, elle se concentra sur la douleur qui pulsait à travers sa main gauche pour rester éveillée.

Le trajet lui parut une éternité. Elle descendit du bus, sortit ses maigres bagages de la soute, avant de faire quelque part et de se placer sous la lumière d’un lampadaire tout proche. Patiente, la jeune fille attendit que les autres voyageurs se soient éloignés, avant de fouiller dans la poche de son sac pour en ressortir un bout de papier froissé. Elle le déplia précautionneusement, le parcourut brièvement des yeux, avant de le jeter dans la première poubelle qu’elle vit. Ce n’était pas la porte à côté, mais elle n’avait pas le choix et se mit en route. Fuyant les rues trop agitées, elle serpenta à travers les ruelles moins fréquentées, son regard rivé au sol. Elle était près d’atteindre son but, quand un sentiment étrange s’insinua dans ses veines. La jeune fille s’arrêta, tous les sens aux aguets, avant de se retourner lentement. Trois hommes armés étaient arrêtés à quelques mètres derrière elle, un mauvais sourire sur le visage. Elle évalua rapidement la situation. La grande rue la plus proche était trop éloignée, elle n’aurait pas le temps de l’atteindre avant que ces salauds ne lui mettent la main dessus. Serrant les mâchoires, elle resta immobile, attendant que les agresseurs fassent le premier pas.

Après de longues minutes, ils semblèrent enfin se décider, et celui qui semblait être le chef vint se planter devant la jeune fille avec un rictus sur le visage. Bien vite, ses compatriotes vinrent le rejoindre, et se placèrent de chaque côté de leur victime, lui coupant toute retraite.

- Salut, poupée. C’est pas très prudent pour une jeune fille comme toi de se balader toute seule tard la nuit, surtout dans un endroit comme celui-ci. Tu es perdue ?

Ses compatriotes ricanèrent tandis que la jeune fille gardait les yeux baissés. Aucun mot ne franchissant ses lèvres, le chef prit le menton de sa victime dans ses mains et la força à lever les yeux vers lui. Sans aucune hésitation, la jeune fille planta un regard d’acier dans celui de son agresseur, ce qui eut pour effet de le faire rire à nouveau.

- Tiens, mais on dirait qu’on a une téméraire.

Alors qu’il se préparait à maîtriser la jeune fille pour de bon, celle-ci leva sa main droite et attrapa le poignet de l’homme. Sa main était glacée comme la mort, et l’agresseur eut un instant d’hésitation. La poigne était ferme. Soudain, elle parla :

- T’aurais pas du faire ça.

Lâcha la jeune fille d’une voix glaciale.

Quelques minutes plus tard, puisant dans les dernières forces de son corps brisé, l’agresseur vit ses deux compatriotes êtres eux aussi jetés à terre comme de vulgaires poupées de chiffon. Dans les dernières minutes de sa misérable existence, il se demanda : Nom de Dieu, c’était quoi, ça … ?

Merchi. :3 T'inquiètes pas, ce sera fantastique et bien glauque. O/ Pour le personnage, j'ai essayé de pas trop en dévoiler et c'est juste horrible d'écrire comme ça. X) Maintenant je vais pouvoir tout lâcher, kyah ! **

Voilà le 1er chapitre !
Pourquoi commencer aussi loin de la Corée ? Qui est cette puissante famille et cette fille en fuite ? Si je vous répondais, je gâcherai la surprise. Enjoy ! ♫

« Chapitre 1 »

Musique d'ambiance ! ♫

Les aiguilles de la pendule accrochée au mur crème affichaient 4h30 du matin. Pourtant, James Weaver ne s’en occupait pas et demeurait complètement absorbé dans sa tâche. L’entreprise familiale travaillait en ce moment sur un gros projet et ils ne pouvaient se permettre d’avoir le plus infime retard, aussi le fils aîné de cette vieille famille anglaise dévouait-il tout son temps libre à remplir son rôle. Et, à ses yeux, le temps libre signifiait aussi le temps de sommeil. James passait chaque nuit à son bureau, ne se reposant que quelques heures sur son fauteuil en cuir noir avant de retourner à sa tâche. Ce rythme de vie aurait éreinté tout humain normalement constitué, mais notre anglais n’était pas normalement constitué, comme il aimait le dire. Une ou deux heures de sommeil lui suffisaient amplement pour recouvrer l’ensemble de ses forces, et son visage conservait ce même teint de porcelaine parfaite. Tous ses employés l’admiraient pour son zèle et sa santé de fer, tous sauf sa secrétaire qui était sa sœur cadette. Emily était sans nul doute aussi robuste que son frère, bien que plus jeune de trois ans, et elle supportait sans mal le rythme de travail effréné que lui avait imposé son aîné. A ceci près qu’elle n’était pas aussi passionné qu’il l’était. En effet, Emily ne voyait aucun avenir dans l’entreprise familial, elle s’y ennuyait prodigieusement. Tout ce qui comptait à ses yeux se résumait en un seul mot : apparence. Elle aimait la mode, l’esthétisme, le maquillage et tout ce qui se rapportait aux tapis rouges du monde entier. Aussi, quand son père lui avait fermement affirmé que sa place était au sein de l’entreprise, la jeune fille avait vu son idylle partir en fumée. Depuis, elle nourrissait une amertume certaine envers les membres de sa famille, tout particulièrement ceux qui appartenaient au genre masculin.

James savait pertinemment que sa sœur détestait son travail, et cela le révoltait. Certaines personnes tueraient pour avoir un poste au sein d’une entreprise aussi prestigieuse, et mademoiselle se plaignait de la monotonie de la tâche. Elle passait son temps à râler et à conter ses malheurs à qui voulait l’entendre, ce qui énervait prodigieusement son frère, l’obligeant à éviter aussi souvent que possible la belle anglaise à la chevelure blonde. Malheureusement, les travaux de nuits ne pouvaient être effectués que par les plus résistants, comme sa sœur et lui. Il devait donc la supporter pendant ces heures mortes, à son plus grand désespoir. James poussa un soupir et releva la tête, contemplant pensivement la pendule dont le cliquetis des rouages emplissait le silence de la pièce. Il se demandait ce que sa sœur allait devenir plus tard. La connaissant, elle ne resterait pas éternellement entre ces murs, et devait déjà nourrir un plan d’évasion. Le jeune homme poussa un soupir. Emily était vraiment une emmerdeuse, et ils avaient d’autres soucis en tête pour ne pas avoir en plus à s’occuper de son cas. Se massant les tempes, il se concentra à nouveau sur son dossier, prêt à reprendre son œuvre quand la dite sœur déboula dans son bureau avec fracas.

- Quand on parle du loup … ne put-il s’empêcher de penser.

Emily était survoltée, mais elle se calma instantanément lorsqu’elle remarqua le profond silence de son frère accompagné d’un regard interrogateur. Elle fronça ses sourcils et vint se planter face à son aîné.

- Mais … Qu’est-ce que tu fabriques ?!

Demanda la jeune fille d’un ton brusque et sec. Ce fut au tour de James de froncer les sourcils. Rapidement, il passa son bureau en revue : des dossiers jonchaient la surface boisée, des livres de comptes étaient ouverts de part et d’autres de sa chaise, plusieurs feuilles portaient son écriture et il avait toujours son stylo en main. Tout signifiait qu’il était en plein travail. Levant ses yeux gris vers sa sœur, il se demanda si elle était définitivement devenue sénile ou si elle se foutait de lui. Comme il allait ouvrir la bouche, elle le devança :

- Encore en train de travailler, évidemment ! Regarde ça, plutôt.

Sans plus de précisions, Emily fit volte-face et alla rapidement jusqu’à la table de la pièce, attrapa la télécommande de l’écran plat accroché au mur et zappa sur une chaîne informative. James ne put retenir un soupir agacé alors qu’il se levait et contournait son bureau pour aller rejoindre sa sœur. Les yeux rivés sur l’écran, elle avait croisé ses bras et ses ongles pianotaient nerveusement contre sa chaire. La chaîne passait un bulletin informatif anodin, rien qui ne les concernait ou ne les intéressait de près ou de loin. Haussant les épaules, le jeune homme se tourna vers Emily.

- Et alors ? Qu’y-a-t-il de si important pour que tu débarques dans mon bureau comme un cyclone ?
- Tais-toi un peu et regarde. Tiens, c’est là !

James regarda à nouveau l’écran, non sans avoir jeté un regard noir à sa sœur. Le reportage parlait de l’Asie, la Corée du Sud plus précisément. Trois corps avaient été retrouvés baignant dans leur sang dans une des ruelles de Séoul. D’après le reporter, l’agression avait été particulièrement violente et cruelle au vu de l’état dans lequel se trouvaient les morts. Les victimes étaient bien connues des services de polices pour avoir déjà semé le chaos dans le quartier, mais ils étaient aussi connus pour être particulièrement costauds et difficile à attraper. Celui qui les avait réduit à néant devait être solide.

Le reportage se termina et Emily éteignit la télé. Elle se tourna vers son frère qui la regardait avec des yeux ronds, ne voyant toujours pas où elle venait en venir. Son attitude arracha un soupir à la jeune fille qui se laissa tomber sur le fauteuil. Elle attendit que son aîné prenne place sur le canapé adjacent avant de parler :

- Ca ne te rappelle rien, ce genre d’histoire ? Des meurtres nocturnes, particulièrement sanglants avec des corps mutilés. Souviens-toi bon sang, c’est sa spécialité.
- Attends, tu penses sérieusement que c’est elle ?
- Pourquoi pas ?
- Elle la meilleure, elle n’aurait pas fait une chose aussi insensée.
- Je te rappelle qu’elle était en fuite et poussée à bout.
- Ca ne me suffit pas.
- Moi si. Elle est allée se terrer à l’autre bout de la planète, il faut qu’on lui mette le grappin dessus.
- Tu ne peux pas décider ça toute seule.

Comme il disait ces mots, le téléphone fixe se mit à sonner. Avant que James ait pu esquisser le moindre geste, Emily se précipita vers le combiné et répondit à sa place. Elle murmura quelques mots avant de se tourner vers son frère avec un sourire de triomphe sur le visage :

- C’est papa. Il a vu les infos, on rentre immédiatement au bercail, ils nous attendent.

Le chapitre 2 est déjà prêt. Je vous le donne ou j'attend le commentaire de Hell ? ^^

Merci pour les commentaires. ;_; /Rougit/. Je vais pas vous faire attendre plus longtemps, voilà le 2 ^^ :

« Chapitre 2 »

Sasha saisit le jeune homme au cou, enfonçant ses ongles acérés dans la chair tendre, transperçant les veines qui saillaient sous l’effet de la douleur. Sa victime lâcha un hurlement de douleur, qui se termina en un gargouillement funeste lorsque le garçon commença à s’étouffer avec son propre sang. Son cou le brûlait, et un voile rouge recouvra peu à peu sa vision alors que ses forces partaient en fumée. Dans un dernier sursaut, il ouvrit ses paupières pour contempler son meurtrier, ou plutôt sa meurtrière. Tout ce qu’il parvint à distinguer, ce fut un regard de glace. Deux pupilles d’un bleu immensément clair, presque gris, qui brillaient d’un éclat métallique dans la pénombre de la nuit. Aucune émotion ne traversait le visage de la jeune fille, alors qu’elle resserrait son étreinte et que sa victime poussait son dernier soupir. Le jeune homme eut un dernier sursaut d’agonie, ses mains s’accrochant vainement au bras qui le tuait, avant de fermer les yeux définitivement. Privée de vie, sa tête bascula en arrière, ses mains lâchèrent prise et son corps devint aussi flasque que celui d’un poisson sans arrêtes. Un rictus satisfait étira les lèvres de Sasha, qui desserra sa prise et laissa le cadavre tomber lourdement au sol. Contemplant ses doigts maculés de sang frais, elle les porta à ses lèvres et lécha délicatement le liquide pourpre, savourant ce nectar au goût si euphorique. Une fois terminé, elle jeta un dernier regard au jeune homme, le cou percé de cinq trous sanglants là où les doigts de la jeune fille avaient attaqué, et un filet de sang coulant de la commissure de ses lèvres. Lentement, elle s’approcha du corps et eut un soupir. Quel dommage, il était bien jeune. Elle ricana brièvement, avant de rassembler ses bagages, et comme elle allait partir, un gémissement se fit entendre dans son dos. Sasha se retourna doucement, ses yeux glacés se posant sur le chef et son acolyte, écroulés à terre, qui regardaient le cadavre de leur collègue avec des yeux horrifiés. Nouveau rictus de la part de la jeune fille. Elle reposa ses affaires et fit quelques pas menaçants en direction des deux pauvres choses qui couinaient de peur tout en reculant frénétiquement, jusqu’à ce que le mur bloque leur route. Sasha eut un sourire mauvais, alors que sa voix aussi froide que la mort tranchait le silence :

- Mes pauvres chéris, je vous ai oubliés. Laissez-moi prendre soin de vous.

Quelques heures plus tard, une femme promenant son chien découvrit les corps. En effet, l’animal avait été guidé par l’odeur du sang, et sa propriétaire n’avait pu que suivre la bête retournée à ses instincts de chasseur. Heureusement, elle était parvenue à l’arrêter avant qu’il ne dévore les cadavres. Retenant un hurlement de terreur, elle avait pris son portable et appelé la police, pour finalement appeler à l’aide avec une voix nouée par l’angoisse. Sasha, elle, était déjà loin.

******

Du-Ho n’avait jamais été du matin. En 200 ans d’existence, il avait réussi à changer beaucoup de choses en lui, hormis son incapacité à se réveiller tôt. Cela lui menait la vie dure, et il était souvent en retard à son travail, pour ne pas dire tout le temps. Au début de son contrat, son employeur avait lutté. Mais, il s’était bien vite rendu compte que cela ne servait à rien, et il avait abandonné, choisissant des plages horaires qui convenaient à l’horloge biologique déviante du garçon. Et, ce matin-là, comme toujours, Du-Ho était encore à des années lumières de la réalité, malgré le fait que sa pendule affichait déjà dix heures passées. Le jeune homme grogna, se mit sur son séant en se frottant les yeux et commença à s’habiller. Encore sous l’emprise du sommeil, il se dirigea vers la cuisine et entreprit de se faire un café serré. Comme il allait se servir une bonne rasade, on sonna à l’interphone. Du-Ho fronça les sourcils. Il n’attendait personne, et sa famille n’habitait pas Séoul. Il n’esquissa pas le moindre mouvement, et le silence s’installa.

- Probablement une erreur, pensa-t-il en haussant les épaules.

Cependant, alors qu’il reportait son attention sur sa tasse de café, on sonna de nouveau. Du-Ho émit un grognement de protestation, et se dirigea à pas traînant vers la porte, maudissant celui ou celle qui venait le déranger de bon matin. Il brancha le haut parleur, et de sa voix la plus aimable possible, il répondit :

- Allô ?
- C’est moi.

Du-Ho se figea instantanément, un frisson parcourant son échine. Il aurait reconnu cette voix entre milles, et un flot de souvenirs le prit à la gorge. Des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Il ne répondit pas et ouvrit la porte en précisant l’étage où il habitait, avant de tourner la poignée de la porte d’entrée. Il sentit ses genoux faiblir et alla s’asseoir à la cuisine, se cramponnant à sa tasse de café comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Un chaos monstre régnait dans son esprit, et milles questions se bousculaient à ses lèvres. Il sursauta presque quand la porte d’entrée se referma, et entendit des pas se diriger vers la cuisine. Quelques minutes plus tard, elle était là, accoudée dans l’embrasure de la porte, un sourire indéchiffrable sur le visage.

- Salut, Sasha.

L’anglais du jeune homme était resté dans le même degré de perfection, sans une seule pointe d’accent. Sasha se contenta d’un signe de la main, avant de servir une tasse de café. Elle en but une gorgée, savourant l’amertume du breuvage qui ravivait ses sens, et finit par se tourner vers Du-Ho.

- Tu as vraiment une sale mine. L’âge ne te réussit pas Du-Ho. Elle avait parlé en coréen.
- La ferme, je n’ai jamais été du matin et tu le sais.
- Certes, mais il fut un temps où tu étais bien plus réactif. Qu’est-devenu le traqueur sanguinaire ?

Du-Ho ne répondit pas, se contentant de regarder la jeune fille d’un regard noir. Sa présence ici ne lui disait rien qui vaille.

Ca me fait immensément plaisir ce que tu dis ♥ Je suis déjà en train de bosser sur le 3ème, patience ^^ Si vous voulez les titres des musiques, n'hésitez pas à demander (je parle pour celles où ce n'est pas indiqué).

Voilà ♥

Désolée de vous avoir fait attendre ><'
Musique : Illusions de Two Steps From Hell **

« Chapitre 3 »

Cambridge ; Manoir des Weaver

William Weaver était un dirigeant né. Aîné de trois garçons, il avait instauré de l’ordre depuis son plus jeune âge, et tout le désignait à reprendre les rênes du clan familial, ce qu’il fit une fois que son père le jugea assez vieux pour cela. Ce jour était gravé dans la mémoire de William, il revoyait la fierté de son paternel, l’admiration de sa mère et de ses frères. Pendant cinq cents ans, il avait contrôlé les affaires familiales, gardant le cours des choses dans le droit chemin, punissant quiconque désobéissait aux règles. Désormais, le temps avait passé. Il était devenu un homme aux cheveux d’argent, une barbe courant sur son menton, et quelques rides parsemant son front et la commissure de ses lèvres, sans oublier ce regard de métal qui lui était propre. C’était un regard impossible à déchiffrer, personne ne pouvait lire au travers, même pas ses proches. Un regard qui maintenait chacun à sa place, et qui vous faisait baisser les yeux. William ne connaissait qu’un seul regard capable de rivaliser avec le sien, d’avoir cette même impassibilité de glace, ce même tranchant, mais ce regard-là était bleu. Un bleu clair, un bleu de glace, qui brillait dans la nuit comme deux pierres précieuses. Autrefois, le patriarche aimait à se plonger dans ces sphères bleutées, essayant de voir au travers, de percer les profondeurs de l’âme de la fillette. A présent, il aurait souhaité ne jamais les avoir vues. Il poussa un soupir, balayant ses souvenirs amers, et jeta un regard autour de lui.

William avait toujours aimé le grand salon, avec ses tapisseries anciennes, ses meubles raffinés aux boiseries sculptées, et ses lustres de cristal. Deux grandes fenêtres éclairaient la pièce, déversant la lumière de l’aube contre les murs peints d’un magnifique bleu nuit, contrastant avec le nacre du marbre des cheminées. C’était une pièce qui appelait au confort et à la détente, et probablement pas à la tension qui allait s’ensuivre. Assis à la grande table de bois noir qui trônait au milieu de la pièce, William affichait un air songeur. Il n’était plus très sûr de lui tout à coup. Peut-être que tout ceci n’était qu’une coïncidence. Posant ses coudes sur la table, et joignant ses mains, il perdit son regard dans l’horizon des jardins qui entouraient le manoir. Oui, il aurait aimé que tout cela ne soit jamais arrivé. On toqua à la porte, et le patriarche sortit de sa contemplation, donnant l’ordre d’entrer.

- Monsieur, vos invités sont arrivés, annonça le domestique.
- Bien. Faites-les entrer.

Le domestique s’inclina, avant de s’effacer. William entendit des bribes de conversations, puis ses invités entrèrent. James s’assit à la gauche de son père, placé en bout de table, tandis que sa fille se plaçait à sa droite. Dans un élan d’affection, le père sourit tendrement à son fils, et caressa brièvement les cheveux dorés de sa fille, celle-ci lui adressant un sourire un peu trop brillant pour être vrai. Vint alors une grande dame, très droite, dans un tailleur impeccable. Elle s’assit à la droite de James, avant de poser des yeux verts émeraude sur le chef de famille. Celui-ci adressa un signe de tête à Victoria, sa belle sœur, avant de tourner son regard vers Duncan, son frère cadet. Maintenant qu’ils étaient tous réunis, leur petite discussion pouvait commencer.

- Je suppose que vous savez tous pourquoi je vous ai demandé de venir.
- Alors, ce n’est pas mon cas. Je suis une femme occupée William, aussi n’ais-je pas toujours le temps d’essayer de deviner vos pensées, répliqua sèchement Victoria.

William durcit son regard mais ne dit rien. Victoria ne l’avait jamais apprécié, il le savait, et il n’avait pas le temps pour sa toupie de belle sœur. Il ignora le ton mordant, afficha un air d’indifférence profond, avant de reprendre :

- Soit. Il y a de cela deux jours, trois meurtres nocturnes, particulièrement sanglants, ont eu lieu dans une ruelle de Séoul. Mes agents, infiltrés au sein des services de police, m’ont communiqué les détails du crime. Les corps ont été mutilés, par ce qui ressemblerait en premier lieu à des griffes extrêmement tranchantes, capables de percer peau, muscles et tissus. Les os mêmes comportent des éraflures.
- Venez en au fait, mon cher.
- Ces morts ont été particulièrement cruelles et douloureuses, et elles n’ont pu être données par aucune arme connue sur le marché, et aucun humain n’a la capacité de faire de telles blessures à mains nues.
- Tu suggères donc que c’est l’un des nôtres qui a fait cela ? demanda Victoria en haussant un sourcil parfaitement dessiné.
- Exactement, par l’un de nos assassins, plus précisément.
- Voilà qui devient intéressant, le grand William aurait perdu le contrôle d’une de ses marionnettes ?
- Je ne les ai jamais considérés comme des marionnettes, elle encore moins que les autres, répondit vivement William, dont la mâchoire s’était serrée.
- Victoria, essaie de rester polie avec ton supérieur. Ce n’est pas parce que tu es la sœur de la chef de famille que tu peux tout te permettre. Au fait, mon frère, comment va cette chère Elizabeth ?

A la mention du nom de sa femme, le visage de William s’assombrit, tandis que James triturait nerveusement sa montre, et qu’Emily se plongeait dans la contemplation de la table. Conscient du froid qui venait de s’installer, Duncan haussa un sourcil, mais ne posa pas de questions. A sa plus grande surprise, ce fut son neveu qui prit la parole.

- Maman est morte, dit-il de but en blanc.

Victoria eut un murmure étranglé, tandis que ses yeux s’écarquillaient d’indignation. Duncan, lui, était figé comme une statue de glace, ses yeux rivés sur le visage de son frère qui restait de marbre. Brisant le silence, la sœur de la défunte se leva brusquement et abattit ses deux mains sur la table, sa voix haute perchée chargé d’indignation.

- WILLIAM ! COMMENT AS-TU OSE ME CACHER CELA ? IL S’AGIT DE MA SŒUR ! QUAND EST-CE ARRIVE ? QUI A OSE FAIRE CELA ? DIS-LE MOI, QUE JE LE TUE DE MES PROPRES MAINS !
- Victoria, calme-toi !

Duncan s’était levé, avait pris la dame par les épaules et l’avait forcé à se calmer. Quelques secondes plus tard, les cris de colère avaient cessés, et elle se rassit la mine sombre. Pourtant, aucune larme ne coulait sur ses joues. Non, chez les Colins, on ne pleurait pas, on ne montrait pas ses faiblesses. S’apitoyer sur le sort de sa sœur était la dernière humiliation que Victoria pouvait lui faire. Finalement, la voix d’Emily brisa le silence :

- Il n’y a qu’un seul nom à retenir dans cette histoire : Sasha.
- Cette enfant de rien ? Je la détruirai, soyez-en certains, siffla Victoria.

Citation :

William ne connaissait qu’un seul regard capable de rivaliser avec le sien, d’avoir cette même impassibilité de glace, ce même tranchant, mais ce regard-là était bleu. Un bleu clair, un bleu de glace, qui brillait dans la nuit comme deux pierres précieuses. Autrefois, le patriarche aimait à se plonger dans ces sphères bleutées, essayant de voir au travers, de percer les profondeurs de l’âme de la fillette. A présent, il aurait souhaité ne jamais les avoir vues.

Citation :

William avait toujours aimé le grand salon, avec ses tapisseries anciennes, ses meubles raffinés aux boiseries sculptées, et ses lustres de cristal. Deux grandes fenêtres éclairaient la pièce, déversant la lumière de l’aube contre les murs peints d’un magnifique bleu nuit, contrastant avec le nacre du marbre des cheminées.

Citation :

Pendant cinq cents ans, il avait contrôlé les affaires familiales, gardant le cours des choses dans le droit chemin, punissant quiconque désobéissait aux règles.

Citation :

- Ces morts ont été particulièrement cruelles et douloureuses, et elles n’ont pu être données par aucune arme connue sur le marché, et aucun humain n’a la capacité de faire de telles blessures à mains nues.
- Tu suggères donc que c’est l’un des nôtres qui a fait cela ?

Et voilà le chapitre 4 ! Désolée de vous avoir fait attendre, mais maintenant que l'histoire est bien lancée, je devrais écrire plus vite ^^

«Chapitre 4 »

Un silence pesant régnait dans la cuisine, alors que les deux êtres contemplaient leur tasse de café sans mot dire. Du-Ho était perdu dans ses souvenirs, alors que Sasha était rongée par l’angoisse et le remords. Pendant quelques brèves secondes, elle avait hésité à se présenter chez lui, à apporter ses problèmes jusque dans son exil. Après tout, il ne s’était pas coupé des siens pour rien. Il avait lourdement souffert par le passé, et Sasha le savait, elle était aux premières loges quand le loup-garou avait tout perdu. A cette époque, ils étaient encore en bons termes, mais les évènements avaient effiloché leurs liens affectifs, créant entre eux un vide glacé. La jeune femme secoua la tête, balayant ses pensées amères. Elle avait d’autres problèmes en ce moment, un tantinet plus grave que la solitude de Du-Ho. Il ne risquait plus sa peau, lui. Prenant une profonde inspiration, elle se décida à briser brutalement le silence :

- J’ai tué Elizabeth.

Du-Ho, qui était alors en train de siroter son café froid, avala de travers et se mit à tousser violemment, tapant sa poitrine avec son poing pour faire remonter le liquide. Impassible, Sasha le regarda faire jusqu’à ce qu’il retrouve un semblant d’apparence et de respiration. Le jeune homme leva alors des yeux effarés vers son invitée, qui lui retourna un regard aussi coupant qu’une lame de rasoir. Du-Ho ne parla pas tout de suite, encore secoué par la nouvelle. Les mots refusaient de s’aligner dans son esprit, il ne voulait pas accepter la vérité, il ne pouvait pas l’accepter.

- Je t’en supplie, dis-moi que c’est encore une de tes mauvaises blagues, gronda-t-il d’une voix troublée par la nervosité.
- Est-ce que j’ai l’air de plaisanter ? renchérit Sasha avec un calme incroyable.

Du-Ho allait répliquer sauvagement, quand ses yeux se posèrent sur la pendule. Il se leva d’un bond, comme si un choc électrique venait de traverser son corps entier. Sasha releva la tête, légèrement surprise par le comportement soudain de son hôte, mais avant qu’elle ait pu esquisser le moindre geste, il avait quitté la cuisine et s’était enfermé dans la salle de bain. La jeune femme jura entre ses dents, il avait encore de bons réflexes. Sans perdre une seule seconde, elle se dirigea vers la salle d’eau, frappant violemment contre la porte verrouillée.

- Du-Ho, sort de là, il faut qu’on parle ! cria-t-elle à travers la cloison. Ne recevant pas de réponses, elle reprit. Je suis sérieuse ! Arrête de fuir, tu dois m’aider, je t’en supplie !

Sasha laissa échapper un soupir agacé. Voilà qu’elle en était réduite à le supplier, elle qui s’était juré de garder un semblant de dignité, même dans les situations les plus critiques. Secouant la tête, elle envoya balader toutes ses résolutions. Elle n’avait plus le temps pour ça, elle devait survivre avant tout. Prenant une profonde inspiration, la jeune femme leva la main, se préparant à frapper de nouveau contre la porte. Mais avant qu’elle ait eu le temps de réagir, celle-ci s’ouvrit brusquement et Du-Ho sortit en trombe de la salle de bains. Figée sur place, Sasha le regarda attraper ses affaires aussi vite qu’il le pouvait, ses clés de voiture entre les dents. Cependant, elle reprit bien vite ses esprits, et bloqua la porte d’entrée, bien décidée à avoir une réaction de la part du jeune homme.

- Sasha, dégage le passage !
- Où est-ce que tu vas comme ça ?
- Travailler ! L’argent ne vient pas tout seul !
- Mais, qu’est-ce que je vais faire ?
- Reste ici pour aujourd’hui. Tu as à manger dans le frigo, la salle de bains est à toi, et tu pourras installer tes affaires dans ma chambre, je prendrai le canapé du salon.
- Mais …
- A plus !

Sans plus de manières, Du-Ho empoigna la jeune femme et la sortit du passage, avant d’ouvrir la porte et de dévaler les escaliers en courant. Restée plantée là où son ami l’avait laissée, Sasha mit quelques minutes à sortir de sa rêverie. Un sourire étira ses lèvres. Après toutes ces années, il était resté le même, toujours aussi attentionné envers ses amis.

La journée fut longue pour Sasha. Après le départ de Du-Ho, elle avait terminé son café froid, brièvement rangé la cuisine, avant de se diriger vers la chambre du jeune homme, son sac sur l’épaule. La pièce était passablement bien rangée pour un homme célibataire, ce qui arracha un nouveau sourire à la jeune femme. Son hôte était vraiment un cas à part parmi les siens, tout comme elle. C’était probablement pour cela qu’ils s’étaient tout de suite bien entendus, mais par la suite … Sasha secoua la tête, ce n’était pas le moment de penser au passé, ce qui était fait était fait. Elle posa son sac dans un coin de la pièce, changea les draps du lit double, se dégagea une place dans le placard, et s’assit sur une chaise située près de la fenêtre. Pensive, elle appuya sa tête contre le mur crème, laissant son regard planer sur la rue animée en contrebas. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas assise au calme, pour regarder les gens passer, tout simplement. Si l’on y pensait, sa vie était majoritairement une trace sanglante dans l’univers. Par moments, elle aurait souhaité retourner en arrière, lors de cette fameuse nuit où sa vie avait basculé, où son esprit et son âme avait été plongés dans les ténèbres par cette créature de la nuit qui l’avait sauvagement mordue. Tout le monde avait d’abord cru à une morsure de chien, mais la plaie s’était rapidement infectée, la petite fille qu’elle était succombant peu à peu à de fortes fièvres. Puis, comme elle avait cru que la mort venait la prendre, elle avait senti son corps changer, elle était devenue un monstre elle aussi. Très vite, elle fut rejetée par sa propre famille, abandonnée sur les routes avec ses instincts de bête meurtrière. Puis il l’avait trouvée, William, et il l’avait adopté sous son toit, aux côtés d’un autre enfant rejeté, Du-Ho. Sasha avait toujours en tête le visage du petit garçon avec qui elle avait grandit, dans la grande demeure en Angleterre, il y a de cela bien longtemps. Mais ses sentiments n’avaient pas changé, elle considérait toujours le jeune homme comme son frère, et il en était de même pour lui, elle le savait.

Comme le regard bleuté de la jeune femme quittait la fenêtre, elle remarqua un bout de papier jauni, encadré dans un cadre en acier, posé sur le bureau de Du-Ho. Guidée par la curiosité, elle se leva et défit le derrière du cadre afin d’en extraire le parchemin. Elle le déplia lentement, de peur d’abimer le papier rendu fragile par le temps. A l’intérieur, elle découvrit un portrait ancien, comme ces grandes dames anglaises aimaient en faire faire par les artistes. La dame représentée était très belle. Elle était plutôt grande, un visage très fin avec un nez aquilin, des yeux aussi vert que des émeraudes, avec des sourcils finement arqués, des lèvres pulpeuses et un ovale de visage parfait. Elle était vêtue d’une robe en soie, parsemée de dentelles sur les bords, d’une belle couleur rouge qui faisait ressortir son teint de porcelaine et ses yeux. Ses cheveux bruns cascadaient sur ses épaules, et un sourire timide illuminait son visage. Un nom était inscrit au bas de la représentation, mais Sasha ne prit pas la peine de le regarder. Elle savait déjà qui était cette femme, elle l’avait connue. Lily.

Les mains de Sasha se mirent à trembler, et elle s’appuya contre le mur, sans quitter le portrait des yeux, se laissant glisser au sol. Alors … Après toutes ces années, il n’avait pas oublié, la douleur était toujours là, bien présente, et elle en était responsable … Lentement, ses mâchoires se serrèrent. La jeune femme essaya de refouler ses émotions, en vain. Elle laissa échopper un sanglot, les larmes roulèrent le long de ses joues. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, et y posa son front, ses épaules secouées par ses pleurs, la photo toujours dans ses mains.

Citation :

J'arrive toujours pas à voir comment tu vas faire entré les B.A.P dans ta fic

J'ai coloré les paroles selon les couleurs des B.A.P, pour que la lecture soit plus facile Au fait, je vous conseille de n'écouter la musique que pour le flash back (en italique) car elle n'est pas vraiment adapté au reste du chapitre x)

« Chapitre 5 »

Musique ♪

Du-Ho se gara rapidement près du bâtiment appartenant à la station de radio. Il rassembla ses affaires et sortit de son véhicule, gravissant les marches qui menaient à l’entrée quatre à quatre. Arrivé dans le hall, il avisa le bureau de l’hôtesse d’accueil, qui bondit presque de sa chaise lorsque le jeune homme arriva près d’elle en trombe. Du-Ho prit quelques secondes pour reprendre son souffle, et un semblant de consistance, conscient du fait que l’hôtesse le lorgnait par-dessus ses lunettes à monture écaillée. Comme il ne disait toujours rien, elle toussa légèrement avant de parler :

- Puis-je vous aider, monsieur ?
- Les B.A.P sont-ils déjà arrivés ? demanda poliment Du-Ho.
- En effet, oui. Ils sont dans les loges au deuxième étage, couloir de droite …
- Merci beaucoup !

Et, avant que l’hôtesse ait pu ajouter un seul mot, le jeune homme était déjà parti, se dépêchant de gagner le lieu qu’elle lui avait indiqué. Arrivé au deuxième étage, il poussa la porte menant au couloir de droite et explora les lieux, constatant que les loges étaient vides. L’émission devait avoir commencé depuis le temps … Il poussa un soupir, et se laissa tomber sur un fauteuil dans la première loge. Fermant les yeux, il prit quelques minutes pour repenser aux paroles de Sasha. La voir ici lui avait fait un choc, c’était certain, mais était-ce un choc agréable ou malheureux ? Il ne le savait pas vraiment lui-même. Par le passé, elle avait fait des choses cruelles, bien plus qu’il ne l’en avait crue capable, mais elle y avait été poussée. En réalité, Sasha avait été élevée pour tuer. Lorsque William l’avait ramenée sous son toit, elle avait encore beaucoup de mal à contrôler son pouvoir, qui était un des plus puissants que Du-Ho avait pu voir jusqu’à maintenant. C’était comme si une aura ténébreuse émanait perpétuellement de son corps, prête à détruire tout ce qui passait à sa portée. En y repensant, il craignait Sasha lorsqu’ils étaient plus jeunes, il la trouvait incontrôlable, un véritable monstre. Ils en avaient pris conscience ensemble, lors d’un jour gravé dans la mémoire du loup-garou, comme une marque au fer rouge.

C’était un beau soir d’été, agréable, avec une légère brise nocturne qui annonçait une nuit paisible. Comme à leur habitude, Sasha et Du-Ho jouait avec les autres enfants accueillis sur le domaine des Weaver. Ils ne comprendraient que bien plus tard ce que serait leur destin, et ce dans quoi ils avaient été impliqués dès leur plus jeune âge. Les deux inséparables s’amusaient, le cœur léger, les pensées plus optimistes que d’ordinaire. Puis, Lily était venue se joindre à eux. Sasha ne l’avait jamais vraiment appréciée, Du-Ho le savait, et Lily ne portait pas Sasha dans son cœur. Les deux filles se disputaient parfois, mais essayaient de s’éviter en général, afin d’éviter que la situation ne dégénère. Mais, ce soir-là, Lily avait insisté, elle avait titillé Sasha sans relâche, la poussant dans ses retranchements. Rapidement, le ton était monté, les deux filles en venant rapidement aux mains. Par la suite, tout était allé très vite. Les yeux de Sasha avaient commencé à briller d’un éclat inhumain, ses pupilles bleues se mettant à luire dans la lumière du Crépuscule, et un grondement sourd, menaçant, était monté de sa gorge, alors que deux canines aiguisées faisaient surface à la commissure de sa lèvre supérieure. Sentant venir le désastre, les autres enfants commencèrent à se disperser, appelant à l’aide qui voulait bien les entendre. Mais, Du-Ho était resté là, figé aux côtés de Sasha et de Lily, qui avaient elle aussi commencé à gronder, ses yeux verts pétillant de rage à peine contenue. Un flot d’ombres avait envahi leurs corps, courant en un réseau de veines noires sur leur peau de porcelaine. Bientôt, leurs silhouettes furent à peine visibles derrière les volutes de fumée noire, symboles d’un pouvoir prêt à être libéré. Puis, en un éclair, elles bondirent, mais ce ne furent pas deux fillettes qui se rencontrèrent dans les airs, mais deux louves aux babines retroussées, prêtes à se mettre en pièces. S’en était suivi un désordre de grognement, de coups de dents, de griffure et de sang, mais Du-Ho arrivait à voir que Sasha prenait le dessus. Plus forte, plus musclée, plus agressive, plus assoiffée de sang. Bousculant Lily, elle la fit voler sur quelques mètres, et alors qu’elle allait se jeter à nouveau sur elle, deux bras puissants la retinrent en arrière, ses mâchoires claquant furieusement dans le vide. Lily se releva, Sasha se calma, et le jeune homme constata que les agents du domaine avaient séparé les deux furies, le tout sous les yeux de William. Mais Du-Ho ne s’en soucia même pas, occupé à détailler les deux jeunes louves. Il ne les avait jamais vues se transformer, leur entraînement étant individuel, toujours pour éviter tout dérapage regrettable. Lily était une louve grise, à la fourrure soyeuse et longue, une queue fournie, et des yeux aussi verts et brillants que des émeraudes. Sasha, quant à elle, était une louve noire comme l’ébène, avec une fourrure plus drue mais tout aussi luisante. Elle avait une musculature plus développée, et se révéla plus grande que Lily. Ses yeux de glace presque gris, deux perles d’ivoires scintillantes dans l’immensité de son pelage noire. Du-Ho aurait pu trouver cela magnifique, si ce n’avait été leurs mâchoires dégoulinantes de sang, et leurs corps couverts de blessures multiples. L’accident n’était pas passé loin. Peu à peu, elles reprirent forme humaine, et la colère de William éclata.

Du-Ho n’avait jamais oublié ce soir d’été, où deux monstres étaient apparus sous ses yeux ébahis. Il se rappelait tout particulièrement du pelage noir de Sasha, de la cruauté sans bornes qui se lisait dans ses yeux, ainsi que du sang pourpre qui parsemait sa fourrure sombre. Par la suite, Sasha s’était révélée être une tueuse experte, au sang froid, impitoyable, l’indulgence ne faisant pas partie de ses qualités, hormis pour certains privilégiés tel que lui. Oui, Du-Ho était ravi d’avoir la jeune femme avec lui et non contre lui. Il était profondément absorbé dans ses réflexions, si bien qu’il ne vit pas arriver la silhouette élancée derrière lui, avant que celle-ci ne bondisse sur lui en poussant un cri de guerre :

- TSAAAAAAH !!!
- AAAAAAAH !!!

Du-Ho se releva d’un bond, avant de faire volte-face tout en reculant de trois bons mètres, allant cogner contre la table de maquillage abandonnée là. Un rire enfantin résonna aussitôt dans la pièce, et le jeune homme posa ses yeux sur l’adolescent aux cheveux roses qui semblaient manifestement satisfait de sa blague. Du-Ho retint un juron avant de lancer :

- Dis-moi, Zelo, tu n’as rien de plus constructif à faire ?
- Tu aurais dû voir ta tête, hyung, c’était à mourir de rire ! répondit le gamin en riant de plus belle.
- Zelo, arrête de traumatiser notre pauvre manager, réprimanda une voix grave dans l’encadrement de la porte.

Du-Ho se retourna, bien qu’il sache déjà à qui pouvait appartenir cette voix aussi profonde. Bang se tenait là, un large sourire aux lèvres, mais il fut bientôt poussé par Himchan qui désirait entrer dans la pièce, arrachant un « Yah ! » agacé au leader. Mais, le jeune homme aux cheveux noirs n’y prêta pas attention, et s’effondra dans le canapé laissé libre. Il fut rejoint par Youngjae, alors que les deux maknaes se laissaient glisser au sol, et que Bang demeurait appuyé au mur, aux côtés de Daehyun qui venait d’arriver.

- Bang, laisse Zelo faire, il punit notre manager qui ne sait pas être à l’heure, il le mérite après tout, taquina Himchan, un sourire mauvais aux lèvres.
- J’ai eu quelques imprévus ce matin, grommela Du-Ho.
- Encore des excuses, enchaîna Youngjae, Zelo, retourne le martyriser.

Avec un grand sourire aux lèvres, le maknae fut plus que ravie d’obéir à son aîné, allant chatouiller le manager sans aucune pitié. Le spectacle était à la fois ridicule, comique et attendrissant, ce qui eut bientôt pour effet de faire rire la totalité du groupe. Une fois que Zelo eut libéré Du-Ho, ce dernier se contenta de grogner :

- Bande d’ingrats ! Je vous dégotte les meilleures émissions, et voilà comment vous me remerciez !
- Mais tu sais bien que l’on t’aiiiiiime, répliqua Zelo en l’étreignant comme si sa vie en dépendait.

Du-Ho se dégagea rapidement, mais gentiment, de l’étreinte de l’adolescent, avant d’ébouriffer ses cheveux roses, le manager étant un des rares êtres à pouvoir atteindre la taille du jeune garçon encore en pleine croissance.

- Bon, et si on allait manger un morceau ?
- Et c’est toi qui invite ! ajouta Bang avant de sortir précipitamment, sans laisser à son manager le temps de répondre.

Du-Ho marmonna des paroles incompréhensibles et probablement peu flatteuses, avant de suivre le leader accompagné des autres membres, un grand sourire aux lèvres. Dans la voiture, tout le monde proposait différents endroits, mais il fut convenu qu’ils éviteraient les endroits trop fréquentés, afin d’avoir un peu de calme et d’éviter les attroupements de fans. Ils trouvèrent un petit restaurant tout à fait respectable, et en attendant leurs commandes, la conversation filait :

- Hé, c’est bientôt l’anniversaire de Daehyun, si on fêtait ça dignement ? proposa Zelo soudainement excité.
- Tu lui as vraiment appris de mauvaises choses, Bang, lança Himchan à son leader assit en face de lui.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit celui-ci avec un air faussement étonné, alors que Zelo affichait un grand sourire satisfait.
- Je suis plutôt pour, des idées, les gars ?

Ce fut alors une confusion de proposition toutes plus improbables les unes que les autres, et Du-Ho les écoutaient avec une expression amusée, se demandant quand est-ce que les rêveurs allaient décrocher de leur nuage.

- Du-Ho hyung, si on faisait ça chez toi, comme la dernière fois ?
- Oui, pourquoi p …
- Génial !

Du-Ho se maudit mentalement, l’habitude avait pris le dessus, et il en avait complètement oublié la présence de Sasha et de ses problèmes.

- Super, je passerai chez toi ce soir pour qu’on organise tout ça, je suis le commandant après tout !
- Him, je ne crois pas que ça va être po …
- Pas de mais ! Tu verras, tu ne voudras plus me laisser partir après, ma compagnie est tellement agréable. (Bang eut un rire étouffé, et Himchan lui lança un regard noir).
- Mais …
- Chut !

Du-Ho grogna. Himchan était buté, il le savait, et il n’arriverait pas à le faire changer d’avis. Il espérait simplement que Sasha soit aimable, et que le chanteur ne pose pas trop de questions …